Au Pays Basque, les “Bertsolaris” sont des chanteurs qui ont pour habitude d’improviser en public, des chants en vers et en rimes, et cela en langue basque. Ils contribuent ainsi à perpétuer, dans cette région, une tradition qui joue un rôle fondamental dans la transmission orale de cette langue. Une démarche qui rappelle un petit peu la tradition des “Griots” africains.
L’un de ces plus grands “Bertsolaris” fut sans nul doute Fernando Aire Etxart, dit "Xalbador", né en 1920 à Urepel. Celui-ci en effet, et alors qu’il n’était qu’un modeste berger dans la vie de tous les jours, demeure comme l’un des grands noms des poètes basques. Il faut dire que ses textes ont été maintes fois interprétés par bon nombre d’artistes, dont beaucoup de la génération actuelle.
Mais les conditions de sa disparition, propres à une scène finale d’opéra dramatique, ont également beaucoup contribué à faire de lui une légende.
Le 7 novembre 1976, tous ses amis étaient réunis, autour de lui, pour fêter la présentation publique d'un recueil de ses textes. Au cours de cette petite cérémonie, Xalbador, qui était un homme très sensible, craqua sous l’émotion et fut pris d’un malaise. Il mourut le soir même, sans même pouvoir savourer cette journée qui lui avait été entièrement consacrée.
A la suite de cela, un autre grand nom du Chant Basque, Xabier Lete, composa une chanson absolument magnifique dont le titre est “Xalbadorren Heriotzean” ("A la mort de Xalbador"), en hommage au grand poète disparu:
En voici les paroles:
Xalbadorren Heriotzean | A la mort de Xalbador (1) |
Adiskide bat bazen orotan bihotzbera, Poesiaren hegoek Sentimentuzko bertsoek antzaldatzen zutena. Plazetako kantari bakardadez josia, Hitzen lihoa iruten Bere barnean irauten oiñazez ikasia. (Errepika) Nun hago, zer larretan Urepeleko artzaina, Mendi hegaletan gora Oroitzapen den gerora Ihesetan joan hintzana (bis) Hesia urraturik libratu huen kanta, Lotura guztietatik Gorputzaren mugetatik aske senditu nahirik. Azken hatsa huela bertsorik sakonena, Iñoiz esan ezin diren Estalitako egien oihurik bortitzena, bortitzena. (Errepika) Nun hago, zer larretan Urepeleko artzaina, Mendi hegaletan gora Oroitzapen den gerora Ihesetan joan hintzana. (bis) | Il y avait un ami, un être profond et sensible transfiguré par les ailes de la poésie, par les vers surgis d’un profond sentiment intérieur. Un chanteur qui parcourait les places, transi de solitude, qui avait appris dans la douleur à tisser les mots pudiquement, à partir de l’incorruptible vérité de son être intérieur. (Refrain) Où es-tu, dans quels pâturages, berger d'Urepel ? Toi qui as fui vers les flancs de la montagne, vers les lendemains qui demeurent dans le souvenir (bis). Tu as libéré la chanson en démolissant les barrières, cherchant avec ardeur la liberté au-delà des attaches et des limites du corps. Transformant ainsi ton dernier soupir dans le vers le plus profond, en un cri violent de vérités insondables, qui ne peuvent jamais être exprimées. (Refrain) Où es-tu, dans quels pâturages, berger d'Urepel ? Toi qui as fui vers les flancs de la montagne, vers les lendemains qui demeurent dans le souvenir (bis) |
Cette chanson est également connue sous le nom français "Le berger d'Urepel". Elle demeure l'une des plus populaires, avec "Txoria Txori" (2), à travers tout le Pays Basque ...
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(1): J'ai trouvé cette traduction (en Français) sur Internet. J'espère qu'elle reproduit très fidèlement tout ce qui est contenu dans le texte original en Basque .
(2): La chanson "Txoria Txori" est proposée en deux versions différentes, dans la rubrique "Parmi les plus beaux Chants Basques et Polyphonies Corses" (colonne de gauche de ce Blog).