dimanche 28 juin 2020

Les 250 ans de la naissance de Beethoven ...

Tout au long de l'année 2020, en dépit des contraintes imposées par la pandémie en cours, sera célébré le 250ème anniversaire de la naissance de Ludwig van Beethoven (1770-1827), le plus grand compositeur romantique de l'Histoire de la Musique (avec Richard Wagner).
Ludwig van Beethoven commença à étudier le piano à Bonn (Allemagne), sous la férule de son père, mais c'est réellement à Vienne (Autriche) qu'il fit carrière (tout comme Haydn et Mozart).

Dans un article qui lui est consacré sur le Site CLASSIQUENEWS, on peut lire ceci: 

"Le génie de Ludwig van Beethoven accompagne et éblouit l’essor du premier romantisme, quand à Vienne se disperse l’héritage de Haydn (qui deviendra son maître fin 1792) et de Mozart, quand Schubert aussi s’intéresse mais si différemment aux genres symphonique et chambriste. Venu tard à la musique, génie tardif donc (n’ayant rien composé de très convaincant avant ses cantates écrites en 1790 à 20 ans), Beethoven, avant Wagner, incarne le profil de l’artiste messianique, venu sur terre tel un élu sachant transmettre un message spirituel à l’Humanité. 

Le fait qu’il devienne sourd, accrédite davantage la figure du solitaire maudit, habité et rongé par son imagination créative. Pourtant l’homme sut par la puissance et la sincérité de son génie, par l’intelligence de son caractère pourtant peu facile, à séduire et cultiver les amitiés. Ses rencontres se montrèrent souvent décisives pour l’évolution de sa carrière et de sa reconnaissance ..." .

Ses compositions ont dépassé l'imagination de son temps, et ses œuvres font partie du patrimoine culturel de l'Humanité. Celles-ci comprennent notamment: 32 sonates (pour piano seul ou avec violon et violoncelle), 9 symphonies, un opéra, une messe et des concertos (piano, violon et violoncelle) …

Selon des statistiques publiées chaque année sur le remarquable Site Internet Bachtrack (1), spécialisé dans la Musique Classique, Beethoven est le compositeur classique le plus souvent joué au monde. C'est ainsi que:
  • 2016 avait été celle de la Vème Symphonie, œuvre la plus jouée au monde cette année-là, suivie de la VIIème (six œuvres du même Beethoven figurant dans le Top 10).
Cette Symphonie, dite Symphonie du Destin, fut composée entre 1805 et 1807. Elle symbolise l'Homme faisant face au Destin, cherchant à retrouver toute son énergie face à l'adversité ....

Son second mouvement ('Andante con moto') est absolument majestueux. L'Homme vaincu semble reprendre ses forces dans un motif qui se précise et s'intensifie à chacune des variations qui constituent ce morceau. Motif fait de fraternité virile et d'espérance dans un avenir meilleur, en des lendemains qui chanteront. Ainsi l'Homme se réconforte, affirme sa liberté; mais l'appel à reprendre la lutte se fera de plus en plus martial à chaque variation (Source Wikipedia).

En voici une interprétation par l'Orchestre National de Russie, sous la direction de Mikhail Pletnev, avec un tempo lui conférant un caractère particulièrement grave et solennel:

En l'écoutant et en lisant ce qui précède, on comprend pourquoi cette page musicale fut diffusée, un certain jour de 1943, sur la radio nationale du IIIème Reich et cela sur les ordres de Joseph Goebbels en personne. En fait, c'était pour mettre en condition l'ensemble de la population, avant de lui annoncer la défaite de la VIème armée allemande à Stalingrad ...
  • 2019 a été celle de la IIIème Symphonie, œuvre la plus jouée au monde l'année dernière.
Cette Symphonie, dite Symphonie Héroïque, fut composée entre 1803 et 1804 pour fêter le souvenir d’un grand Homme (Napoléon Bonaparte).
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Son deuxième mouvement, sorte de marche funèbre, est souvent joué lors d'occasions commémoratives. Serge Koussevitzky la dirigea pour les funérailles de Franklin Roosevelt; Bruno Walter en fit de même pour Arturo Toscanini, ainsi que Daniel Barenboim pour Claudio Abbado (l'immense chef italien disparu prématurément en 2014).

À la suite des attentats du 13 novembre 2015, l'Orchestre national de France interpréta ce mouvement à l'auditorium de la Maison de la Radio, sous la baguette de Daniele Gatti, après une minute de silence observée par la France entière.

Ce même deuxième mouvement fut utilisé comme hymne funèbre lors de la cérémonie commémorative qui suivit le Massacre de Munich, attaque terroriste qui eut lieu durant les Jeux Olympiques d'été de 1972.


En voici une interprétation par l'Orchestre Philharmonique de Berlin, sous la direction de Claudio Abbado:

Cela dit, celle qui est considérée incontestablement comme le chef-d'oeuvre de Beethoven est la IXème Symphonie composée entre 1822 et 1824, en l'honneur de Frédéric-Guillaume III de Prusse. La première, qui eut lieu à Vienne en 1824, est entrée dans la Légende. Le compositeur malade, fatigué, sourd, à 3 ans de sa mort, se tenait à côté du chef d’orchestre et battait la mesure lui-aussi ... mais avec plusieurs mesures de retard. Alors que l'orchestre avait cessé de jouer, il continuait encore de battre la mesure. La Mezzo-soprano Caroline Unger s'approcha de lui et le fit se retourner, afin qu'il puisse recevoir les acclamations et les applaudissements du public enthousiaste.

Cette œuvre monumentale, pour grand orchestre, solos et chœur mixte, en laquelle Richard Wagner (2) voyait 'la dernière des Symphonies' (c'est-à-dire celle qui forme son apogée), marqua un tournant décisif dans ce style musical. 

Elle est souvent considérée comme un chef-d'œuvre du répertoire occidental, et comme l'une des plus grandes symphonies et œuvres musicales de tous les temps.

Elle doit essentiellement sa renommée à son quatrième mouvement. Celui-ci (25 minutes environ) comporte en effet une partie chantée sur le poème "Ode à la Joie" ('Ode an die Freude'), appelé également "Hymne à la Joie", de Friedrich von Schiller (1759-1805), célébrant l'idéal de l'unité et de la fraternité humaines ("Millions d’êtres, soyez tous embrassés d’une commune étreinte !" ). 

Un message qui définissait à merveille l’esprit européen, né après la Seconde Guerre mondiale, qui souhaitait restaurer une paix durable sur le vieux continent. Voilà pourquoi la partie instrumentale de cet air, pour son caractère universel et ses valeurs, a été adoptée en 1985 comme Hymne Officiel de l'Union Européenne par les Chefs d'État et de Gouvernement de l'Union (3) (8). 

Il est devenu ainsi un très fort symbole de la fraternité entre les peuples ("Tous les hommes deviennent frères !"). 

Cette IXème Symphonie a eu un impact considérable sur la culture européenne, dont elle est devenue un symbole. Il en existe des milliers de versions et le monde entier est familier avec son "Hymne à la Joie" (Cliquer ICI). Certaines interprétations de cette IXème Symphonie sont entrées dans l'Histoire:
  • Le 29 juillet 1951, pour la réouverture du Festival de Bayreuth (dont l'image avait été ternie par les Nazis), elle permit de délivrer un message de paix et de fraternité. L'Orchestre et les Chœurs du Festival de Bayreuth étaient sous la direction de Wilhelm Furtwängler (4) avec comme solistes: Elizabeth Schwartzkopf (Soprano), Elsa Cavelti (Mezzo-soprano), Ernst Haefliger (Tenor) et Otto Edelmann (Basse). Une version d'anthologie, au symbole très fort.
  • Le 25 décembre 1989, pour saluer la chute du mur de Berlin (9 novembre 1989), Leonard Bernstein (1918-1990) fut invité à diriger cette IXème Symphonie au Schauspielhaus de Berlin. Il décida de diriger pour l'occasion un orchestre composé de musiciens de la RFA, de la RDA et des quatre pays alliés. C'est ainsi qu'il convia les Chœurs de la Radio Bavaroise (Bayerischen Rundfunfs) et les membres du même Orchestre, auxquels s’ajoutèrent une partie du Rundfunkchor Berlin et du Kinderchor (chœur d’enfants) de la Philharmonie de Dresde, des membres des Orchestres de la Staatkapelle de Dresde, du Kirov, du London Symphonie Orchestra, de l’Orchestre de Paris et du New York Philharmonic. Les solistes étaient June Anderson (Soprano), Sarah Walker (Mezzo-soprano), Klaus König (Ténor) et Jan-Hendrick Rootering (Basse). On n'avait jamais vu une telle distribution, réunissant des musiciens venus de tant d’endroits différents. Une version à la fois unique et historique, que voici:
  • Le 7 février 1998, en clôture de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques d'Hiver 1998 (Stade Olympique de Nagano/Japon), une interprétation de l'Hymne à la Joie fut donnée avec la participation (en simultanée) de cinq chœurs disséminés à travers le monde (Nagano, Sydney, New York, Pékin et Berlin). Le grand chef d'orchestre japonais Seiji Ozawa dirigeait les cinq chœurs (dont 2 000 chanteurs pour celui de Nagano) représentés sur des écrans géants. Un tel exploit ne fut rendu possible que grâce à une "Assistance Informatique" particulièrement poussée (5).
  • Toujours au Japon, cette interprétation de l'Hymne à la Joie par un chœur de 10 000 chanteurs. On est véritablement pris entre l'allégresse et l'impression de puissance dégagée par cette foule immense (6):
  
Des centaines de concerts sont planifiés, durant cette année 2020 et à travers le monde, pour honorer la mémoire de ce compositeur de génie. notamment dans les Salles les plus prestigieuses: le Concertgebouw (Amsterdam), le Konzert Haus (Vienne), le Carnegie Hall (New-York, le Royal Albert Hall (Londres) et le Musikverein (Vienne). C'est également le cas en France avec, notamment, l'Auditorium de Radio-France (7).

Tous les mélomanes auront ainsi l'occasion de rendre hommage à ce Géant de la Musique, que plusieurs grands compositeurs romantiques (Berlioz, Brahms, Liszt, Mendelssohn, Schumann, Wagner) considérèrent comme leur père spirituel, et dont pas moins de 74 monuments à son effigie sont érigés à travers le monde ...

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(1) : Ce Site (accessible depuis la colonne gauche du Blog) est en effet un véritable guide à travers les meilleurs concerts de Musique Classique, Opéras et Ballets dans le monde. Pas moins de 25 000 événements à venir y sont référencés. On peut y rechercher son compositeur ou interprète préféré, ou se plonger simplement dans la lecture de l'une des 200 critiques publiées chaque mois. L'opportunité de découvrir également les nouvelles tendances musicales internationales et les stars de demain.
(2) : Chaque année, comme l'avait souhaité Richard Wagner, la IXème Symphonie de Beethoven sert d'ouverture au Festival de Bayreuth.
(3) : Voir détails dans "La Neuvième de Beethoven: une histoire politique (Gallimard)", livre rédigé par Esteban Buch.
(4) : Wilhelm Furtwängler (pour moi, le plus grand Chef d'Orchestre de tous temps) eut maille à partir avec la Commission de Dénazification des Alliés, après la guerre. Il lui était reproché d'avoir servi la cause des Nazis en dirigeant, à leur demande, toute sorte de concerts et d'opéras (le plus souvent ceux de Wagner, qu'Hitler considérait comme un Dieu), le tout à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Berlin. En réalité, Furtwängler n'avait pas eu le choix, car Goebbels l'avait menacé de s'en prendre à tous les musiciens juifs de l'orchestre. Fort heureusement il fut absous, précisément grâce aux témoignages de plusieurs de ces mêmes musiciens et aussi du grand Yehudi Menuhin. 
(5) : Je me trouvais sur place, faisant partie du Groupe IBM qui avait en charge l'Informatique des Jeux Olympiques. Cela m'avait donné l'occasion de rencontrer l'équipe d'Ingénieurs (IBM Japon) qui avait mis au point une application informatique (RISC/6000), permettant de synchroniser les images et les voix (ayant franchi des milliers de kilomètres) avant de les transmettre aux différentes TV (chargées à leur tour de les diffuser, en temps réel, dans le monde entier). Une performance absolument remarquable ...
(6) : Les Japonais ont toujours voué un véritable culte à la IXème Symphonie. On dit même (mais cela reste à vérifier) que leurs kamikazes écoutaient son "Hymne à la Joie", avant de monter dans leur avion.
(7) : Depuis ce Blog, vous pouvez également accéder à d'autres œuvres de Beethoven. Pour cela, dans la rubrique Musique Classique et Opéra (colonne de gauche), cliquer sur 
"Pour le Plaisir des Yeux et des Oreilles" ; dans la page qui s'affiche, il suffit alors d'aller dans le segment A7 et de faire son choix.

(8) : C'est Herbert von Karajan (1908-1989), successeur de Wilhelm Furtwängler à la tête le la Philharmonique de Berlin, qui fut chargé d'en réaliser l'adaptation. Ce choix est d'autant plus curieux que Karajan avait, lui, adhéré officiellement au Parti Nazi (NSDAP) en avril 1933 (carnet d'adhérent n° 3 430 914). A l'évidence, cela ne lui porta pas préjudice ...