Si Napoléon III et l’Impératrice Eugénie séjournaient avec la Cour et les têtes couronnées de l’Europe à Biarritz, l’automne était l’occasion des célèbres "Séries de Compiègne".
En ce temps-là, la forêt de Compiègne était le cadre des chasses à courre de Napoléon III. Mlle de Montijo, Comtesse de Teba, accompagnée de sa mère, fit partie des cent invités du 20 au 23 décembre 1852. C’est là que Napoléon songea à épouser Mlle de Montijo. Devenue Impératrice, celle-ci garda pour Compiègne une sorte de fidélité sentimentale …
C’est en 1856 que commencèrent, ce qu’il est convenu d’appeler les "Compiègne". Ces "Séries" débutaient fin octobre, le plus souvent en novembre, pour se terminer au mois de décembre.
Le Château de Compiègne se transformait pendant un mois en une sorte de Grand Hôtel où la Cour et le monde littéraire, artistique et scientifique participaient à ces fameuses "Séries". Viollet-le-Duc, qui surveillait les travaux de restauration du château de Pierrefonds, assurait le rôle de guide pendant toute leur durée.
Mérimée, qui avait connu l’Impératrice quand elle n’était encore qu’une enfant, faisait partie du cercle de ses familiers Les distractions étaient organisées tous les jours et la dictée en faisait partie.
C’est ainsi que Mérimée mit à l’épreuve les souverains ainsi que leurs invités, par une dictée restée célèbre.
Napoléon III fit 75 fautes, l’Impératrice Eugénie 62, Alexandre Dumas Fils 24. Seul, un étranger, le Prince de Metternich, Ambassadeur d’Autriche en France, n’en fit que 3 !
Voici le texte de cette fameuse dictée :
"Pour parler sans ambiguïté, ce dîner à Sainte-Adresse, près du Havre,
malgré les effluves embaumés de la mer, malgré les vins de très bons crus,
les cuisseaux de veau et les cuissots de chevreuil prodigués par l’amphitryon,
fut un vrai régal.
Quelles que soient et quelqu’exiguës qu’aient pu paraître, à côté de la somme due,
les arrhes qu’étaient censés avoir données la douairière et le marguillier,
il était infâme d’en vouloir pour cela à ces fusiliers jumeaux et mal bâtis
et de leur infliger une raclée, alors qu’ils ne songeaient qu’à prendre
des rafraîchissements avec leurs coreligionnaires.
Quoi qu’il en soit, c’est bien à tort que la douairière, par un contresens exorbitant,
s’est laissé entraîner à prendre un râteau
et qu’elle s’est crue obligée de frapper l’exigeant marguillier sur son omoplate vieillie.
Deux alvéoles furent brisés, une dysenterie se déclara, suivie d’une phtisie.
Par Saint-Martin, quelle hémorragie, s’écria ce bélître !
A cet événement, saisissant son goupillon, ridicule excédent de bagage,
il la poursuivit dans l’église tout entière."
En cette période de rentrée des classes, pourquoi ne pas soumettre vos proches à l'épreuve de cette petite dictée ! En effet, cela leur donnerait peut-être l'occasion de faire encore mieux que le Prince de Metternich !!!
Nota Bene Cet article a été entièrement rédigé par une fidèle lectrice de ce Blog (AP), que je remercie encore très sincèrement. En complément de tout ce qui précède, il est également conseillé de lire l'excellent texte de Jean-Marie Moulin, Conservateur en chef du Château de Compiègne, consacré à "La Cour à Compiègne sous le Second Empire". |