dimanche 11 février 2024

La danse "Los Caporales", autre joyau du Folklore Latino-Américain ...

Il est bien connu que, dans toute l'Amérique Latine, la danse tient un rôle de tout premier plan. Chacun des pays concernés a ses propres danses folkloriques. Cela dit, il arrive que certaines de ces danses soient partagées par plusieurs d'entre eux. C’est le cas précisément de “Los Caporales”, une danse originaire de Bolivie mais qui est également très populaire en Argentine, au Chili et surtout au Pérou (1).

Cette danse, riche en symbolisme et en tradition, a évolué au fil du temps pour devenir une représentation vivante de la culture et de l'histoire de la Bolivie. 

Origine de "Los Caporales"

La danse "Los Caporales" fut créée en 1969 par les frères Estrada Pacheco, à travers le groupe folklorique "Los Urus del Gran Poder". En 1972, elle fut présentée pour la première fois à la Fiesta del Gran Poder de Bolivie. En 1975, elle fut introduite au Pérou, lors du Festival Inti Raymi de Cusco.

Elle aurait été inspirée par la figure du contremaître, ou "Caporal", incarnée dans deux autres danses afro-boliviennes, respectivement la "Saya" et "Negritos Tudinqui(2). Elle fait effectivement référence à l'époque coloniale où, dans les immenses haciendas, les contremaîtres contrôlaient le travail des esclaves et des indigènes. En la circonstance, les contremaîtres, ou Caporales, étaient des mulâtres ou métis choisis par les Espagnols. 

Cette danse a émergé dans un contexte de mélange culturel entre les traditions indigènes andines, les coutumes européennes et africaines. Elle tire son inspiration des danses africaines (anciens esclaves) et des danses traditionnelles indigènes. C'est ainsi que les mouvements vifs et dynamiques de son rythme rappellent les danses africaines, tandis que ses costumes colorés et flamboyants rappellent les costumes indigènes. Elle intègre également des éléments de danses coloniales espagnoles, créant ainsi une forme unique d'expression artistique.

"Los Caporales", une danse vivante

Cette danse, particulièrement vivante, transmise de génération en génération, continue de fasciner le public.

Les danseurs représentent les "Caporales", qui étaient donc ces contremaîtres en charge des esclaves dans les plantations pendant la période coloniale. Ils expriment l'autorité à travers leurs mouvements énergiques et leur présence scénique. A cet effet, ils sont chaussés de bottes serties de grelots et brandissent un fouet à la main, symbole de leur pouvoir; de plus, ils rythment leurs cadences à coups de sifflets. Ils portent des chapeaux ornés, des chemises brodées et des pantalons serrés. Leurs costumes sont souvent richement décorés et varient selon les régions et les groupes de danse.

En ce qui concerne les danseuses, leur rôle dans les représentations de "Los Caporales" peut varier également en fonction des chorégraphies et des interprétations spécifiques de chaque groupe de danse. Ainsi, elles peuvent interpréter différents rôles liés à la vie quotidienne, à la culture, ou encore à des éléments symboliques de la société bolivienne. Elles peuvent également incarner des personnages féminins de la vie rurale, des travailleuses agricoles, des femmes traditionnelles, ou même des figures mythologiques selon le contexte de la représentation. Quant à leurs costumes, composés de jupettes très courtes magnifiquement décorées, toujours dans le même ton que les chapeaux et chemisiers, ils sont toujours un véritable régal pour les yeux.
Il est important de noter que les rôles et la signification précise des personnages (danseurs et danseuses) peuvent varier d'une troupe de danse à une autre, et que la danse peut évoluer au fil du temps en fonction des influences culturelles et des interprétations artistiques.

Les rythmes de "Los Caporales" sont généralement rapides et énergiques, pour accompagner les mouvements dynamiques des danseurs. Les percussions ont un rôle crucial, afin de maintenir le tempo et stimuler l'énergie de la danse.

La musique proprement dite est un élément essentiel de cette magnifique danse traditionnelle. Elle accompagne les mouvements rythmés des danseurs et contribue à créer l'atmosphère festive et énergique associée à cette forme d'expression artistique. Elle est souvent interprétée par des ensembles instrumentaux, pouvant inclure des tambours, des flûtes, des guitares, des charangos (instrument à cordes andin), des trompettes et d'autres instruments traditionnels de la région. Là-aussi, les mélodies peuvent varier en fonction des régions et des groupes de danse. Mais elles sont toujours enjouées et festives, reflétant l'esprit joyeux de cette danse.

Des chants peuvent également accompagner la musique de "Los Caporales". Les paroles abordent alors des thèmes aussi variés que la vie rurale, les traditions culturelles, l'histoire ou d'autres sujets pertinents.

"Los Caporales" et le Carnaval d'Oruro

Le Carnaval d'Oruro est le plus grand événement culturel annuel de Bolivie (3). Il est reconnu au niveau international pour sa richesse culturelle et ses traditions folkloriques, ce qui lui a valu d'être inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité par l'UNESCO (2008). Il se déroule dans la ville d'Oruro, capitale du folklore du pays située dans les hauts plateaux des Andes. Il fait partie du Festival Ito, donné en l'honneur du peuple Uru. Dans le contexte de ce Carnaval, la danse "Los Caporales" est perçue comme l'un des emblèmes de la nation, ce qui lui vaut le droit d'être intégrée aux défilés et aux performances qui ont lieu durant toutes les festivités. Les danseuses et les danseurs défilent alors dans les rues d'Oruro, présentant leurs mouvements dynamiques, leurs costumes colorés et leur musique entraînante.
Le Carnaval d'Oruro commence toujours par un rituel religieux dédié à la Virgen del Socavón. La danse "Los Caporales" y est régulièrement interprétée, montrant ainsi la fusion de l'héritage culturel traditionnel avec des éléments religieux.

Petite illustration

Pour illustrer tout ce qui précède, voici trois petites vidéos concernant "Los Caporales", cette danse qui est pour les Boliviens ce que le Tango est pour les Argentins ou encore la Valse pour les Autrichiens:

  • La première est une interprétation de "Los Caporales son de Bolivia" par le groupe bolivien Canto Arawi:
      
  • La deuxième propose différentes interprétations de la danse "Los Caporales" données à Lima (Pérou), par des groupes distincts (chacun avec son propre rythme et ses propres costumes), à l'occasion d'un hommage a la Virgen de la Candelaria et dans une ambiance de folie: 

  • La troisième donne un petit aperçu du Carnaval d'Oruro:
Au fil des ans, la danse "Los Caporales" est devenue très populaire en Bolivie et a également gagné en notoriété à l'échelle internationale. Elle est souvent présentée lors de festivals folkloriques, de défilés et d'autres événements culturels.

En 2019, dans le but de réaffirmer l'origine bolivienne de la danse "Los Caporales",
le gouvernement bolivien a organisé la deuxième "Rencontre Mondiale des Caporales" dans 74 villes du monde.


Pour savourer pleinement chaque vidéo, une fois celle-ci lancée, se mettre en "Plein Ecran" en cliquant sur la petite icône située dans la partie inférieure droite de l'écran.
Ensuite et à tout instant, 
il sera possible de revenir à l'état initial 
en cliquant à nouveau sur cette même icône 
(ou en appuyant sur la touche Echap) ! 
Cela naturellement en utilisant, au strict minimum, un casque audio de qualité !!!

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(1) : Cela est principalement le cas dans les régions de Puno (Lac Titicaca) et de Juliaca. Par ailleurs, à l'occasion d'un passage dans la capitale Lima, surtout ne pas manquer le fabuleux show de "Las Brisas del Titicaca".
(2) : Un processus de migration forcée obligea toute une
 population africaine à venir s'installer sur le territoire bolivien. Celle-ci emmena avec elle sa culture, sa musique et ses danses. "Saya" et "Negritos Tudinqui" sont deux danses qui expriment profondément l'esprit de cette communauté devenue afro-bolivienne (Afrique et Maya).j
(3) : Un article plus complet sur ce même sujet a déjà été publié sur ce Blog (cliquer ICI pour l'afficher).