Il est bien connu que, dans toute l'Amérique Latine, la danse tient un rôle de tout premier plan. Chacun des pays concernés a ses propres danses folkloriques. Cela dit, il arrive que certaines de ces danses soient partagées par plusieurs d'entre eux. C’est le cas précisément de “Los Caporales”, une danse originaire de Bolivie mais qui est également très populaire en Argentine, au Chili et surtout au Pérou (1).
Cette danse, riche en symbolisme et en tradition, a évolué au fil du temps pour devenir une représentation vivante de la culture et de l'histoire de la Bolivie.
Origine de "Los Caporales"
La danse "Los Caporales" fut créée en 1969 par les frères Estrada Pacheco, à travers le groupe folklorique "Los Urus del Gran Poder". En 1972, elle fut présentée pour la première fois à la Fiesta del Gran Poder de Bolivie. En 1975, elle fut introduite au Pérou, lors du Festival Inti Raymi de Cusco.
Elle aurait été inspirée par la figure du contremaître, ou "Caporal", incarnée dans deux autres danses afro-boliviennes, respectivement la "Saya" et "Negritos Tudinqui" (2). Elle fait effectivement référence à l'époque coloniale où, dans les immenses haciendas, les contremaîtres contrôlaient le travail des esclaves et des indigènes. En la circonstance, les contremaîtres, ou Caporales, étaient des mulâtres ou métis choisis par les Espagnols.
"Los Caporales", une danse vivante
Cette danse, particulièrement vivante, transmise de génération en génération, continue de fasciner le public.
Les danseurs représentent les "Caporales", qui étaient donc ces contremaîtres en charge des esclaves dans les plantations pendant la période coloniale. Ils expriment l'autorité à travers leurs mouvements énergiques et leur présence scénique. A cet effet, ils sont chaussés de bottes serties de grelots et brandissent un fouet à la main, symbole de leur pouvoir; de plus, ils rythment leurs cadences à coups de sifflets. Ils portent des chapeaux ornés, des chemises brodées et des pantalons serrés. Leurs costumes sont souvent richement décorés et varient selon les régions et les groupes de danse.
"Los Caporales" et le Carnaval d'Oruro
Le Carnaval d'Oruro est le plus grand événement culturel annuel de Bolivie (3). Il est reconnu au niveau international pour sa richesse culturelle et ses traditions folkloriques, ce qui lui a valu d'être inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité par l'UNESCO (2008). Il se déroule dans la ville d'Oruro, capitale du folklore du pays située dans les hauts plateaux des Andes. Il fait partie du Festival Ito, donné en l'honneur du peuple Uru.
Dans le contexte de ce Carnaval, la danse "Los Caporales" est perçue comme l'un des emblèmes de la nation, ce qui lui vaut le droit d'être intégrée aux défilés et aux performances qui ont lieu durant toutes les festivités. Les danseuses et les danseurs défilent alors dans les rues d'Oruro, présentant leurs mouvements dynamiques, leurs costumes colorés et leur musique entraînante.
Le Carnaval d'Oruro commence toujours par un rituel religieux dédié à la Virgen del Socavón. La danse "Los Caporales" y est régulièrement interprétée, montrant ainsi la fusion de l'héritage culturel traditionnel avec des éléments religieux.
Pour illustrer tout ce qui précède, voici trois petites vidéos concernant "Los Caporales", cette danse qui est pour les Boliviens ce que le Tango est pour les Argentins ou encore la Valse pour les Autrichiens:
- La première est une interprétation de "Los Caporales son de Bolivia" par le groupe bolivien Canto Arawi:
- La deuxième propose différentes interprétations de la danse "Los Caporales" données à Lima (Pérou), par des groupes distincts (chacun avec son propre rythme et ses propres costumes), à l'occasion d'un hommage a la Virgen de la Candelaria et dans une ambiance de folie:
- La troisième donne un petit aperçu du Carnaval d'Oruro:
Pour savourer pleinement chaque vidéo, une fois celle-ci lancée, se mettre en "Plein Ecran" en cliquant sur la petite icône située dans la partie inférieure droite de l'écran. Ensuite et à tout instant, il sera possible de revenir à l'état initial en cliquant à nouveau sur cette même icône (ou en appuyant sur la touche Echap) ! Cela naturellement en utilisant, au strict minimum, un casque audio de qualité !!! |
(2) : Un processus de migration forcée obligea toute une population africaine à venir s'installer sur le territoire bolivien. Celle-ci emmena avec elle sa culture, sa musique et ses danses. "Saya" et "Negritos Tudinqui" sont deux danses qui expriment profondément l'esprit de cette communauté devenue afro-bolivienne (Afrique et Maya).j