Deuxième retransmission de la saison 2025-2026 du MET (Metropolitan Opera de New-York), dans le cadre du programme "Live in HD", samedi 08/11/2025 à 19:00 (*), avec l'œuvre "La Bohème" de Giacomo Puccini (1858-1924). Cette production reprend la mise en scène légendaire de Franco Zeffirelli, devenue emblématique de la maison new-yorkaise.
Rappel sur l’origine de l’œuvre
Composée entre 1892 et 1895, La Bohème est un opéra en quatre actes, sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, inspiré du roman "Scènes de la vie de bohème" d’Henri Murger et de son adaptation théâtrale "La vie de bohème".
Créée le 1er février 1896 au Teatro Regio de Turin sous la direction d’Arturo Toscanini, avec Evan Gorga (Rodolfo) et Cesira Ferrani (Mimì), l’œuvre séduisit immédiatement le public par la richesse de ses mélodies et son intensité émotionnelle, malgré des critiques initiales sur son manque d’innovation dramatique.
Elle s’imposa rapidement sur la scène internationale et demeure aujourd’hui l’un des opéras les plus joués au monde, symbole de l’apogée de l’art lyrique italien.
L'œuvre proprement dite
L'action se déroule au Quartier Latin à Paris, en 1830 environ. En voici un bref résumé:
Dans une mansarde du Quartier latin, quatre jeunes bohèmes – le poète Rodolfo, le peintre Marcello, le philosophe Colline et le musicien Schaunard – affrontent pauvreté et froid. Resté seul, Rodolfo fait la connaissance de sa voisine Mimì, venue chercher du feu pour rallumer sa chandelle. Entre eux, c’est le coup de foudre, scellé par leurs airs "Che gelida manina" et "Sì, mi chiamano Mimì".
Au Café Momus, les amis retrouvent Musetta, ancienne compagne de Marcello, accompagnée de son riche protecteur Alcindoro. Par sa célèbre valse "Quando me’n vo’", elle rallume la flamme entre elle et Marcello. La joyeuse troupe quitte les lieux en laissant l’addition à Alcindoro.
Trois mois plus tard, à la barrière d’Enfer, Mimì confie à Marcello les raisons de sa séparation d’avec Rodolfo : rongé par la jalousie et conscient de son impuissance à soigner sa bien-aimée malade, il s’est éloigné. Cachés, Mimì et Rodolfo s’entendent échanger reproches et aveux, avant de se réconcilier dans l’émouvant duo "Addio dolce svegliare".
De retour dans la mansarde, Rodolfo et Marcello songent à leurs amours passées. Musetta arrive, annonçant que Mimì, gravement malade, souhaite revoir Rodolfo. Tandis que leurs amis vendent leurs derniers biens pour acheter des remèdes, Rodolfo et Mimì partagent un ultime moment d’intimité. La jeune femme s’éteint doucement, laissant Rodolfo anéanti.
La Bohème brosse, avec une tendresse poétique et un sens aigu du réalisme, le portrait d’un groupe de jeunes artistes bohèmes (poète, peintre, philosophe et musicien) installés dans le Quartier latin de Paris à la fin du XIXème siècle. Entre le rire léger des jours insouciants et le poids des épreuves liées à la pauvreté, l’opéra explore les élans de la jeunesse, ses passions fulgurantes et ses blessures. Au cœur du récit, l’histoire d’amour entre Rodolfo, poète rêveur, et Mimì, humble brodeuse frappée par la maladie, se déploie en une succession de rencontres, d’éloignements et de retrouvailles, rythmées par des airs inoubliables comme "Che gelida manina" ou "Sì, mi chiamano Mimì".
Le second couple, formé par le peintre Marcello et la volubile Musetta, apporte une tonalité contrastée, mêlant légèreté, séduction et querelles passionnées, illustrée par la célèbre valse "Quando me’n vo". Par ces relations croisées, Puccini ne décrit pas seulement des destins individuels mais restitue tout un microcosme humain où l’amitié se révèle aussi essentielle que l’amour.
Loin des effets spectaculaires, le compositeur privilégie une écriture musicale chaleureuse, aux lignes mélodiques fluides et expressives, qui soulignent avec délicatesse la psychologie des personnages. La maladie de Mimì agit comme un fil tragique, allégorie de la fragilité des existences marquées par l’instabilité et la précarité. Pourtant, face à la mort qui approche, la solidarité, le sacrifice et l’affection entre amis viennent illuminer l’ombre, donnant à l’œuvre une portée universelle et intemporelle.
Distribution annoncée
Pour cette retransmission Live in HD du 8 novembre 2025, le Metropolitan Opera annonce la distribution de premier plan que voici:
- Juliana Grigoryan : Elle incarne la nouvelle génération de sopranos lyriques. Lauréate du concours Operalia en 2022, cette soprano arménienne de 25 ans s'illustre déjà sur les plus grandes scènes internationales avec une voix d'une pureté remarquable.
- Heidi Stober : Soprano américaine établie comme une "favorite" des principales maisons d'Opéra, remarquée pour sa "voix de soprano lyrique sterling". Elle s'est formée au Houston Grand Opera Studio.
- Freddie De Tommaso : Ténor italien de la nouvelle génération qui s'impose rapidement sur la scène internationale. Sa voix chaleureuse et son charisme naturel confirment son statut d'artiste d'avenir très prometteur.
- Lucas Meachem : Baryton américain lauréat d'un "Grammy Award", reconnu comme "l'un des chanteurs les plus accomplis et demandés du moment". Il a débuté au Metropolitan Opera en 2008.
- Sean Michael Plumb : Baryton américain considéré comme "l'un des barytons les plus dynamiques de sa génération". Il se produit régulièrement au Metropolitan Opera.
- Riccardo Frizza : L'un des chefs d'orchestre italiens les plus reconnus de sa génération, particulièrement dévoué au répertoire lyrique italien du XIXème siècle et au Bel Canto. Il a fait ses débuts au Metropolitan Opera en 2009 avec "Rigoletto" (Verdi) et a dirigé plusieurs enregistrements réalisés au MET.
- Franco Zeffirelli : Sa production de La Bohème créée en 1981 demeure au répertoire du MET et, avec près de 500 représentations, est la production la plus jouée de l'histoire de la compagnie. Cette production est la plus ancienne du Metropolitan Opera encore à l'affiche, n'ayant jamais quitté la programmation depuis sa première (14 décembre 1981).
Arias célèbres et synopsis complet
- "Che gelida manina" (Acte I)
Cette aria chantée par Rodolfo représente un des grands moments du répertoire pour ténor. Le jeune poète ouvre son cœur à Mimì, qu’il vient tout juste de croiser, et se présente avec une émotion délicate, empreinte d’humour sur lui-même et de véritable sincérité. Puccini y compose une mélodie remarquable, qui s’élève progressivement jusqu’à un sommet vocal éclatant sur le mot "la speranza" (l’espérance).
En voici une double interprétation par respectivement Freddie De Tommaso et Luciano Pavarotti: - "Sì, mi chiamano Mimì" (Acte I)
Dans sa réponse à l’aria de Rodolfo (cf. ci-dessus), cette page musicale met en lumière le charme et la fraîcheur de la personnalité de Mimì. Avec une douceur désarmante, elle parle d’elle, évoquant son métier de brodeuse, son goût pour les fleurs et la poésie. Puccini offre à la voix de soprano une ligne mélodique d’une exquise tendresse, qui atteint son sommet sur l’aveu émouvant : "Ma il mio vero nome è Lucia" (mais mon vrai nom est Lucia).
En voici une double interprétation par respectivement Aida Garifullina et Anna Netrebko: - "O soave fanciulla" (Acte I)
Ce duo d'amour entre Mimì et Rodolfo offre une conclusion éblouissante au premier acte. Puccini y tisse un échange musical d’une grande finesse, où les voix s’entrelacent et se répondent dans une parfaite osmose. La ligne mélodique s’élève peu à peu vers un paroxysme d’émotion, annonçant déjà les drames qui se profileront.
En voici une double interprétation par respectivement Anna Netrebko/Rolando Villazón et Kristine Opolais/Jonas Kaufmann: - "Quando me'n vo'" (Acte II)
Dans cette valse envoûtante, Musetta parvient à séduire de nouveau Marcello sous les yeux de tous. Puccini y crée une mélodie à la fois espiègle et raffinée, incarnant à merveille la complexité de cette figure féminine. L’aria se transforme rapidement en un ensemble concertant réunissant l’ensemble des personnages de la scène.
En voici une double interprétation par respectivement Aida Garifullina et Anna Netrebko: - "Addio dolce svegliare" (Acte III)
Ce quatuor figure parmi les passages les plus poignants de l’ouvrage. Puccini y juxtapose, avec un art consommé, les adieux bouleversants de Mimì et Rodolfo aux querelles animées de Marcello et Musetta, tissant une polyphonie dramatique d’une intensité exceptionnelle. La musique y atteint des sommets d’émotion et d’expressivité.
En voici une interprétation par Rosa Feola, Serena Farnocchia, Julian Kim et Abdellah Lasri: - "Donde lieta usci" (Acte III)
Dans cette aria, Mimì adresse un adieu empreint de douceur et de tristesse à Rodolfo, incapable désormais de veiller sur elle. Ce passage compte parmi les instants les plus émouvants de l’opéra : l’héroïne y accueille avec dignité et résignation la séparation dictée par leur misère. Puccini y trace une ligne mélodique d’une poignante simplicité, traduisant le courage avec lequel Mimì affronte son destin.
En voici une double interprétation par respectivement Sonya Yoncheva et Angela Gheorghiu: - "Sono andati ?" (Acte IV)
Dans cette scène finale de l'opéra, Mimì, affaiblie par la maladie, reste seule avec Rodolfo après le départ de leurs amis partis chercher des médicaments. Dans ce moment d’intimité profonde, elle avoue à Rodolfo qu’elle faisait semblant de dormir pour pouvoir rester près de lui et lui dire combien elle l’aime. C’est l’un des passages les plus émouvants de l’opéra, où Puccini atteint une expressivité exceptionnelle par la simplicité de la musique, avant que Mimì ne s’éteigne paisiblement, laissant Rodolfo dans un désespoir absolu.
En voici une double interprétation par respectivement Angela Gheorghiu/Roberto Alagna et Federica Lombardi/Matthew Polenzani:
Impact et héritage
La Bohème reste l’un des opéras les plus joués au monde et a largement dépassé le cadre strictement lyrique pour s’imposer dans la culture populaire. Son influence est visible dans diverses adaptations, notamment la comédie musicale "Rent" de Jonathan Larson, ainsi que plusieurs films, ce qui témoigne de l’universalité des thèmes qu’il aborde, comme l’amour, l’amitié, la pauvreté et la créativité.
L’héritage vocal de La Bohème est immense : cet opéra a révélé des légendes telles qu’Enrico Caruso et continue de constituer un passage incontournable pour tout soprano visant un grand rôle puccinien. Sur le plan dramaturgique, Puccini a révolutionné l’Opéra en privilégiant un réalisme intimiste, mettant en scène des personnages simples et ordinaires plutôt que des sujets historiques grandioses, annonçant ainsi l’évolution vers un Opéra plus contemporain et humain.
La production de Franco Zeffirelli au Metropolitan Opera, créée en 1981, demeure une référence majeure. Elle est régulièrement reprise depuis plus de quarante ans, incarnant une approche artistique qui privilégie à la fois la beauté visuelle et une forte émotion immédiate.
Nul doute que cette retransmission du 8 novembre 2025 contribuera, elle-aussi, à perpétuer l’héritage de ce chef-d’œuvre intemporel, offrant au public mondial la possibilité de redécouvrir la magie unique de La Bohème dans son écrin new-yorkais.
Ainsi, La Bohème illustre le mélange d’émotion, de réalisme et d’universalité qui en fait une œuvre majeure et indémodable du répertoire lyrique mondial.
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Nota Bene: Les informations/photos contenues dans cet article proviennent, pour l'essentiel, de sites Internet spécialisés (MET, Opera Online, Backtrack, ForumOpera, Ôlyrix) ainsi que de la "Mine d'or" YouTube. Sans oublier la véritable "Bible" en la matière que constitue le livre "Tout l'Opéra" de Gustave Kobbé.
