Troisième retransmission de la saison 2025-2026 du MET (Metropolitan Opera de New-York), dans le cadre du programme "Live in HD", samedi 22/11/2025 à 19:00 (*), avec l'œuvre "Arabella" de Richard Strauss (1864-1949). Une occasion de redécouvrir l'élégante comédie lyrique de ce compositeur autrichien. Portée par une distribution prestigieuse et la mise en scène intemporelle d’Otto Schenk, cette production promet de captiver les amateurs d’Opéra par sa finesse dramatique et sa richesse musicale.
Rappel sur l’origine de l’œuvre
Arabella est un opéra en trois actes, composé sur un livret de Hugo von Hofmannsthal. Il fut créé à Dresde en 1933, sous la direction de Clemens Krauss. Dernière œuvre issue de la collaboration entre Strauss et Hofmannsthal, elle s'inscrit dans la lignée de leurs grands succès tels que "Der Rosenkavalier" (Le Chevalier à la Rose).
Mélangeant comédie lyrique et atmosphère viennoise empreinte de nostalgie, Arabella a été saluée dès sa création pour la beauté de sa partition et son élégance, malgré quelques critiques sur le livret. Cet opéra marque le retour de Strauss à une écriture plus lyrique, rappelant l'esthétique romantique allemande et viennoise de la fin du XIXème siècle, et s’est rapidement affirmé comme une pièce maîtresse du répertoire straussien.
L’action se déroule à Vienne dans les années 1860, en voici un bref résumé:
La famille ruinée du comte Waldner loge dans un hôtel. Le comte espère marier sa fille aînée Arabella à un homme riche. Sa cadette, Zdenka, se fait passer pour un garçon ("Zdenko") afin d’économiser sur les dépenses, et aime secrètement Matteo, un officier ... lui-même amoureux d’Arabella. Pour le rapprocher de sa sœur, Zdenka lui envoie de fausses lettres signées du nom d’Arabella. Le comte a transmis le portrait d’Arabella à son vieil ami Mandryka. C’est le neveu de ce dernier, riche propriétaire croate, qui arrive à Vienne, séduit par l’image et bien décidé à épouser la jeune femme. Leur rencontre est un coup de foudre réciproque.
Lors d’un grand bal, Arabella et Mandryka officialisent leurs fiançailles. La jeune femme, émue, demande un moment avant de "dire adieu" à sa jeunesse. Parallèlement, Zdenka remet à Matteo la clé de sa propre chambre, en lui faisant croire qu’il s’agit de celle d’Arabella. Matteo, persuadé qu’Arabella l’attend, s’y rend. Mandryka surprend cet échange et, croyant à une trahison d’Arabella, se laisse envahir par la jalousie.
Le lendemain, Matteo croit avoir passé la nuit avec Arabella et s’adresse à elle comme à son amante, mais la jeune femme tombe des nues. La vérité éclate : Zdenka révèle son véritable sexe et son amour pour Matteo, qui décide de l’épouser. Mandryka, honteux de ses soupçons, reçoit le pardon d’Arabella. Dans un geste final hautement symbolique, elle lui offre un verre d’eau fraîche — promesse de pureté, de réconciliation et d’engagement éternel.
Arabella explore avec subtilité l’amour, la quête d’identité et la condition féminine dans la société bourgeoise viennoise de la fin du XIXème siècle. L’œuvre met en tension le libre arbitre amoureux face aux conventions sociales et interroge l’authenticité des sentiments, notamment à travers le travestissement de Zdenka.
La transformation des personnages, la fluidité des rôles et la recherche de la rédemption culminent dans le rituel du verre d’eau qui scelle purification et pardon. Le contraste entre la nostalgie d’une Vienne aristocratique idéalisée et la critique d’une société en mutation traverse cet opéra, soutenu par des valses élégantes et une atmosphère empreinte de mélancolie.
Distribution annoncée
Pour cette retransmission Live in HD du 22 novembre 2025, le MET a réunit une distribution de premier plan, qualifiée de "aussi belle qu'on puisse l'espérer" par le New York Times. La voici:

- Arabella : Rachel Willis-Sørensen (soprano) fait ses débuts dans le rôle-titre. Cette lauréate 2025 du "Beverly Sills Artist Award" apporte à ce rôle sa voix radieuse et son expérience des héroïnes straussiennes.
- Zdenka : Louise Alder (soprano) fait ses débuts au MET dans le rôle de Zdenka, la sœur d’Arabella. Elle apporte à ce personnage complexe une fraîcheur juvénile et une grande agilité vocale, essentielles pour rendre toute la subtilité du rôle. Son interprétation promet de mettre en avant la vulnérabilité, la sincérité et le dynamisme de Zdenka, jeune femme obligée de dissimuler son identité et d’évoluer dans un tourbillon d’émotions.
- Mandryka : Tomasz Konieczny (baryton-basse), connu pour ses interprétations puissantes, donne vie au charismatique mais tourmenté propriétaire croate.
Quant à elle, la production repose sur la mise en scène somptueuse de Otto Schenk, avec des décors de Günther Schneider-Siemssen et des costumes de Milena Canonero, recréant à la perfection l’élégance viennoise.
Arias célèbres et synopsis complet
- "Mein Elemer" (Acte I)
Ce monologue introspectif d’Arabella est une scène où l’héroïne se dévoile pleinement. Dans cet instant de vulnérabilité, elle réfléchit à la nature de l’amour, s’interroge sur ses prétendants et avoue son attirance mystérieuse pour un inconnu qu’elle pressent comme étant "l’homme idéal". Richard Strauss y déploie tout son art d’écriture pour la voix de soprano: la ligne vocale, fluide et souple, épouse les nuances émotionnelles du personnage, mêlant rêve, doute et espoir. Ce passage constitue un sommet lyrique de l’opéra, à la fois portrait intime d’Arabella et moment d’extase musicale.
En voici une double interprétation par respectivement Anja Harteros et Gundula Janowitz: - "Aber der Richtige" (Acte I)
Dans ce duo, Arabella confie à Zdenka qu’elle n’épousera que "der Richtige" (le bon), l’homme qui saura toucher son cœur, tandis que Zdenka tente de la convaincre de considérer Matteo. Ce moment souligne leur complicité et leur différence: idéalisme d’Arabella contre pragmatisme de Zdenka. Strauss y mêle lyrisme et délicatesse orchestrale pour en faire un sommet musical de l’opéra.
En voici une double interprétation par respectivement Anja Harteros (Arabella)/Hanna-Elisabeth Müller (Zdenka) et Ella Morin (Arabella)/Elin Eriksson (Zdenka): - "Und du wirst mein gebieter sein" (Acte II)
Arabella reconnaît en Mandryka l’homme qu’elle attendait et accepte de l’épouser. Ce moment scelle son passage de l’hésitation à la certitude amoureuse et constitue un tournant dramatique majeur. Porté par l’un des sommets lyriques de Strauss, il allie intensité émotionnelle et éclat mélodique.
En voici deux éblouissantes interprétations par respectivement Renée Fleming (Arabella)/Thomas Hampson (Mandryka) et Gabriela Scherer (Arabella)/Michael Volle (Mandryka): - "Das war sehr gut, Mandryka" (Acte III)
Dans ce finale de l'opéra, Arabella chante une aria empreinte de tendresse et de sérénité, affirmant la certitude de son choix amoureux avant d’offrir à Mandryka un verre d’eau, symbole de pardon et d’engagement. Ce moment, l’un des plus émouvants de l’opéra, clôt l’œuvre dans un apaisement lyrique porté par l’orchestration raffinée de Strauss.
En voici une magnifique interprétation par Lucia Popp (Arabella) et Bernd Weikl (Mandryka):
Enfin et en complément de tout ce qui précède, voici le synopsis complet de ce magnifique opéra.
Impact et héritage
Arabella occupe une place singulière et essentielle dans le répertoire lyrique du XXème siècle. Dernière collaboration entre Richard Strauss et Hugo von Hofmannsthal, cet opéra réussit une remarquable synthèse entre l’héritage romantique allemand et les innovations musicales du compositeur bavarois. Grâce à une orchestration raffinée et une écriture harmonique sophistiquée, l’œuvre offre une profondeur psychologique inédite, notamment à travers ses personnages féminins, et en particulier Arabella elle-même, qui incarne une femme complexe, indépendante et nuancée comme peu dans l’Opéra romantique.
Sur le plan musical, l’œuvre témoigne de la pleine maturité stylistique de Strauss, conciliant des lignes mélodiques accessibles avec une richesse harmonique subtile, ce qui en fait une pièce incontournable pour les sopranos lyriques de haut niveau, avec un rôle-titre exigeant et charismatique.
Arabella a également marqué l’évolution de l’Opéra de chambre moderne, influençant nombre de compositeurs par sa capacité à mêler finesse psychologique et orchestration symphonique délicate. Depuis sa création, l'œuvre s’est imposée dans les Grandes Maisons d’Opéra du monde entier (du Metropolitan Opera de New York à l’Opéra de Vienne) où elle est régulièrement reprise en raison de sa force dramatique et de sa poésie sonore.
La retransmission prévue par le MET, le 22 novembre 2025, s’inscrit dans cette longue tradition d’excellence. Elle offre une occasion unique au public mondial de redécouvrir cette œuvre majeure, portée par une interprétation prestigieuse, témoignant de son rayonnement et de son actualité.
Impact et héritage
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Nota Bene: Les informations/photos contenues dans cet article proviennent, pour l'essentiel, de sites Internet spécialisés (MET, Opera Online, Backtrack, ForumOpera, Ôlyrix) ainsi que de la "Mine d'or" YouTube. Sans oublier la véritable "Bible" en la matière que constitue le livre "Tout l'Opéra" de Gustave Kobbé.