Dans un article publié sur ce Blog en janvier 2020 et qui était consacré au Pérou, j'expliquais en quoi la Nature avait été particulièrement généreuse envers ce pays, en le dotant d'une diversité géographique absolument incroyable.
Malheureusement, il arrive que cette même Nature puisse se montrer également cruelle, dans la mesure où le Pérou est souvent confronté à deux types de cataclysmes particulièrement meurtriers:
Malheureusement, il arrive que cette même Nature puisse se montrer également cruelle, dans la mesure où le Pérou est souvent confronté à deux types de cataclysmes particulièrement meurtriers:
- Le premier, d'ordre climatique, connu sous le nom de Phénomène "El Niño"
- Le second, d'ordre tellurique, sous forme de Tremblements de Terre aux conséquences souvent terribles.
Les 24 régions du pays souffrirent d'un véritable cataclysme: pluies torrentielles, débordements de fleuves, glissements de terrains, torrents de boue emportant tout (ponts, maisons, etc.). Les photos publiées sont tout simplement hallucinantes. Selon INDECI (Instituto Nacional de Defensa Civil), le bilan fut très lourd: 75 morts et 500 000 sinistrés (7 000 maisons emportées, 160 ponts et 900 kms de routes détruits) avec des populations confrontées à des situations particulièrement dramatiques (pénurie d’eau potable et de médicaments, risques d'épidémies, dans certains cas plus aucun moyen de locomotion, isolement total).
Une telle apocalypse résulte d’un phénomène récurrent (tous les 3 à 7 ans), survenant dans cette partie du monde, entre Noël et avril. D'où son nom "El Niño" (Enfant Jésus) ! lI est lié à un cycle de variations de la pression atmosphérique entre l'Est et l'Ouest du Pacifique, couplé à un cycle du courant océanique le long de l'Equateur.
Comme expliqué dans trois remarquables articles publiés sur le sujet par Météo-France, l’UVED (Université Virtuelle Environnement et Développement durable) et le CNRS, voici de quoi il retourne :
- Condition normale sans Phénomène "El Niño"
En situation normale, la température de la surface de l’océan Pacifique tropical n’est pas uniforme, mais s’élève graduellement en direction de l’Ouest. Elle passe de 22° C maximum près des côtes péruviennes (1), à environ 30° C au large de l’Indonésie.
De puissants alizés soufflent d’Est (haute pression) en Ouest (basse pression), le long de l’équateur. Ils engendrent une circulation des eaux chaudes de surface vers les côtes indonésiennes (Circulation de Walker), où se forme la ‘Warm Pool’ (piscine d’eau chaude, zone rouge sur la figure). Le courant est assez fort pour que le niveau de l’océan soit plus haut de 50 cm à l’Ouest.
Cette accumulation d’eaux chaudes
provoque des échanges de chaleur intenses avec l’atmosphère et la formation d'un système de cumulonimbus associé à de très fortes précipitations. Celles-ci sont cantonnées à l’Ouest du Pacifique équatorial tropical. C’est la période de l’année où l’Indonésie et le Nord-Est de l’Australie connaissent un climat très humide.
provoque des échanges de chaleur intenses avec l’atmosphère et la formation d'un système de cumulonimbus associé à de très fortes précipitations. Celles-ci sont cantonnées à l’Ouest du Pacifique équatorial tropical. C’est la période de l’année où l’Indonésie et le Nord-Est de l’Australie connaissent un climat très humide.
Cette même accumulation d'eaux chaudes provoque une remontée des eaux profondes (‘Upwelling’), froides, à l'Est du Pacifique, le long des côtes du Pérou (langue bleue sur la figure ci-dessus). Cette remontée est accompagnée d'un apport de sels nutriments (phosphate, nitrate) qui fertilise la surface de l'océan et rend les côtes péruviennes extrêmement riches en poissons (le Pérou est le premier producteur au monde de farine de poisson, utilisée comme engrais).
Au même moment, à ces eaux froides de la côte Est du Pacifique, est associée une descendance de l'air entraînant son assèchement. C’est la période où ces côtes connaissent un climat particulièrement sec.
- · Condition avec Phénomène "El Niño"
Il arrive que, pour des raisons non entièrement élucidées à ce jour, l’intensité de ces alizés s’affaiblisse. On peut même avoir des situations où ceux-ci se mettent à souffler dans l’autre sens (Ouest vers Est).
On assiste alors à l'écoulement progressif du gigantesque réservoir d'eaux chaudes de la 'Warm Pool' vers l’Est du Pacifique (langue rouge sur la figure ci-contre. Son arrivée le long des côtes péruviennes, un peu après Noël, coïncide alors avec le paroxysme de la perturbation climatique, surnommée 'El Niño'.
Cette accumulation soudaine d’eaux chaudes près des côtes du Pérou se traduit par une série de pluies diluviennes, ainsi que par l'arrêt total de la production biologique (processus ‘Upwelling’). La pêche, le long des côtes péruviennes, est alors stoppée et des milliers de personnes se retrouvent ainsi brusquement au chômage technique pour de longs mois.
Au même moment, la côte Ouest du Pacifique connait des périodes de très grande sécheresse, souvent accompagnées d’incendies gigantesques en Australie et en Indonésie (2).
Sous l’effet du réchauffement climatique, il est malheureusement à craindre que ce Phénomène "El Niño" soit de plus en plus fréquent et de plus en plus violent (3).
Cette accumulation soudaine d’eaux chaudes près des côtes du Pérou se traduit par une série de pluies diluviennes, ainsi que par l'arrêt total de la production biologique (processus ‘Upwelling’). La pêche, le long des côtes péruviennes, est alors stoppée et des milliers de personnes se retrouvent ainsi brusquement au chômage technique pour de longs mois.
Au même moment, la côte Ouest du Pacifique connait des périodes de très grande sécheresse, souvent accompagnées d’incendies gigantesques en Australie et en Indonésie (2).
Sous l’effet du réchauffement climatique, il est malheureusement à craindre que ce Phénomène "El Niño" soit de plus en plus fréquent et de plus en plus violent (3).
En complément de tout ce qui précède, et notamment des trois articles mentionnés, voici une vidéo donnant une idée de ce à quoi les Péruviens sont souvent confrontés:
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(1): Ceci s’explique en partie par l’effet du Courant de Humboldt. Ce courant marin de surface prend naissance près de l’Antarctique, et longe les côtes sud-américaines du Pacifique. Il est froid, avec une température inférieure d’environ 7 à 8 degrés inférieure à celle de l’océan à la même latitude.
(2): Pour des raisons difficiles à expliquer, il se produit périodiquement un très fort renforcement des alizés dans l'océan Pacifique Ouest. Ceci engendre un déplacement encore plus important des eaux chaudes de surface de cette région, en direction du continent asiatique, provoquant une amplification de la remontée d'eau amenant ainsi en surface plus d'eau froide qu'à l'accoutumée. Une telle situation peut durer plusieurs mois et les eaux déplacées arrivent à former un grand courant marin d’une taille comparable à une fois et demi celle des États-Unis, avec une température anormalement basse de ces eaux (du moins pour les premières dizaines de mètres). Il en résulte un dérèglement atmosphérique exactement inverse du Phénomène "El Niño", auquel on a donné le nom de "La Niña". C'est exactement ce qui frappe actuellement l'Australie, avec notamment des pluies torrentielles sur la ville de Sydney: