dimanche 16 juin 2024

Ernest Shackleton (1874-1922), véritable légende de l'aventure polaire ...

Ernest Shackleton naquit le 15 février 1874, soit il y a 150 ans, à lkea, dans le comté de Kildare au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande. Il consacra sa vie à l'exploration de l'Antarctique et participa à trois grandes expéditions polaires, portant les noms respectivement de "Discovery", "Nimrod" et "Endurance" (1). Lors de cette dernière, ayant eu à faire face à des circonstances extrêmes, il sut garder son équipe unie pour réaliser l'un des plus grands exploits de survie de l'histoire de l'aventure polaire. Il est considéré comme l'une des principales figures de cette époque héroïque, voire même comme "le plus grand leader (civil) du XXème siècle". 

C'est ce que ce petit article se propose de narrer très modestement, avec tout d'abord quelques mots sur la jeunesse et la formation de Shackleton ...

Jeunesse et formation

Shackletonfils de Henry Shackleton d'origine anglaise et de Henrietta Dorman d'ascendance irlandaise, grandit en Irlande puis en Angleterre où il étudia à l'école de Sydenham et au Dulwich College, Dès son plus jeune âge, nourri des romans d’aventure de Jules Verne, il montra un très vif intérêt pour l'aventure et l'exploration. Il quitta vite l’école, à l'âge de16 ans et malgré de bons résultats (2)préférant l'apprentissage du métier de marin à la scolarité.

Il navigua sur un voilier durant quatre années pour apprendre le métier de marin et, en 1894, entra dans la marine marchande (Welsh Shire Line) en qualité de troisième officier. Deux ans plus tard, il obtint son grade de second capitaine et, en 1898, celui de capitaine au long cours, ce qui lui permettait de commander un navire britannique partout dans le monde.

Il trouva immédiatement le commandement d'un navire (Union-Castle Line), sur la ligne de transport de courriers et de passagers entre Southampton (Angleterre) et Le Cap (Afrique du Sud). En 1899, après le déclenchement de la seconde guerre des Boers, il fut affecté à un navire de transport de troupes (Royal Navy). Cela lui donna l'occasion de se lier d'amitié avec un officier de l'armée britannique (1890), dont le père était le principal financier de l'expédition polaire Discovery qui était en préparation. C'est ainsi que, le 17 février 1901, Shackleton fut nommé au poste de troisième officier sur le Discovery, navire de l'expédition du même nom.

Expédition "Discovery" (1901-1904)

L'expédition "Discovery", officiellement connue sous le nom de "British National Antarctic Expedition (BNAE)", était la première expédition britannique en Antarctique du XXème siècle. Dirigée par le capitaine Robert Falcon Scott de la marine britannique, elle comportait une équipe d'explorateurs qui allaient devenir les fers de lance de l'âge héroïque de la découverte de l'Antarctique (3). Son objectif principal était de mener des recherches scientifiques et géographiques en Antarctique (prioritairement la mer de Ross et la région de McMurdo), dans les domaines suivants: météorologie, géologie, biologie marine et magnétisme terrestre. Avec de surcroît l'espoir de pouvoir planter l'Union Jack au Pôle Sud même, point jamais encore atteint par l'Homme.

Le Discovery, un trois-mâts spécialement équipé pour affronter les conditions difficiles de l'Antarctique, quitta l'Angleterre le 31 juillet 1901. Après être passé par Le Cap (Afrique du Sud) et la Nouvelle-Zélande, il arriva à destination le 8 janvier 1902. 

Les membres de l'expédition installèrent leur camp de base sur la péninsule de Hut Point, puis commencèrent leurs explorations qui allaient durer plus de deux ans. Les résultats obtenus furent spectaculaires:

  • Découverte de la Terre du Roi Édouard VII, une péninsule de 1 000 kilomètres de long qui s'étend dans la mer de Ross.
  • Découverte de la chaîne de montagnes Transantarctiques qui traverse l'Antarctique.
  • Découverte du Plateau Antarctique.
  • Collecte de milliers d'échantillons de roches et de plantes.
  • Études sur la faune et la flore antarctiques.

Par ailleurs, le 2 novembre 1902, Scott, Shackleton et Wilson (le zoologiste de l'équipe)  quittèrent la base sur des traineaux à chiens. Leur but était d'aller aussi loin que possible vers le Sud, en longeant la barrière de glace, pour tenter d'atteindre le pôle ou trouver une nouvelle terre. Malheureusement ils se heurtèrent très vite à plusieurs difficultés: conditions météorologiques extrêmes (températures pouvant descendre jusqu'à -60°C, vent violent soufflant en rafales), chiens souvent malades ou blessés (ce qui rendait la progression plus lente et plus difficile), nourriture déficiente (tous les chiens finiront par être abattus pour être mangés), problèmes de santé (Shackleton fut sérieusement atteint de scorbut). 

C'est ainsi que le 30 décembre 1902, sans avoir quitté la barrière de glace, ils décidèrent de rebrousser chemin après avoir atteint la latitude de 82°17' S, la plus grande latitude atteinte par un explorateur à l'époque (le Pôle Sud étant lui-même à 90° S). Le retour fut tout aussi pénible mais, en dépit des épreuves endurées, ils continuèrent à cartographier la chaîne Transantarctique et à identifier et baptiser de nombreux autres points de repère.

Ils finirent par atteindre le camp le 3 février 1903. Scott décida de renvoyer, pour raisons de santé, Shackleton par le bateau de la relève SY Morning, arrivé dans le détroit de McMurdo en janvier 1903.

L'expédition "Discovery" rentra en Angleterre en septembre 1904. Elle fut considérée comme un succès dans la mesure où elle avait permis de recueillir de nombreuses données scientifiques sur l'Antarctique, ouvrant la voie à de nouvelles expéditions sur le continent blanc. Scott, perçu comme un héros, fut promu capitaine dans la Royal Navy et le Roi Édouard VII le nomma commandant de l'Ordre Royal de Victoria.

Shackleton, pour sa part, retira plusieurs expériences de cette même expédition. Tout d'abord, il apprit comment faire face aux conditions extrêmes de l'Antarctique. Ensuite, il comprit que l'organisation et la préparation étaient essentielles pour y survivre. Enfin, il apprit à travailler en équipe et à faire confiance à ses compagnons.

Sur un plan plus personnel, il découvrit qu'il était capable de dépasser ses limites et d'accomplir des choses qu'il n'aurait jamais cru possibles. Cela développa une totale confiance en lui-même et une détermination qui lui serviront grandement lors des deux expéditions, "Nimrod" et "Endurance", qu'il allait diriger en personne.

Entre "Discovery" et "Nimrod"

Après une période de convalescence en Nouvelle-Zélande, où il se soigna du scorbut,  Shackleton retourna en Angleterre via San Francisco et New York. Ayant été l'un des trois premiers hommes à avoir pénétré aussi loin le continent antarctique, il fut très vite sollicité pour donner des conférences sur l'expérience vécue; ce qui contribua à le faire connaître du grand public.

Le 11 janvier 1904, il prit ses fonctions de Secrétaire de la Royal Scottish Geographical Society à Édimbourg. La même année, le 9 avril 1904, il épousa Emily Dorman, issue d'une riche famille, qui lui donnera trois enfants.

Assoiffé de gloire et de nouveaux horizons, piqué au vif par les allusions à sa faiblesse physique dans le livre de Scott ("The Voyage of the Discovery" publié en 1905), Shackleton commença alors à envisager une nouvelle expédition en Antarctique, dirigée par lui-même, dont l'objectif serait tout simplement la conquête du Pôle Sud Géographique (PSG) et celle du Pôle Sud Magnétique (PSM) (4)

Ce n'est qu'en juillet 1907 qu'il parvint à réunir le financement nécessaire et à constituer la majeure partie de son équipe. Il prit le plus grand soin à choisir ses hommes, en fonction de leurs compétences, de leur expérience et de leur état d'esprit. Il voulait en effet un groupe composé de personnes motivées, capables de faire face aux conditions difficiles de l'Antarctique (5).

Pour ce qui est du navire de l'expédition, il porta son choix sur le Nimrod. Il s'agissait d'un trois-mâts goélette, utilisé pour la pêche à la baleine, qu'il fallut considérablement aménager et renforcer pour faire face aux difficultés à venir. 

Expédition "Nimrod" (1907-1909)  

Le Nimrod quitta l'Angleterre le 7 août 1907 et jeta l'ancre en Nouvelle-Zélande le 23 novembre. Shackleton se trouvait déjà sur place, après une escale en Australie où il avait recruté les quelques scientifiques qui lui manquaient. Tous travaillèrent d'arrache-pied pour que tout soit fin-prêt (équipage, navire, cargaison, etc.) pour la fin de l'année (6). Effectivement, le 1er janvier 1908, l'expédition quittait la Nouvelle-Zélande en direction de l'Antarctique. Le 28 janvier 1908, elle atteignait la baie de McMurdo. 

A cause de la banquise, le navire ne put rejoindre Hut Point (ancien camp de base de "Discovery"). Shackleton fut donc contraint de remonter à 32 km plus au Nord, au Cap Royds. Il décida d'y établir le camp de base de l'expédition, car la zone offrait plusieurs avantages: hautes collines volcaniques pour protéger des vents forts, étangs à proximité pour l'approvisionnement en eau douce et colonies de manchots pour la fourniture en viande.

Voici les quatre points les plus marquants de la suite de l'expédition:
  • L'ascension de l'Erebus (5-11 mars 1908)
    Shackleton prit la décision de lancer cette première exploration dès le début mars. Il s'agissait d'atteindre le sommet de l'Erebus (3 794 m), le volcan actif le plus au Sud du Globe. Le 5 mars 1908, six hommes (Edeworth David, Douglas Mawson, Alistair MacKay, Victor Hayward, Charles Marshall et Reginald Brocklehurst) dirigés par le géologue David s'y lancèrent en tirant un traîneau de 250 kg

    L'ascension fut particulièrement difficile, les conditions météorologiques étant souvent défavorables. Le groupe dut faire face à des vents violents, à des tempêtes de neige et à des températures glaciales. Le sommet fut néanmoins atteint le 9 mars 1908. Plusieurs
     relevés météorologiques furent effectués et de nombreux échantillons de roches collectés. 

    Le retour fut plus rapide, principalement en glissant sur la neige. L'équipe rejoignit l'abri du Cap Royds le 11 mars, morte de fatigue. 
    Cette brillante ascension fut le premier succès de l'expédition.
  • L'hivernage (mars à septembre 1908)
    L'Erebus conquis, il fallut affronter un long hivernage avant de passer à la suite. En effet, durant l'hiver antarctique (21 juin-21 septembre), le soleil ne se lève pas au-dessus de l'horizon, ce qui donne lieu à une longue nuit polaire. La température moyenne sur le plateau central est d'environ -57°C, mais pouvant descendre bien en dessous de -80°C (record absolu de -89,2°C enregistré à la station russe de Vostok en 1983). Les conditions météorologiques sont également très difficiles, avec de fréquentes tempêtes de neige et des vents pouvant atteindre des vitesses de 200 km/h.

    Durant ces longs mois, les hommes ne demeurèrent pas inactifs. En plus des études spécialisées faites par les géologues et les zoologues, diverses observations scientifiques (météorologie, aurores australes, éruptions de l'Erebus) furent menées quotidiennement. Le moral était très bon. Shackleton avait aboli toute distinction sociale et tous vivaient, travaillaient et prenaient leurs repas ensemble. D'après le géologue Philip Brocklehurst, il avait "une faculté pour traiter chaque membre de l'expédition, comme s'il était précieux pour lui" (des qualités humaines qui pèseront très lourd lors de l'expédition suivante).

    Mais l'essentiel de leur travail consista à préparer dans les moindres détails les deux expéditions qui partiraient en septembre/octobre, en direction respectivement du PSM (Pôle Sud Magnétique) et du PSG (Pôle Sud Géographique).
  • La conquête du PSM (26 septembre 1908 - 11 février 1909)
    Un premier groupe constitué de David, Mawson et Mackay, quitta le camp le 26 septembre 1908 avec trois objectifs: atteindre le PSM (en y plantant l'Union Jack), procéder à une étude géologique approfondie dans les vallées sèches de McMurdo et prendre possession de la Terre Victoria au nom de l'Empire Britannique.

    Sans l'aide de chiens mais comptant fortement sur l'automobile qui malheureusement s'enlisa très vite dans la poudreuse, ils furent contraints de poursuivre leur route uniquement à pied, en tirant un traîneau chargé de 300 kg de matériel et de vivres. Leur progression fut lente et rendue périlleuse à cause de la glace et de la présence de profondes crevasses. A cela s'ajoutèrent la fatigue et la faim dont les trois hommes souffrirent, réduisant leur ration alimentaire au strict minimum vital. 

    Mais finalement, le 15 janvier 1909, les trois hommes plantèrent l'Union Jack à l'emplacement même du PSM et prirent possession de la Terre Victoria au nom du Roi Edouard VII. Leur but atteint, ils rebroussèrent chemin. Le 5 février, complètement exténués et après avoir parcouru plus de 2.000 km à pied dans la région la plus froide du monde, 
    ils furent recueillis par le Nimrod et ramenés au camp de Cap Royds (11 février 1909). 
  • Le raid vers le PSG (29 octobre 1908 - 3 mars 1909)
    Un deuxième groupe de quatre hommes, constitué de Shackleton, Wild, Marshall et Adams, quitta le camp de Cap Royds le 29 octobre 1908, avec pour objectif d'atteindre le PSG. Equipés de traîneaux tirés par des poneys de Mandchourie, ils emportèrent trois mois de vivres correspondant à une ration individuelle quotidienne de 960 grammes, composée de biscuits de froment, de bœuf en poudre, sucre, fromage ou chocolat.

    L
    e 26 novembre, après 29 jours de marche, ils dépassèrent la limite australe atteinte par Scott le 30 décembre 1902 (82°17' S lors de l'expédition "Discovery"). Au fur et à mesure que le groupe avançait en "Terra Incognita", la surface de la barrière devenait de plus en plus chaotique. Les poneys souffrirent énormément et finirent tous par succomber. La progression devint chaque fois plus difficile et périlleuse (crevasses, gouffres et escarpements) au point parfois de ne pouvoir parcourir plus de 500 mètres au terme d'une terrible journée d'efforts. Ces difficultés physiques à se déplacer furent encore aggravées par un froid avoisinant - 40° C, l'omniprésence du risque de mort (animaux sauvages) et la faim chaque fois plus tenace.

    C'est ainsi que le 9 janvier 1909, après soixante sept jours de lutte constante contre les éléments et à la limite de la survie (ils en avaient été réduits à manger les poneys), les quatre hommes décidèrent d'abandonner à 
    88° 23' S (soit à 97 miles du PSG). Ils plantèrent l'Union Jack à ce nouveau "Farthest South" (le point le plus au Sud jamais atteint par des humains) et Shackleton baptisa le plateau antarctique "Terre du Roi Édouard-VII".  

    Le retour fut un nouveau calvaire, Marshall souffrant même de dysenterie. Le 29 février, après 3 000 km de marche et 128 jours d'un incroyable combat physique et psychologique, les quatre explorateurs purent être fort heureusement récupérés par le Nimrod et ramenés, sains et saufs, au camp de Cap Royds (3 mars 1909). 
L'expédition "Nimrod" fut un succès. Même si elle ne permit pas d'atteindre le PSG, un nouveau record du "Farthest South" fut établi (jamais aucun homme ne s'était encore approché de si près de l'un ou l'autre des PSM et PSG). Elle permit également de recueillir de nombreuses données scientifiques sur l'Antarctique, confirmant qu'il s'agissait bien d'un vaste continent occupé par des montagnes hautes de plus de 3 000 mètres. Elle permit aussi de mieux comprendre la géologie, la glaciologie et l'océanographie de ce continent. 

Enfin, elle mit en lumière les capacités de leadership et de détermination de Shackleton, ce qui allait s'avérer crucial lors de la troisième expédition.

1909-1914

Après son retour à Londres (17 septembre 1909), Shackleton eut droit à tous les honneurs. Notamment de la part du Roi Édouard VII qui l'éleva au rang de Commandeur de l'Ordre Royal de Victoria puis, plus tard, à celui de Chevalier (désormais Sir Ernest Shackleton).

Homme d'action et doté d'un réel charisme, Shackleton mena ensuite une vie particulièrement active et productive: 
  • Entre 1909 et 1910, il publia un livre sur l'expédition "Nimrod", intitulé "The Heart of the Antarctic", qui fut un véritable best-seller. 
  • Entre 1910 et 1912, il fit un grand nombre de conférences et d'apparitions publiques pour promouvoir l'exploration polaire.
  • En 1912, il fut nommé Président de la Royal Geographical Society.
  • Entre 1912 et 1914, il fut Conseiller du Gouvernement Britannique pour les questions touchant à l'Antarctique.
Le PSG ayant finalement été conquis par le Norvégien Roald Amundsen, le 14 décembre 1911, Shackleton décida alors de préparer une nouvelle expédition dans le but de traverser l'Antarctique de part-en-part. Une entreprise extrêmement ambitieuse, qui n'avait jamais été réalisée auparavant.

A ce titre, il effectua une série de voyages en Europe et en Amérique du Nord pour recruter des membres d'équipage (7) et collecter des fonds. Il visita également l'Islande et le Groenland pour étudier les conditions de navigation dans les régions arctiquesC'est ainsi que prit corps l’expédition "Endurance" (1), officiellement appelée "Imperial Trans-Antarctic Expedition".  

Expédition "Endurance" (1914-1917)

Shackleton organisa cette expédition en deux groupes distincts, chacun à bord de son propre navire et avec des objectifs bien précis:


  • Le premier, appelé "Groupe de la Mer de Weddell", partirait depuis l'Angleterre à bord de l'Endurance sous le commandement de Shackleton, ferait escale en Géorgie du Sud puis poursuivrait vers la mer de Weddell à destination de l'Antarctique (cf. carte 1 ci-dessus, itinéraire AB en rouge) (8).
    Une 
    fois sur place, une équipe d'explorateurs, sous la conduite directe de Shackleton, traverserait le continent pour atteindre la Mer de Ross (cf. carte 1 ci-dessus, itinéraire BC en turquoise) en passant par le PSG.
  • Le deuxième, appelé "Groupe de la Mer de Ross", partirait d'Hobart (Australie) à bord de l'Aurora, sous le commandement d'Æneas Mackintosh, et accosterait dans la mer de Ross (cf. carte 1 ci-dessus, itinéraire DC en orange) (9).
    U
    ne fois sur place, il installerait plusieurs dépôts d'approvisionnement (nourriture et carburant) sur le dernier tiers du futur parcours terrestre de Shackleton et de son équipe, entre l'île de Ross et le glacier Beardmore (cf. carte 1 ci-dessus, itinéraire CI en noir). 
Le 9 août 1914, alors que la Première Guerre Mondiale venait de commencer, l’Endurance quitta Plymouth à destination de Grytviken en Géorgie du Sud. Il y fit une escale d'un mois et appareilla, le 5 décembre 1914 avec 28 hommes à bord, pour six semaines de navigation vers la côte antarctique (cf. carte 2 ci-dessous). Très vite, l'expédition fut confrontée à la banquise. Sa progression devint de plus en plus difficile, au milieu de blocs de glace et en contournant les icebergs.
Malheureusement, le 18 janvier 1915, alors que la latitude 78°S avait été atteinte (soit relativement près du lieu d'accostage prévu), l’Endurance se trouva définitivement bloqué par la glace. C'est à ce moment-là que l'expédition se transforma en une véritable odyssée, dont voici les principaux faits marquants:
  • Dérive et perte de l'Endurance (18 janvier - 21 novembre 1915)

    L'Endurance, piégé dans la banquise, dériva durant de longs mois vers le Nord-Ouest (cf. carte 1 ci-dessus, itinéraire BE en rouge) en s'éloignant de plus en plus du continent. Shackleton travailla sans relâche pour maintenir le moral de l'équipage (marqué par le froid intense et l'isolement), organisant des routines, encourageant l'exercice physique et faisant preuve de leadership dans des circonstances difficiles. 

    La 
    longue nuit polaire (hiver antarctique) fut particulièrement dure à supporter et la pression sans cesse croissante de la glace sur le navire devint carrément alarmante. C'est ainsi que, le 27 octobre 1915, Shackleton donna l'ordre d'abandonner le navire. L'équipage se transporta alors sur la glace, par une température de -25°C, en débarquant tout ce qui pouvait l'être: chiens, une partie des vivres et des équipements, outils de première nécessité, les trois canots de sauvetage (dont le James Caird), traîneaux et matériel photographique (dont toutes les photos prises depuis le début de l'expédition). 

  • Partiellement inondé et de plus en plus broyé par la glace, l’Endurance finit par s'enfoncer dans les eaux, le 21 novembre 1915, par 69° 00′ S et 51° 30′ O (10).
  • Hibernage puis refuge sur l'île de l'Eléphant (21 novembre 1915 - 14 avril 1916)

    En l'absence d'une partie des provisions coulée avec le bateau, la poursuite de l'expédition n'est plus envisageable et Shackleton fait savoir à ses hommes qu'il n'est plus question que de rentrer en Angleterre. Il prit alors la décision de rejoindre l'île Paulet, située à 450 km à l'Ouest d'où ils se trouvaient. Le sol n'étant pas assez nivelé pour traîner commodément les canots et tout l'équipement, le déplacement sur la glace se révéla  beaucoup plus pénible que prévu (moins de 3 km par jour). L'équipage passa ainsi de longs mois sur la banquise dérivante. Le stock de vivres s'étant fortement réduit, le phoque et le manchot devinrent l'aliment de base. Mais eux-mêmes commencèrent à se faire rares et les rations alimentaires durent, de nouveau, être réduites. Finalement, les chiens de traîneau furent eux-mêmes tous abattus.

    Début avril 1916, le temps se réchauffant peu à peu, la banquise devint plus mince et commença à se craqueler, rendant la progression dangereuse. Le 9 avril 1916, Shackleton ordonna de lancer les canots de sauvetage à la mer, avec les 28 hommes à bord et tout ce qui pouvait être emporté. L'objectif était l'île de la Déception, située à 300 km de leur position et pourvue de provisions pour d'éventuels naufragés. Ils durent faire face à des conditions météorologiques extrêmes, notamment des vents violents, des vagues gigantesques et des températures glaciales (jusqu'à −20°C la nuit). Les hommes, continuellement trempés par l'eau de mer, souffrirent également de pénuries de nourriture et d'eau. Beaucoup subirent les conséquences du gel et le moral du groupe tomba au plus bas. 

    La vulnérabilité des canots face à la dureté des éléments les mit dans une situation telle que Shackleton décida de rallier le refuge le plus proche. C'est ainsi que, le 14 avril 1916, après plusieurs jours de navigation dans des conditions absolument dantesques (torturés par la faim et la soif, les bouches enflées et les langues brûlantes), ils purent enfin poser pied sur l'île de l'Éléphant (cf. carte 2 ci-dessus, point F). Les hommes étaient épuisés et déshydratés, mais ils étaient en vie.
  • 1 500 km, en canot de sauvetage, vers la Géorgie du Sud (24 avril - 10 mail 1916)

    L'île de l'Éléphant, 
    aride et constituée exclusivement de rochers, de neige et de glace, n'était pas l'endroit idéal où attendre d'éventuels secours. Cela d'autant plus qu'elle était hors de toutes les routes maritimes. Dès lors, Shackleton comprit qu'il était essentiel de repartir immédiatement et que leur salut dépendait de leur retour à leur point de départ en Géorgie du Sud (cf. carte 2 ci-dessus, point A).

    Il décida donc d'entreprendre une navigation de 1 500 km sur l'océan, dans l'un de leurs canots de sauvetage et avec un équipage réduit, d
    ans le but de chercher de l'aide pour les autres membres de l'expédition Endurance bloqués sur l'île de l'Éléphant. Il choisit comme canot le James Caird (11) et comme équipage: lui-même, Worsley (le navigateur, capitaine de l'Endurance), Tom Crean, Tim McCarthy, Harry  McNeish et John Vincent.

    Le 24 avril 1916, ils partirent pour 
    un voyage incroyablement périlleux sur l'une des mers les plus hostiles de la Planète (une traversée maritime qui, à ce jour, reste comme l'une des plus exceptionnelles de l'Histoire). Ils naviguèrent, à la voile et à la rame, à travers des eaux déchaînées et durent affronter des tempêtes violentes, des vagues énormes (jusqu'à 16 m de haut) et des conditions météorologiques extrêmes. La navigation était basée sur l'instinct de Worsley, qui utilisait un sextant et un chronomètre de poche pour estimer leur position. Les hommes mangèrent de la viande de phoque et de lion de mer (chassés au harpon) ainsi que des biscuits, et recueillirent de l'eau de pluie pour boire.

    Le 10 mai 1916, après seize jours de traversée, complètement épuisés et assoiffés, ils finirent par toucher terre dans la baie du Roi Haakon (cf. carte 3 ci-dessous), malheureusement du côté opposé de l'île par rapport aux stations baleinières. Ils choisirent un emplacement au calme sur la baie (qu'ils baptisèrent "Camp de Peggotty") pour se reposer quelques jours (le bateau lui-même étant mis à terre et retourné afin de fournir un abri), avant de poursuivre vers la station baleinière la plus proche. 

  • Traversée à pied de la Géorgie du Sud (18-19 mai 1916)

    Le 18 mai à 2 heures du matin, les trois hommes les moins épuisés physiquement 
    (Shackleton, Worsley et Clean) entamèrent la traversée de l'île. Leur progression fut extrêmement difficile, sur des terrains accidentés et enneigés, avec des vents violents et des températures glaciales. Ils marchèrent pendant 36 heures, sans interruption, pour atteindre finalement la station baleinière de Stromness (cf. carte 3 ci-dessus), le 19 mai 1916.

    Le soir même, un navire à moteur partait vers la baie du Roi Haakon pour récupérer McCarthy, McNish et Vincent ..., ainsi que le James Caird.
  • Sauvetage des naufragés de l'ile de l'Éléphant (23 mai - 30 août 1916)

    Profondément préoccupé par les conditions auxquelles les vingt-deux hommes restés sur l'île de l'Éléphant étaient confrontés (isolement total, froid glacial, nourriture limitée) et soucieux de respecter l'engagement pris devant eux, Shackleton mit aussitôt tout en œuvre pour aller les chercher. "S'il m'arrive quelque chose pendant que ces types m'attendent, je me sentirai comme un meurtrier", avait-il déclaré.

    Dès le 23 mai 1916, il lança une première tentative en affrétant un navire qui se trouvait à quai au port de Stromness. Celle-ci échoua à cause de 
    conditions hivernales très défavorables, dues notablement à la banquise. Il en sera de même pour deux nouvelles tentatives, à bord successivement d'un bateau uruguayen (10 juin 1916) et d'un bateau chilien (12 juillet 1916). Par ailleurs, aucune aide officielle du Royaume-Uni, alors engagé dans la Première Guerre Mondiale, ne pouvait être envisagée avant six mois

    Ce n'est donc que le 30 août 1916, soit plus de quatre mois après son départ de l'île de l'Éléphant, que Shackleton parvint enfin à s'approcher de l'île à bord d'un navire chilien (le Yelcho, commandé par Luis Pardo). Les vingt-deux naufragés furent embarqués, sains et saufs, à destination de Punta Arenas (Chili) où ils arrivèrent le 3 septembre 1916 (cf. carte 2 ci-dessus, itinéraire FG).

    Le sauvetage des naufragés de l'île de l'Éléphant est une histoire de courage, de détermination et de force de l'esprit humain. Il est un rappel que, même dans les moments les plus difficiles, l'espoir peut toujours triompher.
  • L'épopée du Groupe de la Mer de Ross

    Ce groupe lui-aussi fut confronté à une série de défis majeurs, sorte de véritable calvaire, pendant son séjour en Antarctique. Rappelons que sa mission principale consistait à mettre en place des dépôts d'approvisionnement le long du dernier tiers du trajet envisagé par l'autre groupe (cf. carte 4 ci-dessous, itinéraire CI en noir). Mais en plus de cela, Shackleton y avait adjoint une petite équipe scientifique pour mener à bien des recherches en biologie, en météorologie et en magnétisme.

    Ayant quitté Hobart (Australie) le 24 décembre 1914, à bord de l'Aurora et sous les ordres de Mackintosh, le groupe arriva sur place le 16 janvier 1915 (cf. carte 1 ci-dessus, itinéraire DC en orange). Ils installèrent leur camp à Cap Evans (cf. carte 4 ci-dessous) et y déchargèrent tout ce qui était destiné aux dépôts (1 700 kg environ). Concernant ces dépôts, l'objectif projet était de renforcer celui de Hut Point (ancien camp de base de "Discovery") puis d'en construire un nouveau à différentes latitudes: 79° S (Minna Bluff), 80° S, 81° S, 82° S, 83° S et enfin celui du mont Hope, au pied du glacier Beardmore, à 83°30' S (cf. carte 4 ci-dessous, itinéraire CI).


    Dès le 25 janvier 1915, Mackintosh prit la tête d'un groupe de dix hommes (lui-même, Ernest Wild, Arnold Spencer-Smith, Ernest Joyce, John Cope, Irvine Gaze, Victor Hayward, Andrew Jack, Richard W. Richards et Alexander Stevens), en utilisant des traineaux tirés par des chiens/hommes pour transporter le matériel et les vivres.

    En dépit de conditions climatiques très dures et de nombreux désaccords entre 
    Joyce et Mackintosh sur la meilleure façon de procéder, les premiers dépôts purent être installés. Le 25 mars, complètement épuisés et souffrant de gelures, ils furent empêchés par la banquise de retourner à Cap Evans. Ils durent attendre sur place une période plus froide, dans des conditions de vie extrêmement difficiles, contraints de chasser des phoques pour leur viande et leur graisse.

    Dans la nuit du 6 au 7 mai 1915, une énorme tempête arracha les amarres de l’Aurora. Pris dans les glaces, le gouvernail rompu, le navire allait alors entamer une longue dérive vers le Nord dans la mer de Ross pour atteindre finalement l'océan Austral. Ce n'est que le 16 mars 1916 qu'il pourra enfin se libérer des glaces et être remorqué, pour réparations, vers Port Chalmers (Nouvelle-Zélande) qu'il atteindra le 3 avril 1916 (cf. carte 5 ci-dessus, itinéraire CH en violet).

    Le 2 juin 2015, 
    les dix hommes restés à terre arrivèrent enfin à Cap Evans. Ils furent surpris de ne pas voir l'Aurora et comprirent qu'ils étaient livrés à leur propre sort. À l'exception des rations destinées aux dépôts de Shackleton, débarquées auparavant, ils se retrouvèrent effectivement avec "seulement leurs vêtements sur le dos" et Mackintosh résuma leur situation en ces termes: "Nous sommes obligés d'envisager la possibilité de rester bloqués ici, sans aide extérieure, pour deux années. On ne peut espérer être retrouvés d'ici-là; nous devons donc conserver et rationner ce que nous avons, et chercher à compenser ce que nous n'avons pas." (12).

    De fait, durant les 18 mois qui suivirent, ils vécurent un véritable calvaire, endurant des souffrances difficilement imaginables:
    • Il y eut tout d'abord des conditions météorologiques extrêmes, avec des températures glaciales (jusqu'à -45°C), des vents violents (jusqu'à 130 km/h) et des tempêtes de neige fréquentes. Des conditions qui rendirent les déplacements difficiles et mirent à l'épreuve la résistance physique des membres de l'équipe, avec des cas de gelures et de cécité à la fois chez les hommes et les chiens. Ils durent également faire face au danger des avalanches et des crevasses (ce qui couta la vie à Mackintosh et Hayward, le 8 mai 1916).
    • Il y eut ensuite le manque de nourriture variée et d'eau. Leur alimentation était pratiquement limitée à la seule viande de phoque, en veillant bien à ce que les chiens soient toujours nourris les premiers (Joyce avait bien mis en garde: "Les chiens sont notre seul espoir; nos vies dépendent d'eux"). 
    • Il y eut encore l'épuisement physique, accentué par le manque de sommeil (difficile en effet de dormir dans des tentes souvent déchirées). Ils durent néanmoins effectuer des marches épuisantes sur de longues distances, souvent en tirant eux-mêmes des traîneaux lourdement chargés sur des terrains difficiles (cela avec des vêtements et des chaussures inadaptés et détrempés).
    • Enfin et non des moindres, certains membres de l'équipe souffrirent de maladies, notamment en raison de la fatigue et d'une alimentation insuffisante. C'est ainsi que, le 9 mars 1916, Spencer-Smith mourut du scorbut et fut enterré sur place, dans la glace. 
Ils supportèrent tout cela grâce à un sens du devoir qui les amena à se sacrifier afin de mener à bien leur mission principale, qui était de mettre en place les dépôts de ravitaillement escomptés (cf. carte 4 ci-dessus, itinéraire CI en noir). L'histoire de leur résilience face à l'adversité reste un témoignage impressionnant d'endurance humaine.

Ce n'est que le 15 juillet 1916 que les sept survivants (Richards, Joyce, Wild, Stevens, Cope, Jack et Gaze) purent enfin bénéficier du "confort relatif" du camp de base de Cap Evans, dans l'attente d'un éventuel secours ... 

Durant tout ce temps-là, Shackleton n'avait jamais pu contacter Mackintosh et son groupe (pas de téléphone satellitaire à l'époque). En septembre 1916, lorsqu'il fut enfin informé de la mésaventure de l'Aurora et de son équipage, il mit aussitôt tout en œuvre pour aller les secourir. C'est ainsi qu'il quitta la Nouvelle-Zélande, le 20 décembre 1916, à bord de l'Aurora (enfin remis en état) à destination de Cap Evans.

Le 10 janvier 1917, à l'arrivée de l’Aurora, les sept survivants furent sidérés de voir Shackleton à son bord. Aussitôt, ils comprirent l'inutilité de l'exploit qu'ils venaient d'accomplir et des énormes souffrances qu'ils avaient endurées.

Après une semaine passée à rechercher en vain les corps de Mackintosh et de Hayward, l’Aurora repartit pour la Nouvelle-Zélande avec les sept hommes et les trois chiens qui avaient survécu à cet enfer (13).

  • Retour en Angleterre (1917)

    S
    hackleton et ses deux équipages (Endurance et Aurora) furent de retour en Angleterre, le 17 mai 1917, après avoir passé deux ans et deux mois dans l'Antarctique. Ils furent accueillis en héros. En effet, malgré l'échec de son objectif initial qui était de traverser le continent antarctique, l'expédition "Endurance" fut immédiatement considérée (et continue de l'être) comme l'un des plus grands exploits de l'histoire de l'exploration. 

    Shackleton fut 
    accueilli en véritable héros national à Londres, pour avoir réussi à sauver tous les membres de l'équipage de l'Endurance. Il fut reçu par le roi George V et invité à prononcer un discours devant le Parlement.

    Bien que souffrant 
    d'une affection cardiaque, probablement aggravée par la fatigue accumulée durant ses pénibles expéditions et par une certaine propension à consommer de l'alcool, il réalisa diverses missions pour le compte du gouvernement britannique. 

    Il écrivit également un livre sur l'expédition "Endurance", intitulé "South", qui fut lui-aussi un véritable un best-seller, et se mit à réfléchir à ... une nouvelle mission en Antarctique. 

Le dernier voyage

En 1921, Shackleton mit effectivement sur pied une nouvelle expédition, la troisième sous son commandement, avec le soutien financier d’un ancien camarade de classe, l'homme d'affaires John Quiller Rowett. Il s'agissait de l'expédition "Quest", du nom de son navire (un baleinier), officiellement connue sous le nom de "Shackleton-Rowett Expedition" (SRE). Cette fois-ci, le but était de cartographier les côtes de l'Antarctique, de repérer les différents récifs et îles, de mettre à jour les cartes existantes et d'effectuer diverses recherches géologiques et météorologiques.

L
e 17 septembre 1921, le Quest quitta Londres pour Le Cap (Afrique du Sud), après avoir eu l'honneur d'une inspection par le Roi George V. Malheureusement, de nombreux problèmes apparurent très vite au niveau des moteurs, imposant de faire plusieurs arrêts (Lisbonne, Madère et Cap-Vert). Shackleton prit alors la décision de mettre directement le cap sur Rio de Janeiro (Brésil) pour y refaire entièrement la motorisation. Arrivé à Rio le 22 novembre 1921, le navire y resta donc immobilisé durant plusieurs semaines. 

Le 17 décembre, la veille même de l’appareillage du Quest, Shackleton tomba malade, sans doute victime d'une crise cardiaque. Il ordonna néanmoins de continuer, comme prévu, vers la Géorgie du Sud. Une violente tempête gâcha la fête de Noël, et un nouveau problème sur les moteurs obligea de ralentir la progression du navire, causant à Shackleton un stress supplémentaire. Le 4 janvier 1922, en fin de matinée, le Quest arriva enfin à Grytviken (Géorgie du Sud). Quelques heures plus tard, le 5 janvier vers 2H du matin, Shackleton fut terrassé par une nouvelle crise cardiaque.

A la demande de son épouse, Lady Shackleton, il fut enterré sur place à Grytviken, au pied même de la montagne Ducie Fell qu'il avait franchie héroïquement pour chercher du secours afin de sauver son équipage.


Un héritage inoubliable

Shackleton continue d'être cité en exemple pour sa bravoure, sa détermination et son esprit d'équipe. Son leadership exceptionnel et son charisme lui permirent de maintenir la cohésion et le moral de ses hommes dans les moments les plus difficiles. Sa capacité à surmonter des situations désespérées et à sauver la vie de son équipage a forgé sa légende dans le domaine de l'exploration polaire.  

L'histoire de l'expédition "Endurance" et de ses deux équipages est un récit captivant de survie et de détermination dans l'un des environnements les plus hostiles sur Terre. Shackleton a démontré que l'esprit humain était capable de surmonter les plus grands obstacles, au point de rendre parfois l'impossible possible. Il est considéré comme l'un des plus grands explorateurs de l'Histoire. Sa vie et ses exploits continueront d'inspirer les gens pendant des générations (14).

"Telle est la vertu première de l'aventurier digne de ce beau nom:
faire que l'aventure soit déjà en elle-même,
par-delà les aléas du meilleur et du pire, du succès et de l'échec,
un accomplissement.
À quoi réussit, ici mieux qu'aucun autre que je sache,
Shackleton le Grand."

(Paul-Émile Victor)  


Sources 

Ernest Shackleton, héros de l’Antarctique

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Les folles épopées polaires

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Première expédition en Antarctique (1901-1904)

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Première expédition au Pôle Sud (1907-1909)

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A travers la glace : 1914-1917, l'expédition Shackleton 

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Le voyage du James Caird

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Groupe de la mer de Ross (Ross Sea Party)

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Shackleton - The Great Explorer and Survivor Documentary 

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1914 - Les naufragés de l'Antarctique 

  Cliquer ICI

 
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(1) : Chaque expédition portait le nom de son navire principal. 
(2) : De fait, en 1890, il termina cinquième de sa classe sur trente et un élèves.
(3) : En plus de Scott (commandant de l'expédition) et de Shackleton (commandant en second), il y avait notamment Edward Wilson (médecin et naturaliste), George Vince (physicien et météorologue), Thomas Griffith Taylor (géologue) et Frank Wild (officier scientifique). 
(4) : Le PSG (Pôle Sud Géographique) est le point fixe le plus austral de la Terre, marquant l’intersection de l’axe de rotation du Globe avec la surface terrestre (une fois là, le Sud n'existe plus et la seule direction dans laquelle on puisse aller est le Nord). Le PSM (Pôle Sud Magnétique) est un point errant unique sur la surface du Globe où le champ magnétique terrestre pointe vers le Nord magnétique. Son déplacement est dû à l'activité de la couche externe du noyau terrestre, constitué de métal en fusion et soumis à des mouvements de convection. En 2008, il se trouvait en mer d'Urville au large de la Terre-Adélie, à environ 2 000 km du PSG.
(5) : L'équipage du Nimrod était le suivant: Ernest Shackleton (commandant de l'expédition),  Edgeworth David (géologue et commandant en second), Jameson Adams (météorologue), James Murray (biologiste), Eric Marshall (chirurgien), Frank Wild (magasinier), William Roberts (cuisinier), George Martson (artiste et homme à tout faire), Douglas Mawson (géologue), Ernest Joyce (responsable des chiens), Philip Brocklehurst (assistant géologue), Raymond Priestley (géologue), Bernard Dy (électricien et pilote de l'automobile), Bertram Armytage (responsable des poneys) et Alistair Mackay (chirurgien). 
(6) Pour le transport des charges, Shackleton avait opté pour une voiture, 10 poneys de Mongolie et une dizaine de chiens pour le cas où les poneys auraient des difficultés.
(7) : Selon certaines sources, pour choisir ses équipages, Shackleton aurait fait passer dans les journaux l'annonce suivante: "Recherche hommes pour voyage périlleux. Petits gages. Froid rigoureux. Longs mois de totale obscurité. Dangers permanents. Retour incertain. Honneur et reconnaissance en cas de succès"Il aurait reçu cinq mille réponses positives mais n'aurait retenu que cinquante-six d'entre elles.
(8) 
L'équipage complet de l'Endurance était le suivant: Sir Ernest Shackleton (commandant de l'expédition), Frank Wild (commandant en second), Frank Worsley (capitaine du navire), Frank Hurley (photographe), Hubert Hudson (officier de navigation), Lionel Greenstreet (1er officier), Thomas Crean (2e officier), Alfred Cheetham (3e officier), Lewis Rickinson (ingénieur en chef), Alexander Kerr (ingénieur), James McIlroy (chirurgien), Alexander Macklin (chirurgien), Robert Clark (biologiste), Leonard Hussey (météorologiste), James Wordie (géologue), Reginald James (physicien), George Marston (artiste), Thomas Orde-Lees (magasinier et mécanicien), Henry McNish (charpentier naval), Charles Green (cuisinier), Perce Blackborow (cambusier), William Stephenson (pompier et chauffeur), Albert Holness (pompier et chauffeur), John Vincent (matelot), Timothy McCarthy (matelot), Walter How (matelot), William Bakewell (matelot) et Thomas McLeod (matelot).
(9) : L'équipage de l'Aurora se composait notamment de: 
Æneas Mackintosh (commandant de la mission), Joseph Stenhouse (capitaine du navire), Ernest Joyce (second et responsable des 18 chiens de traîneau), Stevens (géologue), Andrew Keith Jack (physicien), Richard W. Richards (physicien) et Arnold Spencer-Smith (aumônier et photographe).
(10) : L'épave de l'Endurance a été retrouvée le 9 mars 2022, à seulement 6 km au Sud de la position indiquée par le capitaine Frank Worsley en 1915. Elle repose à 3 008 mètres de profondeur, par 68° 41′ 52.8″ S et 52° 26′ 38.4″ O.
(11) : Harry McNish, le charpentier de l'expédition, améliora le James Caird en surélevant ses bords, en renforçant sa quille et en construisant un pont improvisé fait de bois et de tissu, le tout enduit d'huile et de sang de phoque.
(12) : L’Aurora servant de principal quartier d'habitation des hommes, la plus grande partie des effets personnels, des provisions de nourriture, de l'équipement et du carburant étaient encore à bord lorsque le navire s'éloigna.
(13) : Ces trois chiens (Oscar, Gunner et Towser) furent placés au zoo de Wellington où Oscar aurait vécu jusqu'à l'âge de 25 ans.
(14) : 
Sir Edmund Hillary, l'un des deux premiers hommes (avec le Sherpa Tensing Norgay) à avoir gravi l'Everest, indiqua que Shackleton fut l'un de ses modèles de jeunesse.