La IXème Symphonie (ou tout simplement "Neuvième") de Beethoven, créée il y a deux siècles, demeure une œuvre captivante qui transcende les frontières du temps et de la culture. Son bicentenaire, célébré en cette année 2024, marque un jalon historique dans l'histoire de la Musique Classique. Cette symphonie, couronnée par l'"Ode à la Joie" de Friedrich Schiller, porte un message universel de fraternité et d'espoir, devenant ainsi un symbole emblématique d'unité à travers le monde.
Composée entre 1822 et 1824 et présentée pour la première fois à Vienne le 7 mai 1824, en hommage au roi Frédéric-Guillaume III de Prusse, elle continue d'inspirer les mélomanes du monde entier, consolidant son statut de chef-d'œuvre intemporel qui résonne encore aujourd'hui avec une puissance émotionnelle et philosophique inégalée.
I. Un chef-d'œuvre intemporel
La Neuvième de Beethoven est une œuvre d'une ampleur et d'une complexité exceptionnelles. Elle rompt avec les conventions symphoniques de l'époque en introduisant un chœur et des solistes dans le finale, une innovation audacieuse qui valut à Beethoven un triomphe retentissant lors de la création de cette Symphonie.
Elle reste un chef-d'œuvre intemporel, symbole de l'ingéniosité artistique de son compositeur. Sa puissance émotionnelle et son influence ont perduré à travers les générations, transcendant les barrières linguistiques et culturelles pour toucher l'âme de chacun.
Elle est considérée, à juste titre, comme l'une des plus grandes compositions de tous les temps. Son impact sur la Musique Classique est incommensurable et elle a été interprétée par les plus grands orchestres et chefs d'orchestre du monde entier. L'œuvre a également été adaptée et réinterprétée dans divers genres musicaux, témoignant ainsi de sa pertinence et de son influence durables.
II. La genèse d'une œuvre magistrale (1818-1824)
La IXème Symphonie de Beethoven, achevée en 1824, est d'autant plus remarquable qu'elle fut composée alors que le musicien était presque totalement sourd. En effet, dès ses 26 ans, Beethoven (1770-1827) commença à souffrir des oreilles et à avoir des acouphènes, probablement à cause d'une maladie d'enfance. Les choses s'aggravèrent rapidement jusqu'à le rendre complètement sourd en l'espace de 5 ans seulement.
Face à cet handicap dévastateur pour un compositeur, Beethoven envisagea d'abord le suicide avant de se ressaisir et de poursuivre sa vocation avec une détermination renouvelée. Pour parvenir notamment à ressentir les sons musicaux, il prit l'habitude d'utiliser un piano sans pieds posé au sol afin d'en capter ainsi les vibrations.
La gestation de cette IXème Symphonie fut un processus extrêmement long et laborieux, s'étalant sur plus d'une décennie entre 1818 et 1824. Aux prises avec des difficultés financières récurrentes et sa surdité désormais totale, Beethoven dut faire preuve d'une résilience et d'une force créatrice hors du commun. Il composait donc en ressentant les vibrations du piano dans son corps, son appareil auditif et sa mémoire auditive étant ses seuls autres appuis.
Au-delà du défi personnel et artistique colossal que représentait cette symphonie, Beethoven insuffla dans son œuvre un idéal de fraternité universelle, probablement inspiré par les bouleversements sociopolitiques en Europe à cette époque. La Neuvième transcendait ainsi les limites de la musique symphonique traditionnelle, pour véhiculer un message d'unité profondément humaniste.
La création de cette symphonie majeure témoigne de la détermination et de la vision artistique de Beethoven, qui sut surmonter l'adversité pour donner naissance à un chef-d'œuvre musical empreint d'espoir et de fraternité.
III. Une structure symphonique audacieuse
A. Les quatre mouvements
La Neuvième de Beethoven se distingue par sa structure symphonique audacieuse, composée de quatre mouvements distincts, chacun apportant sa propre contribution à l'ensemble magistral de l'œuvre.
- "Allegro ma non troppo":
Ce premier mouvement, "Allegro ma non troppo", débute par une introduction lente et mystérieuse qui plonge l'auditeur dans un univers sonore tourbillonnant. Apparait ensuite le thème principal, énergique et puissant, créant une atmosphère de tension et de suspense. Ce mouvement est marqué par un contraste frappant entre des passages calmes et d'autres plus intenses, avec des thèmes mélodiques forts qui établissent les développements musicaux à venir. - "Scherzo":
Ce deuxième mouvement, intitulé "Scherzo", offre un contraste saisissant avec le précédent. Plus léger dans son caractère, vif et enjoué, il évoque des images de danse et de divertissement. Cependant, sous sa surface ludique, réside une profondeur émotionnelle subtile, témoignant de la capacité de Beethoven à mêler l'humour et la gravité dans sa musique. Le mouvement est caractérisé par des rythmes syncopés et des changements soudains de dynamique, avec un trio central présentant un contraste saisissant avec son thème principal, avec une mélodie douce et lyrique jouée par les instruments à vent. - "Adagio molto e cantabile":
Ce troisième mouvement, intitulé "Adagio molto e cantabile", ralentit le rythme pour offrir un moment de contemplation et de lyrisme. Caractérisé par sa beauté mélodique et sa douceur expressive, ce mouvement captivant invite l'auditeur à se laisser emporter par ses riches harmonies et ses nuances subtiles, créant ainsi une atmosphère de sérénité et de réflexion. Il est considéré comme l'un des plus beaux et des plus expressifs de toute la symphonie, avec une magnifique et émouvante mélodie jouée par les cordes, accompagnée d'harmonies riches et complexes. - "Finale":
Ce quatrième et dernier mouvement, intitulé "Finale", est le couronnement triomphal de l'œuvre. Introduit par le célèbre thème de l'Ode à la Joie de Friedrich Schiller, ce mouvement final célèbre l'unité et la fraternité humaine dans toute leur grandeur. L'une des innovations les plus importantes de cette symphonie est l'introduction d'un chœur et de solistes, ce qui est une première dans l'histoire de la Musique Symphonique. Ce "Finale" commence par une introduction lente et solennelle, suivie d'un thème principal énergique et entraînant. Avec l'entrée en scène du chœur et des solistes vocaux, le mouvement atteint des sommets épiques de grandeur musicale, offrant une conclusion majestueuse à cette symphonie révolutionnaire. A noter que ce "Finale" est également appelé "Hymne à la Joie".
Chacun de ces mouvements contribue à l'architecture complexe et à la profondeur émotionnelle de l'œuvre, témoignant du génie créatif de Beethoven et de son engagement à repousser les limites de l'art musical.
B. L'introduction d'un chœur et de solistes
Comme mentionné plus haut, La Neuvième de Beethoven, œuvre emblématique du répertoire classique, est marquée par une innovation révolutionnaire: l'introduction d'un chœur et de solistes vocaux dans son dernier mouvement. Cette décision audacieuse brisa les conventions symphoniques de l'époque et ouvrit la voie à de nouvelles possibilités d'expression musicale. En effet, écrit pour orchestre symphonique, ce chef-d'œuvre fut le premier du genre à intégrer des solistes chanteurs (Soprano, Alto, Ténor et Baryton) et un chœur composé également de Sopranos/Altos/Ténors/Basses. Cette association extraordinaire permettant de donner voix au message universel de fraternité et d'espoir porté par l'œuvre. Par cette intégration novatrice, Beethoven transcenda les limites de la Musique Symphonique, offrant une expérience sonore et émotionnelle incomparable. La Neuvième reste ainsi une illustration éclatante de la capacité de la Musique à unir les voix humaines et à communiquer des idéaux intemporels.
Quant au choix du poème de Friedrich Schiller ("Ode à la Joie") lui-même, il fut une décision délibérée de la part de Beethoven. Celui-ci, profondément inspiré par l'esprit universel de fraternité et d'espoir exprimé dans le poème, y vit une opportunité de transmettre un message de paix et d'unité à travers sa musique.
IV. Première représentation (7 mai 1824)
La première représentation publique de cette IXème Symphonie eut lieu, le 7 mai 1824, au Theater am Kärntnertor de Vienne. L'orchestre était dirigé Michael Umlauf (Maître de Chapelle de ce même Théâtre) et les solistes étaient les suivants. Henriette Sontag (Soprano), Caroline Unger (Contralto), Anton Haizinger (Ténor) et Joseph Seipelt (Basse).
Bien que le concert ait été officiellement dirigé par Michael Umlauf, Beethoven partageait la scène avec lui. Echaudé par une expérience similaire antérieure (présentation de l'opéra "Fidelio") qui avait tourné au désastre, Umlauf avait pris soin de demander aux chanteurs et musiciens d'ignorer les gestes de Beethoven. Celui-ci, totalement sourd et assis près de la scène, tournait les pages de sa partition et battait le tempo pour un orchestre qu'il ne pouvait pas entendre.
Cette première représentation n'en fut pas moins un véritable triomphe. Le public, tellement ému par la musique, ne put résister et se leva pour applaudir longuement entre les second et troisième mouvements. À la fin de la symphonie, Beethoven, qui ne pouvait pas entendre les applaudissements de la foule enthousiaste, avait plusieurs mesures de retard et continuait à battre le tempo. C'est alors que la Contralto Caroline Unger s'approcha de lui et le fit se retourner, pour qu'il voit la foule en délire. Profondément ému, Beethoven s’inclina respectueusement pour remercier le public.
V. Un message universel et un héritage durable
Comme déjà précédemment exprimé, la Neuvième de Beethoven, avec son "Hymne à la Joie" (Finale) emblématique, représente un message universel et intemporel. Cet hymne célèbre la joie, la liberté et la fraternité humaine, transcendant les frontières culturelles et linguistiques. Il incarne l'unité et l'harmonie, témoignant de la capacité de la Musique à insuffler l'espoir et à rassembler les peuples. Au sein de cette œuvre, se trouve un appel à la paix et à l'unité qui résonne à travers les âges et continue d'émouvoir et d'inspirer les âmes dans le monde entier.
La Neuvième de Beethoven reste un monument incontesté de la Musique Classique, deux siècles après sa création. Son influence dépasse largement les frontières du genre classique, touchant divers styles musicaux. Son message universel continue de résonner, procurant inspiration et émotion à travers les époques. Elle a non seulement repoussé les limites de la Musique Classique, mais a également tracé de nouvelles perspectives artistiques pour les générations futures. Son héritage s'inscrit dans la durée, marquant profondément le paysage culturel mondial.
VI. Icône de la Musique et symbole de la culture européenne
Il est bien connu que le rêve de tout Ténor est d'exceller dans l'interprétation de l'aria "Nessun Dorma" (Turandot, Puccini). Il en va de même pour tout Chef d'Orchestre avec la Neuvième de Beethoven, chacun apportant sa propre sensibilité dans l'interprétation de cette œuvre emblématique. Ce qui explique que celle-ci ait été interprétée d'innombrables fois (et continue de l'être) et soit devenue un élément incontournable des célébrations officielles et des événements culturels. Elle a effectivement marqué de son empreinte de nombreux moments charnières de l'Histoire, se hissant au rang d'œuvre universelle porteuse de messages puissants.
Le monde entier est familier avec son "Ode à la Joie", perçue comme un hymne universel à la joie et à la fraternité (Cliquer ICI). Cette page musicale, la plus célèbre de Beethoven, est une véritable icône de toute la Musique Classique et a eu également un impact considérable sur la culture européenne, dont elle est devenue un symbole.
Parmi les milliers d'interprétations données, plusieurs ont frappé les esprits par leur beauté et/ou la force du symbole exprimé (certaines d'entre elles sont même tout simplement entrées dans l'Histoire). En voici quelques exemples notables (présentés par ordre chronologique):
- Célébrations de la fin de la Seconde Guerre mondiale (1945) - Après la capitulation de l'Allemagne nazie en mai 1945, la Neuvième Symphonie fut jouée dans de nombreuses villes à travers le monde, pour célébrer la fin du conflit et exprimer l'espoir d'un avenir meilleur.
- Le 29 juillet 1951, pour la réouverture du Festival de Bayreuth (dont l'image avait été ternie par les Nazis), elle permit de délivrer un message de paix et de fraternité. L'Orchestre et les Chœurs du Festival de Bayreuth étaient sous la direction de Wilhelm Furtwängler (1886-1954) (1) avec comme solistes: Elizabeth Schwartzkopf (Soprano), Elisabeth Höngen (Mezzo-soprano, 1915-2006), Hans Hopf (Tenor, 1906-1997) et Otto Edelmann (Basse, 1917-2003).
Une version d'anthologie, au symbole très fort, que voici. - Le 25 décembre 1989, pour saluer la chute du mur de Berlin (9 novembre 1989), Leonard Bernstein (1918-1990) fut invité à diriger cette IXème Symphonie au Schauspielhaus de Berlin. Il décida de diriger pour l'occasion un orchestre composé de musiciens de la RFA, de la RDA et des quatre pays alliés. C'est ainsi qu'il convia les Chœurs de la Radio Bavaroise (Bayerischen Rundfunfs) et les membres de son Orchestre, auxquels s’ajoutèrent une partie du Rundfunkchor Berlin et du Kinderchor (chœur d’enfants) de la Philharmonie de Dresde, des membres des Orchestres de la Staatkapelle de Dresde, du Kirov, du London Symphonie Orchestra, de l’Orchestre de Paris et du New York Philharmonic. Les solistes étaient June Anderson (Soprano), Sarah Walker (Mezzo-soprano), Klaus König (Ténor) et Jan-Hendrick Rootering (Basse). On n'avait jamais vu une telle distribution, réunissant des musiciens venus de tant d’endroits différents. Une version à la fois unique et historique, dans laquelle il avait choisi de remplacer le mot Freude (Joie) par Freiheit (Liberté) et que voici:
- Le Concert pour la paix à Sarajevo (1994) - En pleine guerre de Bosnie, l'Orchestre Philharmonique de Sarajevo, dirigé par le grand Chef d'Orchestre japonais Seiji Ozawa, brava les bombardements pour jouer cette IXème Symphonie dans un concert pour la Paix. Le concert eut lieu dans un théâtre endommagé par les explosions, avec des musiciens jouant parfois sous la menace de tirs de snipers. Cet acte courageux fut un symbole de résistance et d'espoir face à la violence et à l'adversité.
- Le 7 février 1998, en clôture de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques d'Hiver 1998 (Stade Olympique de Nagano/Japon), une interprétation de l'Hymne à la Joie fut donnée avec la participation (en simultanée) de cinq chœurs disséminés à travers le monde (Berlin, Le Cap, New York, Pékin et Sydney).Seiji Ozawa dirigea ces cinq chœurs (200 choristes chacun), associés à 2 000 autres dans le stade en plein air de Nagano, tous les chanteurs apparaissant sur des écrans géants.
Un tel exploit ne fut rendu possible que grâce à une "Assistance Informatique" particulièrement poussée (2). - Anniversaire de la République Fédérale d'Allemagne (1999) - Pour célébrer le 50ème anniversaire de la République Fédérale d'Allemagne (fondée en 1949), une interprétation spéciale de la Neuvième eut lieu à Berlin. Cette symphonie fut choisie pour symboliser les valeurs démocratiques et l'unité de l'Allemagne moderne.
- L'interprétation qu'en réalisa Claudio Abbado, pour célébrer le passage à l'An 2000, à la tête de l'Orchestre Philarmonique de Berlin. Dans cette version, Abbado offre une approche équilibrée et nuancée de la IXème Symphonie. Sa direction est caractérisée par sa subtilité et sa finesse, mettant en valeur les nuances expressives de la partition. Il porte une attention toute particulière à la cohésion de l'ensemble, créant ainsi une interprétation fluide et organique de l'œuvre.
- Le 20ème anniversaire de la chute du mur de Berlin (2009) - Vingt ans après la chute du mur de Berlin, la IXème Symphonie fut jouée à nouveau à la Porte de Brandebourg lors d'un concert commémoratif. Dirigé par Daniel Barenboim, l'orchestre et la chorale étaient composés de musiciens de plus de 100 pays différents, symbolisant l'unité et la coopération internationales. Ce concert célébra les progrès accomplis depuis la chute du mur et réaffirma les valeurs de Liberté et de Fraternité.
- L'investiture de Barack Obama (2009) - La IXème Symphonie fut choisie pour accompagner l'investiture, en janvier 2009, du Président américain Barack Obama. L'Ode à la Joie fut interprétée en anglais et dans plusieurs autres langues, reflétant la diversité du pays et le message d'espoir et d'unité du nouveau Président. Cet événement marqua un nouveau chapitre de l'histoire américaine et souligna, une fois encore, le pouvoir de la Musique à rassembler les gens.
- Commémoration des attentats du 11 septembre (2011) - A New York, l'Orchestre Philharmonique de New York interpréta la IXème Symphonie pour rendre hommage aux victimes et exprimer l'unité face à la tragédie du 11/09/2001. Un moment de recueillement et d'espoir pour la ville endeuillée.
- Concert pour l'Ukraine (2022) - L'Orchestre Philharmonique de Berlin offrit un concert caritatif, interprétant la IXème Symphonie, en soutien au peuple ukrainien face à l'invasion russe. Un message de solidarité et d'espoir pour un pays en guerre.
Ces quelques exemples illustrent bien la portée universelle de la Neuvième de Beethoven, capable de transcender les frontières et les cultures pour s'imposer comme un symbole d'espoir, de fraternité et de paix dans les moments les plus marquants de l'Histoire.
VII. Adoptée comme "Hymne Européen"
La Neuvième Symphonie de Beethoven, et plus précisément son quatrième mouvement contenant l'Ode à la Joie, a été adoptée comme hymne européen en 1972 par le Conseil de l'Europe, et ensuite en 1985 par l'Union Européenne. Cela dans le but de promouvoir l'unité et la fraternité entre les différentes nations de l'Europe.
L'adaptation de cette œuvre en hymne a été réalisée par le Chef d'Orchestre autrichien Herbert von Karajan (3). Celui-ci créa trois arrangements différents, dont un en 1985 qui fut officiellement adopté comme hymne par l'Union Européenne.
Cependant, il est important de noter que cet hymne européen est purement instrumental et ne contient pas les paroles originales écrites par Friedrich Schiller. Cela afin de symboliser l'unité dans la diversité linguistique et culturelle de l'Europe.
VIII. Célébration du bicentenaire
Tout au long de cette année 2024, le bicentenaire de la IXème Symphonie de Beethoven sera célébré à travers le monde avec des concerts, des expositions et des événements spéciaux. Cette commémoration donnant l'opportunité de redécouvrir cette œuvre majeure et de réfléchir à son message universel d'espoir et de fraternité. L'occasion aussi de rendre hommage à l'héritage de Beethoven et à l'impact durable de son chef-d'œuvre sur la Musique et la Culture.
A ce titre, le 7 mai 2024 (jour même de ce bicentenaire), la chaîne franco-allemande Arte a rendu un hommage tout particulier à cette IXème Symphonie et à son compositeur, lequel avait cru dans les promesses des Lumières et de la Révolution Française avant de devenir un symbole national allemand puis européen. Cet hommage, à la fois riche et original, se décomposait en deux parties:
- La première, sous la forme d'un documentaire intitulé La "Neuvième" de Beethoven: 200e anniversaire, consacrée essentiellement à la genèse de cette œuvre maîtresse et de sa célébrissime "Ode à la joie".
- La deuxième, sous la forme d'une interprétation exceptionnelle de cette IXème Symphonie depuis quatre villes européennes différentes ( Leipzig, Paris, Milan et Vienne), avec quatre chefs d'orchestres différents et quatre orchestres différents:
- Premier mouvement depuis le Gewandhaus de Leipzig, par l’Orchestre du Gewandhaus sous la direction musicale de Andris Nelsons.
- Deuxième mouvement depuis la Philharmonie de Paris, par l'Orchestre de Paris sous la direction musicale de Klaus Mäkelä.
- Troisième mouvement depuis la Scala de Milan, par l'Orchestre du Théâtre de la Scala de Milan sous la direction musicale de Riccardo Chailly.
- Quatrième mouvement depuis le Konzerthaus de Vienne, par l’Orchestre Symphonique de Vienne sous la direction musicale de Petr Popelka, avec comme solistes: Tatiana Ariane Baumgartner (Mezzo-soprano), Andreas Schager (Ténor), Rachel Willis-Sørensen (Soprano) et Christof Fischesser (Basse).
IX. Citations célèbres sur la IXème Symphonie
De nombreuses citations témoignent de l'impact profond et de l'admiration que la IXème Symphonie de Beethoven a suscités dans le monde de la Musique et dans la société. En voici quelques-unes parmi les plus marquantes:
Richard Wagner (4):
"La IXème Symphonie est le plus magnifique poème que le monde ait jamais connu.
Il est plus élevé que tout ce qu'un poète a pu exprimer en mots."
c'est une manifestation artistique de la plus haute sphère,
aussi bien sur le plan intellectuel que sur celui des sentiments."
Elle nous montre le chemin vers un nouveau royaume."
Frères, au-dessus de la voûte étoilée doit habiter un Père aimant."
une des plus grandes structures de l'art.
C'est l'une des œuvres les plus profondes et les plus monumentales de l'histoire de la Musique. Elle exprime la joie, la fraternité et l'amour universels."
Elle représente l'apothéose de la Musique Classique et ouvre la voie
à la musique romantique."
les plus élevés de l'homme et sa quête de liberté et de fraternité."
et la Philosophie se rejoignent pour exprimer l'essence même de l'Humanité."
dont la Musique peut transcender les frontières culturelles et linguistiques,
pour inspirer l'unité et l'espoir."
X. Conclusion
En concluant cette réflexion sur le 200ème anniversaire de la IXème Symphonie de Beethoven, nous sommes invités à nous immerger dans la beauté intemporelle de cette œuvre magistrale. Son pouvoir transcendant continue de nous inspirer et de nous émouvoir, rappelant la capacité de la Musique à toucher nos âmes les plus profondes et à unir l'humanité dans un élan de fraternité et d'espoir.
Elle continue d'être interprétée dans le monde entier,
lors de concerts, de manifestations et de cérémonies,
portant son message d'unité et d'espoir à travers les générations.
Sources | |
Symphonie N° 9 de Beethoven | |
La "Neuvième" de Beethoven a 200 ans | |
Paroles de l'Ode à la Joie (Poème de Schiller revu par Beethoven) | |
Hymne Européen | |
La petite histoire de la Neuvième Symphonie de Beethoven | |
Daniel Barenboim: What Beethoven’s Ninth Teaches Us |
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(1) : Wilhelm Furtwängler (pour beaucoup, le plus grand Chef d'Orchestre de tous les temps) eut maille à partir avec la Commission de Dénazification des Alliés, après la guerre. Il lui était reproché d'avoir servi la cause des Nazis en dirigeant, à leur demande, toute sorte de concerts et d'opéras (le plus souvent ceux de Wagner, qu'Hitler considérait comme un Dieu), le tout à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Berlin. En réalité, Furtwängler n'avait pas eu le choix, car Goebbels l'avait menacé de s'en prendre à tous les musiciens juifs de l'orchestre. Fort heureusement il fut absous, précisément grâce aux témoignages de plusieurs de ces mêmes musiciens et aussi du grand Yehudi Menuhin, violoniste d'origine juive (cliquer ICI pour en savoir davantage).
(2) : Je me trouvais sur place, faisant partie du Groupe IBM qui avait en charge l'Informatique des Jeux Olympiques. Cela me donna l'occasion de rencontrer l'équipe d'Ingénieurs (IBM Japon) qui avait mis au point une application informatique (RISC/6000), permettant de synchroniser les images et les voix (ayant franchi des milliers de kilomètres) avant de les transmettre aux différentes TV (chargées à leur tour de les diffuser, en temps réel, à travers le Globe). Tout cela pour que les téléspectateurs du monde entier aient une impression de parfaite harmonie avec les choristes amateurs réunis à Nagano. Une performance absolument remarquable.
(3) : Herbert von Karajan (1908-1989), l'un des plus célèbres Chefs d'Orchestre du XXème siècle, a suscité de nombreuses polémiques en raison de ses liens avec le Parti Nazi (NSDAP). Il y avait en effet adhéré, dès le 8 avril 1933 (avec la carte numéro 1.607.525), une décision perçue comme un choix pratique pour sa carrière mais aussi un soutien aux idéologies nazies.
Pendant la guerre, il dirigea plusieurs orchestres en Allemagne et entretint des relations étroites avec des personnalités importantes du régime (notamment Goebbels). Cela lui permit de rivaliser avec le chef préféré du Führer, Wilhem Furtwängler (celui-ci éprouvait un réel mépris pour Karajan qu'il surnommait le "petit k"). En 1939, il fut convié à diriger l'opéra "Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg" (Wagner) lors d’une soirée de gala donnée par Hitler à Berlin, en l’honneur du Régent Paul de Yougoslavie. Sa prestation déplut fortement au Fürher, qui aurait alors traité Karajan de "freluquet autrichien".
Après la guerre, il fut lui aussi inculpé par la Commission de Dénazification des Alliés, en raison de ses affiliations nazies. Curieusement, il s'en tira avec seulement une brève suspension de ses fonctions. Une fois réhabilité, il relança sa carrière et devint une figure emblématique de la Musique Classique, notamment à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Berlin.
Ce passé nazi lui valut de multiples manifestations hostiles. C'est ainsi que de nombreux musiciens refuseront de jouer avec lui ou de le rencontrer comme Arthur Rubinstein, Toscanini ou encore Itzhak Perlman. De tels liens avec le nazisme restent un sujet de controverse et de débat, illustrant la complexité des relations entre Musique et Politique (cliquer ICI pour détails).
Jusqu’à sa mort en 1989, Karajan n’exprimera jamais ni remords ni regrets à l’égard de cette période de sa vie.
(4) : Lors de l’inauguration du Palais des Festivals de Bayreuth, en 1876, Richard Wagner dirigea lui-même la IXème Symphonie de Beethoven. Celle-ci sert depuis, chaque année et comme il l'avait souhaité, d'ouverture au Festival de Bayreuth. Elle demeure à ce jour la seule œuvre à y être donnée, en dehors de celles de l’auteur de la "Tétralogie".