Première retransmission de la saison 2025-2026 du MET (Metropolitan Opera de New-York), dans le cadre du programme "Live in HD", samedi 18/10/2025 à 19:00 (*), avec l'œuvre "La Somnambula" de Vicente Bellini (1801-1835), un joyau du répertoire Bel Canto. Cette nouvelle production, dirigée par Rolando Villazón, met en lumière l’un des chefs-d’œuvre du compositeur sicilien, avec une distribution prestigieuse et une mise en scène explorant les méandres psychologiques du somnambulisme.
Rappel sur l’origine de l’œuvre
Cet opéra "semiserio" (mélangeant des éléments de comédie et de drame) en deux actes, a été composé sur un livret de Felice Romani. Créée le 6 mars 1831 au Teatro Carcano de Milan, l’œuvre a immédiatement rencontré un succès retentissant. Bellini, alors âgé de 31 ans, venait de connaître un triomphe avec "I Capuleti ed i Montecchi" et composa La Sonnambula en seulement deux mois. Le livret s’inspire d’un vaudeville d’Eugène Scribe et d’un ballet-pantomime de Jean-Pierre Aumer, tous deux intitulés "La Somnambule". Le sujet, centré sur le somnambulisme, fascinait l’époque romantique, avide de phénomènes mystérieux et surnaturels.
Lors de sa première, portée par les voix exceptionnelles de Giuditta Pasta (Amina) et Giovanni Battista Rubini (Elvino), l’opéra a enthousiasmé le public et la presse. Le compositeur russe Mikhail Glinka, présent à Milan, rapporta que les chanteurs, émus, avaient entraîné le public dans leurs larmes lors du deuxième acte. Ce succès s’est rapidement propagé à travers l’Europe, avec des représentations à Londres (1831) et à New York (1835).
Considéré comme l’un des trois chefs-d’œuvre de Bellini avec "Norma" et "I Puritani", cet opéra La Sonnambula a marqué l’histoire du Bel Canto par sa pureté mélodique et son intensité dramatique.
L’action se déroule dans un village suisse, au début du XIXème siècle. En voici un bref résumé:
Amina, orpheline élevée par la meunière Teresa, est fiancée à Elvino, un riche fermier qui l’aime profondément. Lisa, l’aubergiste, jalouse de leur bonheur car éprise d’Elvino, voit ses espoirs renaître à l’arrivée du comte Rodolfo, fils de l’ancien seigneur du village. Les attentions de ce dernier envers Amina éveillent la méfiance d’Elvino.
Une nuit, victime d’une crise de somnambulisme, Amina entre par erreur dans la chambre du comte à l’auberge. Lisa surprend la scène et alerte les villageois; croyant à une trahison, ils s’indignent et Elvino rompt les fiançailles, projetant d’épouser Lisa. Rodolfo tente d’expliquer l’innocence de la jeune fille, mais Elvino reste sourd à ses arguments.
La vérité se révèle lorsque, toujours endormie, Amina traverse un pont fragile sous les yeux de tous. Son somnambulisme explique enfin l’incident, lavant tout soupçon. Ému et repentant, Elvino lui rend son anneau, et le village se réjouit de leurs retrouvailles. Dans un ultime élan, la voix d’Amina exprime l’émotion et la sincérité de son amour retrouvé.
La Sonnambula mêle habilement éléments comiques et dramatiques, justifiant donc sa qualification d'opéra "semiserio". Les thèmes principaux qui traversent l'œuvre sont les suivants :
- L'innocence et la vulnérabilité: incarnées par Amina, la "jeune fille qui somnambule", personnage touchant dans sa fragilité.
- La fragilité de la réputation et le poids de la rumeur sociale: le village et ses malentendus constituent un microcosme social impitoyable.
- L'amour fidèle confronté à la jalousie: la relation tumultueuse entre Amina et Elvino explore les méandres du sentiment amoureux.
- La frontière ténue entre rêve et réalité: le somnambulisme devient un moteur dramaturgique puissant.
Bellini excelle à traduire ces émotions à travers des mélodies d’une simplicité bouleversante, souvent comparées à l’élégance de Chopin, et une orchestration délicate qui soutient la voix sans jamais l’écraser.
Distribution annoncée
Pour cette retransmission Live in HD du 18 octobre 2025, le Metropolitan Opera annonce la distribution de premier plan que voici:
- Amina: Nadine Sierra, soprano américaine acclamée pour ses interprétations dans "Lucia di Lammermoor" et "La Traviata", incarne la somnambule avec sa voix agile et son expressivité dramatique.
- Elvino: Xabier Anduaga, jeune ténor espagnol remarqué pour son rôle dans "L’Elisir d’Amore" en 2023 au Metropolitan Opera, apporte une voix lyrique et puissante.
- Lisa: Sydney Mancasola, soprano colorature (capable d'allier expression dramatique et prouesse technique), interprète l’aubergiste jalouse avec une présence scénique affirmée.
- Rodolfo: Alexander Vinogradov, basse russe, prête sa voix profonde au comte bienveillant.
Arias célèbres et synopsis complet
- Come per me sereno (Acte I)
Cette cavatine (courte pièce vocale) d’Amina, douce et lyrique, exprime sa joie et sa reconnaissance lors de ses fiançailles, traduisant l’innocence et l’exaltation de l’héroïne. La mélodie, riche en trilles, vocalises et envolées dans les aigus, met en valeur le bonheur d’Amina grâce à une ligne mélodique ample et un phrasé délicat, illustrant parfaitement l’art du Bel Canto bellinien. Cet air exigeant révèle, par la maîtrise du legato (consistant à lier les notes successives de sorte qu'il n'y ait pas de silence entre elles) et du souffle, la tendresse et la pureté du personnage.
En voici une double interprétation par respectivement Cecilia Bartoli et Nadine Sierra: - Son geloso del zefiro errante (Acte I)
Ce duo entre Amina et Elvino traduit la jalousie d’Elvino face aux attentions du comte Rodolfo. La cadence virtuose met en lumière la tension amoureuse, avec des lignes vocales entrelacées qui culminent dans des notes aiguës.
En voici une interprétation par Juan Diego Florez (Elvino) et Natalie Dessay (Amina): - Ah! non credea mirarti (Acte II)
L’air le plus célèbre de La Sonnambula, chanté par Amina en état de somnambulisme, débute par le cantabile (rythme lent et expressif) " Ah! non credea mirarti", d’une simplicité poignante, où elle exprime son désespoir face à l’abandon d’Elvino. Il est suivi de la cabaletta (rythme vif) "Ah! non giunge ", éclatante de joie, marquant la réconciliation et l’affirmation de son identité. Gravé sur la tombe de Bellini, ce duo cantabile–cabaletta constitue l’apogée lyrique et dramatique de l'Opéra, un sommet du Bel Canto et un incontournable du répertoire des sopranos.
En voici une double interprétation par respectivement Cecilia Bartoli et Nathalie Dessay: - Ah! non giunge uman pensiero (Acte II)
Cette cabaletta virtuose conclut brillamment l'arc émotionnel d'Amina. Mêlant virtuosité technique, vocalises époustouflantes et affirmation à la fois joyeuse et tragique, elle constitue une véritable démonstration qui couronne la transformation du personnage tout au long de l'opéra.
En voici une double interprétation par respectivement Nathalie Dessay et Jessica Pratt:
Impact et héritage
La Sonnambula a marqué l’histoire de l’Opéra par son rôle dans le développement du Bel Canto, caractérisé par des mélodies longues, fluides et expressives, et par une écriture vocale exigeant une maîtrise exceptionnelle des coloratures et du legato.
Cet opéra a été un rôle phare pour de nombreuses grandes sopranos depuis Giuditta Pasta et Maria Malibran au XIXème siècle jusqu’à Maria Callas, Joan Sutherland ou Natalie Dessay plus récemment. Ses arias, notamment la célèbre "Ah! non credea mirarti" et sa cabaletta "Ah! non giunge", sont devenues des pièces majeures du répertoire Bel Canto, souvent exécutées en concerts et récitals indépendamment du contexte scénique complet.
L'impact de La Sonnambula tient à sa capacité à unir une structure dramatique simple à une grande richesse émotionnelle et musicale, tout en requérant de ses interprètes une virtuosité raffinée qui souligne avec intelligence les nuances du texte. L'œuvre a influencé des compositeurs tels que Donizetti et son "Lucia di Lammermoor", partageant le traitement d’héroïnes tourmentées dans le bel canto romantique.
En 2025, une production novatrice et une distribution prestigieuse au MET continueront de faire vivre cette œuvre, perpétuant son héritage et sa séduction intemporelle.
La Sonnambula a marqué l’histoire de l’Opéra par son rôle dans le développement du Bel Canto, caractérisé par des mélodies longues, fluides et expressives, et par une écriture vocale exigeant une maîtrise exceptionnelle des coloratures et du legato.
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Nota Bene: Les informations/photos contenues dans cet article proviennent, pour l'essentiel, de sites Internet spécialisés (MET, Opera Online, Backtrack, ForumOpera, Ôlyrix) ainsi que de la "Mine d'or" YouTube. Sans oublier la véritable "Bible" en la matière que constitue le livre "Tout l'Opéra" de Gustave Kobbé.