dimanche 30 novembre 2025

Industrie 4.0 : Quand les USINES deviennent INTELLIGENTES ...

L’Industrie 4.0, ou quatrième révolution industrielle, représente une transformation majeure du secteur manufacturier grâce à l’intégration de technologies avancées. Cette révolution est caractérisée par l’utilisation notamment de l’Internet des Objets (IoT), de l’Intelligence Artificielle (IA), de la Robotique Avancée, de la Fabrication Additive (comme l’Impression 3D), du Big Data et de la Cybersécurité.

Ces technologies permettent de créer des "Usines Intelligentes" où machines, systèmes et humains interagissent en temps réel. Cette interconnectivité optimise l’efficacité, permet une personnalisation accrue des produits et améliore la flexibilité des chaînes de production. Les Usines Intelligentes peuvent s’adapter rapidement aux changements du marché et aux demandes des clients, formant ainsi des écosystèmes collaboratifs qui maximisent la performance globale.

Cependant, cette transition vers l’Industrie 4.0 nécessite des entreprises qu’elles repensent leurs stratégies, investissent dans de nouvelles compétences et adoptent une culture d’innovation. Bien que cette révolution industrielle offre des gains significatifs en termes d’efficacité et de productivité, elle ouvre également la voie à de nouveaux modèles économiques, redéfinissant ainsi les frontières du secteur manufacturier.

Cet article se propose précisément d'analyser les fondements de cette transformation, ses répercussions sur l’Industrie et les défis qu’elle représente pour les acteurs du marché. Il examinera également les tendances qui conduisent vers une ère industrielle inédite, façonnant l’économie et la société de demain.

I. Introduction à l'Industrie 4.0

L'évolution de l'Industrie dans le secteur manufacturier s'est réalisée autour des quatre grandes révolutions industrielles que voici:
  • Première révolution industrielle (fin du XVIIIème siècle, vers 1765)
    • Caractéristiques : Production mécanique - Introduction de la mécanisation grâce à l'énergie hydraulique et à la vapeur. Les machines remplacent le travail manuel dans des secteurs comme le textile et la métallurgie.
    • Impact : Naissance des usines et urbanisation massive.
  • Deuxième révolution industrielle (fin du XIXème siècle, vers 1870)
    • Caractéristiques : Production de masse - Utilisation de l'électricité et développement de la production de masse (chaînes de montage, comme chez Ford). Introduction des machines-outils et des procédés chimiques.
    • Impact : Augmentation de la productivité et standardisation des produits.
  • Troisième révolution industrielle (milieu du XXème siècle, vers 1969)
    • Caractéristiques : Production automatisée - Automatisation des processus grâce à l'électronique, aux ordinateurs et aux technologies de l'information. Apparition des robots industriels et des systèmes de contrôle programmables.
    • Impact : Amélioration de la précision et réduction des coûts de production.
  • Quatrième révolution industrielle (début du XXIème siècle, soit aujourd'hui)
    • Caractéristiques : Introduction des Nouvelles Technologies - Interconnexion des systèmes physiques et numériques via l'IoT, l'IA, le Big Data et le Cloud Computing. Les usines deviennent "intelligentes" avec des systèmes cyber-physiques capables de prendre des décisions autonomes.
    • Impact : Production flexible, traçabilité totale et intégration des chaînes d'approvisionnement mondiales.

L'importance de l'Industrie 4.0 réside dans sa capacité à transformer les modèles de production traditionnels. Elle favorise notamment:

  • L'efficacité opérationnelle : Automatisation et optimisation des processus.
  • La personnalisation de masse : Production adaptée aux besoins spécifiques des clients.
  • La durabilité : Réduction des déchets et optimisation des ressources.
  • La compétitivité : Capacité à répondre rapidement aux changements du marché.   
L'Industrie 4.0 marque une rupture avec les paradigmes industriels précédents en plaçant la connectivité et l'intelligence au cœur des processus manufacturiers. En adoptant ces technologies, les entreprises peuvent non seulement améliorer leur efficacité, mais aussi répondre aux exigences d'un marché en constante évolution.

II. Les Fondements Technologiques de l'Industrie 4.0

L'Industrie 4.0 s'appuie sur cinq des piliers de la Révolution Numérique (cf. image du haut): l'Internat des Objets (IdO ou IoT), le Cloud Computing, le Big Data, l'Intelligence Artificielle (IA) et les S
ystèmes de Communication Avancés (Fibre Optique et 5G). Chacune de ces cinq technologies ayant déjà fait l'objet d'une publication bien spécifique sur ce même Blog (on peut accéder directement à chacune d'entre elles, à partir du tableau "Sources" fourni en fin de page), nous nous limiterons donc à en rappeler l'essentiel dans ce qui suit, en précisant bien toutefois ce qu'elles apportent à l'Industrie 4.0.

A. Internet des Objets (IdO ou IoT)
  • Rôle de l'IoT :
    L'Internet des Objets (IoT) est un réseau de dispositifs physiques intégrant des capteurs, des logiciels et d'autres technologies pour connecter et échanger des données avec d'autres appareils et systèmes sur Internet. Dans le contexte de l'Industrie 4.0, l'IoT permet une surveillance et un contrôle en temps réel des processus industriels. Les capteurs collectent des données sur divers paramètres tels que la température, la pression, l'humidité et bien plus encore, permettant ainsi une visibilité complète des opérations.
  • Exemples d'utilisation :
    • Maintenance prédictive : Les capteurs IoT surveillent en permanence l'état des machines et des équipements. En analysant les données collectées, les entreprises peuvent prédire les défaillances potentielles et planifier des interventions de maintenance avant que les pannes ne se produisent, réduisant ainsi les temps d'arrêt et les coûts de réparation.
    • Suivi des actifs : Les dispositifs IoT permettent de suivre l'emplacement et l'état des actifs en temps réel. Cela est particulièrement utile pour la gestion des stocks et la logistique, où la connaissance précise de l'emplacement des articles peut améliorer l'efficacité et réduire les pertes.
    • Optimisation de la consommation d'énergie : Les capteurs IoT peuvent surveiller la consommation d'énergie des machines et des systèmes, permettant aux entreprises d'identifier les gaspillages et d'optimiser l'utilisation de l'énergie. Cela peut conduire à des économies significatives et à une réduction de l'empreinte carbone.
B. Cloud Computing
  • Rôle du Cloud :
    Le Cloud Computing implique le stockage et le traitement des données sur des serveurs distants accessibles via Internet, plutôt que sur des serveurs locaux ou des ordinateurs personnels. Cette migration vers le Cloud permet aux entreprises de bénéficier de ressources informatiques évolutives et flexibles, sans avoir à investir dans des infrastructures coûteuses et complexes.
  • Avantages :
    • Accessibilité : Les données et les applications basées sur le Cloud sont accessibles de n'importe où et à tout moment, tant qu'une connexion Internet est disponible. Cela facilite le travail à distance et la collaboration entre les équipes situées dans différents endroits géographiques.
    • Flexibilité et évolutivité : Les entreprises peuvent facilement ajuster leurs ressources de calcul et de stockage en fonction de leurs besoins. Par exemple, elles peuvent augmenter leurs capacités pendant les périodes de forte demande et les réduire pendant les périodes creuses, optimisant ainsi les coûts.
    • Sécurité et sauvegarde : Les fournisseurs de Services Cloud investissent massivement dans des mesures de sécurité avancées pour protéger les données de leurs clients. De plus, les données sont généralement sauvegardées sur plusieurs sites, ce qui réduit le risque de perte de données en cas de défaillance matérielle ou de catastrophe naturelle.
    CBig Data et Data Analytics
    • Rôle crucial dans l'analyse des données :
      Le Big Data fait référence à des ensembles de données si volumineux et complexes qu'ils nécessitent des technologies et des méthodes analytiques avancées pour être traités. L'analyse de ces données permet aux entreprises de découvrir des tendances, des modèles et des "insights" (1) qui ne seraient pas visibles autrement. Ces informations sont essentielles pour prendre des décisions éclairées et stratégiques.
    • Exemples d'utilisation :
      • Optimisation de la chaîne d'approvisionnement : En analysant les données de vente, de stock et de logistique, les entreprises peuvent prévoir la demande future et optimiser leurs niveaux de stock. Cela permet de réduire les coûts de stockage et de minimiser les risques de rupture de stock ou de surstockage.
      • Amélioration de la qualité des produits : L'analyse des données de production permet d'identifier les défauts et les tendances de qualité. Les entreprises peuvent utiliser ces informations pour apporter des améliorations continues à leurs produits et processus de fabrication, augmentant ainsi la satisfaction des clients.
      • Personnalisation de l'expérience client : En analysant les données des clients, les entreprises peuvent mieux comprendre leurs préférences et leurs comportements. Cela permet de personnaliser les offres et les interactions, améliorant ainsi l'expérience client et renforçant la fidélité.
      D. Intelligence Artificielle et Machine Learning
      • Applications de l'IA et du ML :
        L
        'Intelligence Artificielle (IA) et sa composante Machine Learning (ML) sont des technologies qui permettent aux machines d'apprendre à partir de données et d'améliorer leurs performances au fil du temps, sans être explicitement programmées. Dans l'Industrie 4.0, l'IA et le ML sont utilisés notamment pour automatiser les tâches, améliorer la précision des processus et prévoir les pannes.
      • Impacts :
        • Automatisation des tâches : Les robots et les systèmes automatisés, guidés par l'IA, peuvent effectuer des tâches répétitives et complexes avec une grande précision et une grande rapidité. Cela permet de libérer les travailleurs humains pour des tâches plus créatives et stratégiques.
        • Prévision des pannes : Les algorithmes de ML analysent les données des capteurs pour identifier les modèles et les anomalies qui peuvent indiquer une défaillance imminente des équipements. Cela permet aux entreprises de planifier des interventions de maintenance proactive, réduisant ainsi les temps d'arrêt et les coûts de réparation.
        • Optimisation des processus : L'IA et le ML peuvent être utilisés pour optimiser divers processus industriels, tels que la planification de la production, la gestion des stocks et la logistique. En analysant les données et en identifiant les tendances, ces technologies peuvent aider les entreprises à améliorer leur efficacité et leur productivité.
        E. Communications Avancées (Fibre Optique et 5G)
        • Avantages de la Fibre Optique et de la 5G :
          L
          a Fibre Optique (FO) et la 5G sont des technologies de communication avancées qui offrent des vitesses de transmission de données ultra-rapides et une latence réduite.
          L
          a FO offre une bande passante élevée et une stabilité essentielle pour le traitement de données massives, réduisant les interruptions et améliorant la sécurité des données. Elle est cruciale pour les applications Cloud et IoT.
          L
          a 5G permet une connectivité ultra-rapide et fiable entre les machines, les systèmes et les dispositifs. Cela facilite la communication en temps réel et l'échange de données critiques, améliorant ainsi l'efficacité et la réactivité des processus industriels.
          Ces caractéristiques sont essentielles pour les applications de l'Industrie 4.0, où la communication en temps réel et l'échange de données critiques sont cruciaux. Elles permettent d'interconnecter des systèmes opérationnels, d'améliorer la productivité des employés et des machines, et de renforcer leur compétitivité sur des marchés mondiaux en rapide évolution.
        • Exemples d'utilisation :
          • Usines Intelligentes : Dans les usines intelligentes, les machines et les systèmes doivent communiquer entre eux de manière rapide et fiable pour optimiser les processus de production. La 5G permet cette communication en temps réel, améliorant ainsi l'efficacité globale et la flexibilité des opérations.
          • Véhicules Autonomes : Les Véhicules Autonomes dépendent de la communication en temps réel avec les infrastructures et les autres véhicules pour naviguer de manière sûre et efficace. La 5G facilite cette communication, améliorant ainsi la sécurité et l'efficacité des transports autonomes (voir section IV plus bas pour plus de détails).
          • Réalité Augmentée et Réalité Virtuelle (cf. détails dans section III ci-dessous): La 5G permet des applications de Réalité Augmentée (RA) et de Réalité Virtuelle (RV) en temps réel, ce qui peut être utilisé pour la formation des employés, la maintenance des équipements et la visualisation des processus industriels. Cela peut améliorer l'efficacité et la précision des opérations, tout en réduisant les coûts et les risques associés à la formation et à la maintenance.
        III. Les Technologies Complémentaires

        Comme on vient de le voir, l'Industrie 4.0 s’appuie sur les cinq technologies fondamentales que sont l’Internet des Objets (IoT), le Cloud Computing, le Big Data, l’Intelligence Artificielle (IA) et la 5G. En réalité, six autres technologies y jouent également un rôle déterminant : la Cybersécurité, la Robotique Avancée, la Fabrication Additive (impression 3D), la Visualisation 3D (Réalité AugmentéeRéalité Virtuelle, Navigation Multi-Angles), les Jumeaux Numériques (JN) et l’Interopérabilité des systèmes. Voici quelques détails sur ces technologies complémentaires, accompagnés d'exemples concrets d’application.

        A. Cybersécurité
        • La protection des données, enjeu majeur des usines connectées
          Dans l’Industrie 4.0, les usines intelligentes s’appuient sur des réseaux interconnectés, des capteurs IoT et des systèmes numériques intégrés. Cette hyperconnectivité accroît les risques de cyberattaques: vols de données, ransomwares ou sabotages de processus industriels. Une seule faille peut paralyser la production, engendrer des pertes financières ou compromettre des données sensibles.
          En 2020, l’attaque par "ransomware" contre Honda a perturbé ses activités mondiales, soulignant l’urgence d’une cybersécurité renforcée. Avec l’essor de la 5G et de l’IoT, les points d’entrée pour les pirates se multiplient, rendant la protection des infrastructures industrielles plus critique que jamais.
        • Solutions et technologies pour sécuriser l’Industrie
          Plusieurs approches et outils sont déployés pour protéger les environnements industriels :
          • Chiffrement des données : Les échanges Machine-à-Machine (M2M) et les données Cloud sont cryptés pour éviter les interceptions. Siemens utilise par exemple le protocole TLS (Transport Layer Security) pour sécuriser ses systèmes d’automatisation.
          • Blockchain : Cette technologie (2) assure la traçabilité et l’intégrité des données. Walmart utilise la blockchain "IBM Food Trust" pour suivre les produits alimentaires, limitant les fraudes.
          • Pare-feu industriels et détection d’intrusion : Des solutions comme celles de "Palo Alto Networks" filtrent le trafic réseau, tandis que les systèmes IDS surveillent les anomalies en temps réel.
          • Authentification Multifactorielle (MFA) : L’accès aux systèmes sensibles est verrouillé par des mots de passe, jetons ou biométrie. General Electric applique cette méthode pour sécuriser sa plateforme "Predix".
          • Mises à jour et gestion des vulnérabilités : Bosch, par exemple, applique des correctifs réguliers pour sécuriser ses équipements connectés.
        Ces mesures, associées à des audits fréquents et à la sensibilisation des employés, renforcent la résilience des usines intelligentes.

        B. Robotique Avancée

        • Robots Collaboratifs et Robots Autonomes : une nouvelle ère industrielle
          L
          a Robotique Avancée inclut les Robots Collaboratifs (Cobots) et les Robots Autonomes (RA), capables de travailler aux côtés d'humains ou d’exécuter des tâches complexes sans supervision.
          Les Cobots, comme ceux de "Universal Robots", sont équipés de capteurs pour une interaction sécurisée avec les opérateurs.
          Les Robots Autonomes, pilotés par l’IA, prennent des décisions en temps réel, comme ceux d’"Amazon Robotics" dans les entrepôts.
          Ces robots se distinguent par leur flexibilité, leur capacité d’apprentissage et leur intégration avec d’autres technologies (IoT, Big Data) pour optimiser les processus.
        • Applications industrielles de la Robotique
          • Automobile : Chez Tesla, des Cobots "Fanuc" assistent les ouvriers dans l’assemblage des véhicules électriques, améliorant précision et productivité.
          • Logistique : Les robots "Kiva" d’Amazon déplacent automatiquement les étagères, réduisant les erreurs et accélérant les livraisons.
          • Pharmacie : Pfizer utilise des Cobots pour manipuler des substances sensibles en milieu stérile, garantissant la conformité aux normes.
          • Aéronautique : Airbus emploie des RA (Robots Autonomes) pour percer et assembler des pièces, réduisant les délais de production de 30 %.
        La Robotique Avancée améliore ainsi l’efficacité, la sécurité et l’agilité des chaînes de production.

        C. Fabrication Additive (Impression 3D)

        • Une révolution dans les méthodes de production
          L
          ’Impression 3D construit des objets couche par couche à partir de modèles numériques, utilisant des matériaux comme le plastique, le métal ou la céramique. Cette technologie réduit les coûts, les délais et le gaspillage, tout en permettant une personnalisation inédite. Contrairement à l’usinage traditionnel, elle ne nécessite pas de moules coûteux, ce qui la rend idéale pour les prototypes et les petites séries.
          E
          lle permet aussi de réaliser des designs complexes impossibles à produire autrement, tout en minimisant l’impact environnemental grâce à une utilisation optimale des matériaux.
        • Exemples d’applications innovantes
          • Aéronautique : GE Aviation imprime des buses de carburant pour moteurs d’avion, remplaçant 20 pièces assemblées par une seule, avec une réduction de poids et de coûts de 25 %.
          • Médical : Stryker fabrique des implants orthopédiques sur mesure en quelques jours au lieu de semaines.
          • Automobile : BMW imprime des prototypes et des outils personnalisés, accélérant le développement de nouveaux modèles.
          • Mode : Adidas produit des semelles de chaussures adaptées à la morphologie des clients.
        L’Impression 3D ouvre ainsi la voie à une production plus rapide, flexible et durable.

        D. Visualisation 3D (V3D)

        La Visualisation 3D joue un rôle décisif dans la transformation des modes de production et de formation. Elle recouvre notamment la  Réalité Virtuelle (RV), la Réalité Augmentée (RA) et la Navigation Multi-Angles (NMA). Celles-ci permettent de mieux concevoir, collaborer et intervenir grâce à une interaction plus intuitive avec l’information numérique.

        • Rappel sur ces trois technologies
          L
          Réalité Virtuelle (RV) plonge l’utilisateur dans un environnement entièrement numérique, coupé du monde réel et généré de toutes pièces, grâce à un casque immersif. Elle recrée des situations complexes ou dangereuses; sans exposition au risque.
          La Réalité Augmentée (RA), à l’inverse de la RV, enrichit la perception du monde physique réel en y superposant en temps réel des éléments virtuels (schémas, données ou consignes) visibles sur lunettes ou tablettes, tout en conservant le contact avec l’environnement physique.
          La Navigation Multi-Angles (NMA)
           représente une approche plus classique mais non moins essentielle de la Visualisation 3D. Elle désigne la capacité pour un utilisateur de se déplacer librement dans un espace virtuel tridimensionnel et de choisir son point de vue, en modifiant les angles d'observation, les distances et les perspectives, tout cela via une interface traditionnelle sur écran 2D. Contrairement à la RV qui nécessite un équipement immersif et à la RA qui fusionne réel et virtuel, la NMA fonctionne sur des écrans standards d'ordinateurs, de smartphones ou de stations de travail. Elle ne vise pas l'immersion sensorielle totale mais plutôt le contrôle précis et la flexibilité de visualisation. L'utilisateur observe le modèle 3D "de l'extérieur" plutôt que de s'y trouver plongé.

        • Exemples de domaines d’application
          • Réalité Virtuelle (RV)
            • Formation: Airbus forme ses techniciens sur des maquettes numériques et EDF simule les interventions en milieu nucléaire pour réduire les risques et le coût des essais réels.
            • Conception: Ford et Volkswagen testent virtuellement prototypes et chaînes de production, ce qui optimise la phase de conception et limite la fabrication de prototypes physiques.
            • Collaboration: Des équipes situées dans différents pays se réunissent dans des environnements virtuels partagés, afin de travailler de manière simultanée et interactive.
          • Réalité Augmentée (RA)
            • Maintenance: Chez Thyssenkrupp, les techniciens consultent en direct l’historique d’un équipement et les instructions de réparation, réduisant de 30% le temps d’intervention.
            • Assemblage: Boeing utilise la RA pour guider le câblage des avions, permettant une diminution de 90% des erreurs et un gain de 25% sur la rapidité d’exécution.
            • Logistique: DHL équipe ses préparateurs de commandes de dispositifs de guidage visuel, améliorant la précision et la vitesse des opérations en entrepôt.
            • Contrôle qualité: Porsche compare instantanément les pièces physiques avec leurs modèles numériques afin d’assurer un ajustement parfait.
          • Navigation Multi-Angles (NMA)
            • Conception d’atelier/ligne: Exploration d’un Jumeau Numérique (cf. paragraphe "E" ci-dessous) pour valider implantations, ergonomie, flux et interactions homme‑robot avant investissement réel.​
            • Formation Immersive: Parcours pédagogiques où l’on passe de la vue opérateur à la vue superviseur pour apprendre gestes, sécurité et lecture des indicateurs.​
            • Conception Assistée par Ordinateur: Les ingénieurs et designers peuvent tourner autour de leurs modèles, zoomer sur des détails spécifiques, couper des sections pour voir l'intérieur, et explorer sous tous les angles leurs créations avant même qu'elles n'existent physiquement. 
            • Google Earth: Exemple grand public de NMA appliquée à la cartographie. Les utilisateurs peuvent naviguer librement sur le globe terrestre, ajuster leur altitude, incliner leur vue et explorer des environnements 3D reconstitués de villes entières.
        • Bénéfices mesurés
          L’intégration de la RV, de la RA et de la NMA apporte des gains tangibles:
          • Productivité accrue de 25 à 40% sur les lignes d’assemblage.
          • Réduction de 90% des erreurs grâce à l’assistance visuelle.
          • Diminution de 30 à 50% du temps de formation.
          • Sécurité renforcée par l’apprentissage sans exposition réelle aux dangers.
          • Baisse des coûts liée à la réduction des déplacements et à la suppression de nombreux prototypes.
        • Vers la convergence technologique
          L
          a combinaison avec l’Internet des Objets (IoT) et les systèmes d’Intelligence Artificielle amplifie encore leur potentiel. General Electric visualise en RA les données issues des capteurs IoT pour suivre en direct l’état interne de ses turbines. Chez BMW, l’IA détecte automatiquement les défauts qualité sur les pièces produites et les affiche aux opérateurs via des lunettes connectées.
        En complémentarité avec les opérateurs humains, ces technologies immersives augmentent leurs capacités plutôt qu’elles ne les remplacent. Couplé à la 5G et à l’IA, le trio "RV+RA+NMA" contribue à l’émergence de l’Usine Intelligente: plus agile, plus productive et plus sûre.

        E. Les Jumeaux Numériques (JN)

        Les Jumeaux Numériques (JN)ou Digital Twin (DT), occupent une place centrale dans la transformation des systèmes industriels connectés. En associant modélisation, capteurs et Intelligence Artificielle, ils permettent de comprendre, anticiper et perfectionner le fonctionnement des installations physiques. 

        Ce concept de JN repose sur la reproduction virtuelle d’une infrastructure réelle, qu’il s’agisse d’un objet connecté ou d’un système complexe, afin d’analyser son fonctionnement et d’en améliorer les performances.

        • Définition précise
          Un JN (Jumeau Numérique) est une réplique virtuelle dynamique d’une entité physique associée (objet, système ou processus), qui évolue en temps réel grâce à un flux continu de données collectées sur cette même entité par le biais de capteurs IoT (Internet des Objets). Exprimé autrement, le Jumeau Numérique “vit” au même rythme que son Jumeau Physique, grâce à des flux de données continus.
          Il intègre une modélisation 3D détaillée, des données issues de capteurs IoT transmises en temps réel, et des algorithmes d’IA capables d’analyser ces flux. Ce "double" (au sens "jumeau" du terme) virtuel exécute des simulations et ajuste en continu ses paramètres pour prédire les performances, anticiper les défaillances ou optimiser la production de l'entité physique associée.
        • Principe de fonctionnement d'un JN
          Le Jumeau Numérique repose sur l’intégration des quatre composants technologiques indissociables qui assurent la connexion continue
          • L'objet physique (le "vrai" jumeau)
            Une machine, un bâtiment, un véhicule, une usine, voire une ville entière.
            Entité physique dotée
             de capteurs et dispositifs IoT (Internet des Objets).
            Exemple Tesla : Une Model 3 avec ses 200+ capteurs (température, pression, accélération, GPS, caméras, etc.)
          • Le modèle numérique (l'avatar ou jumeau "virtuel")
            Il est basé sur une Représentation 3D, des équations mathématiques et des algorithmes. Il simule le comportement physique, thermique et mécanique.
            Exemple Tesla : Modèle virtuel du pack de batteries avec simulation des réactions électrochimiques.
          • La connexion bidirectionnelle (le lien vital) entre les deux
            Flux montant : Données réelles → Jumeau Numérique (télémétrie).
            F
            lux descendant : Commandes, mises à jour → Objet Physique.
            Exemple Tesla : Connexion 4G/5G permanente entre véhicule et serveurs.
          • Les services intelligents (le cerveau de l'ensemble)
            Optimisation et recommandations.
            Analyse de données (Big Data, IA).
            Simulation prédictive.

            Exemple Tesla : Algorithmes qui prédisent l'autonomie restante, détectent les anomalies, etc.
        • Exemples d'applications industrielles
          • Maintenance prédictive - Siemens applique les Jumeaux Numériques à ses turbines à gaz. Les modèles identifient les signaux faibles annonciateurs d’une défaillance et programment les interventions au moment le plus opportun, ce qui réduit de 30 à 50% les arrêts non planifiés.
          • Optimisation de la production - Schneider Electric a développé des répliques virtuelles de ses sites industriels. Ces modèles permettent de simuler des opérations complètes, de repérer les goulots d’étranglement et de réorganiser les flux sans perturber les lignes de production.
          • Conception et développement Chez Tesla (déjà mentionné), chaque véhicule possède son propre JN. Les informations recueillies durant l’usage réel servent à améliorer la conception des futurs modèles, à corriger les défauts et à perfectionner l’efficacité de la flotte mondiale.
          • Gestion énergétique - General Electric exploite cette technologie pour ses fermes éoliennes. Les Jumeaux Numériques ajustent automatiquement l’orientation des pales en fonction des conditions météorologiques, augmentant ainsi la production d’énergie de près de 20%.
          • Formation et simulation - Airbus utilise des environnements virtuels totalement fidèles à la réalité pour former ses pilotes et techniciens. Ces simulateurs basés sur des JN reproduisent les comportements exacts des systèmes mécaniques et électroniques, garantissant un apprentissage sans danger ni interruption d’activité.
        • Bénéfices observés
          • Réduction de 30 à 50% des arrêts non planifiés.
          • Amélioration de 15 à 20% de l’efficacité énergétique.
          • Diminution de moitié des temps de développement grâce aux tests virtuels.
          • Détection précoce de 95% des défauts potentiels.
          • Augmentation de 20 à 30% de la durée de vie des équipements optimisés.
        • Distinction et complémentarité entre JN, RA, RV et NMA
          • Nature conceptuelle
            L
            e JN constitue un modèle autonome alimenté sans interruption par des données issues du monde physique. Sa finalité est analytique et opérationnelle plutôt que visuelle.
            Comme on l'a vu dans le paragraphe précédent, la Réalité Augmentée (RA), la Réalité Virtuelle (RV) et la Navigation Multi-Angles (NMA) sont, quant à elles, centrées sur l’expérience humaine: elles permettent de visualiser et d’interagir avec des environnements numériques, qu’ils soient superposés à la réalité ou entièrement synthétiques.
          • Objectif fonctionnel
            Le JN (Jumeau Numérique) sert principalement à simuler des scénarios, effectuer des analyses prédictives et ajuster automatiquement les paramètres d’un système à partir de données factuelles.
            La RA affiche des informations contextuelles directement dans le champ de vision de l’opérateur pour faciliter les interventions.
            La RV offre un cadre immersif où les ingénieurs et techniciens conçoivent, testent ou s’entraînent sans risque sur des représentations virtuelles.
            La NMA sert pour la conception technique, l'analyse détaillée, la visualisation exploratoire et le contrôle précis.
          • Complémentarité des approches
            C
            es trois technologies ne s’opposent pas: elles se renforcent mutuellement pour créer des environnements industriels intelligents. Le JN fournit la base de données et la logique prédictive, tandis que la RA, la RV et la NMA rendent ces informations tangibles et compréhensibles.
        F. Interopérabilité des Systèmes

        • La clé de l’intégration industrielle
          L'
          interopérabilité permet à des équipements, logiciels et plateformes hétérogènes de communiquer efficacement. Des normes comme OPC UA ou MQTT assurent que robots, capteurs et systèmes ERP échangent des données en temps réel. Sans elle, l’Industrie 4.0 serait fragmentée et inefficace.
        • Applications pratiques
          • Maintenance prédictive: Chez General Electric, OPC UA relie les capteurs IoT à la plateforme Predix pour une analyse en temps réel.
          • Automatisation flexible: Bosch connecte robots, machines CNC et ERP pour reconfigurer rapidement les lignes de production.
          • Chaîne logistique: Procter & Gamble utilise MQTT pour synchroniser usines et fournisseurs, optimisant les stocks.
          • Équipements multi-marques: Shell intègre des systèmes de différents fabricants, réduisant les coûts d’intégration de 30 %.
        • L’interopérabilité brise les silos technologiques, améliore l’efficacité et permet une évolution scalable des usines intelligentes.

        Ces technologies (Cybersécurité, Robotique Avancée, Impression 3D, RA, RV, NMA, JN et Interopérabilité) complètent donc les piliers de l’Industrie 4.0 en renforçant la sécurité, l’efficacité et la flexibilité. Leur adoption stratégique permet aux entreprises de rester compétitives dans un paysage industriel en mutation rapide.

        IV. Cas Pratiques et Exemples de Réussite

        Voici une présentation concise de plusieurs cas d'entreprises ayant implémenté avec succès des solutions de l'Industrie 4.0, avec un focus sur les bénéfices en efficacité, productivité et compétitivité.

        A. Siemens : Usine numérique à Amberg (Allemagne)
        • Contexte : Siemens a transformé son usine d'Amberg en une Usine Numérique modèle pour la production de composants électroniques.
        • Mise en œuvre :
          • Technologies: IoT, automatisation avancée, jumeaux numériques, et analyse de données via des plateformes comme MindSphere.
          • Application: Gestion automatisée des processus, du design à la production, avec des systèmes interconnectés pour une traçabilité complète.
        • Bénéfices :
          • Efficacité: Réduction des défauts de production à moins de 10 ppm (parties par million).
          • Productivité: Augmentation de la capacité de production de 12 fois avec la même superficie, grâce à l'automatisation.
          • Compétitivité: Flexibilité accrue pour personnaliser les produits, renforçant la position de Siemens sur le marché global.
        B. General Electric (GE) : Maintenance prédictive dans l'aviation
        • Contexte : GE Aviation a intégré des solutions Industrie 4.0 pour optimiser la maintenance de ses moteurs d'avion.
        • Mise en œuvre :
          • Technologies: Capteurs IoT, Big Data et IA via la plateforme Predix.
          • Application: Analyse en temps réel des données des moteurs pour prévoir les besoins de maintenance.
        • Bénéfices :
          • Efficacité: Réduction des temps d'arrêt des avions de 20 % grâce à la maintenance prédictive.
          • Productivité: Optimisation des cycles de maintenance, prolongeant la durée de vie des moteurs.
          • Compétitivité: Offre de services innovants (maintenance basée sur les données), différenciant GE sur le marché aéronautique.
        C. Bosch : Usine Connectée (Stuttgart/Allemagne)
        • Contexte : Bosch a modernisé son usine de Stuttgart pour produire des composants automobiles de manière connectée.
        • Mise en œuvre :
          • Technologies: Robots collaboratifs, RFID pour le suivi des pièces, et systèmes MES (Manufacturing Execution Systems).
          • Application: Production flexible et traçabilité des composants en temps réel.
        • Bénéfices :
          • Efficacité: Réduction des délais de reconfiguration des lignes de production de 30 %.
          • Productivité: Augmentation de 15 % de la production grâce à l'automatisation et la connectivité.
          • Compétitivité: Capacité à répondre rapidement aux variations de la demande, renforçant la position de Bosch face à la concurrence..
        D. Schneider Electric : Maintenance prédictive grâce à la 5G
        • Contexte : Schneider Electric, leader mondial en gestion de l'énergie et automatisation, a intégré la 5G dans ses usines pour optimiser la maintenance de ses équipements industriels.
        • Mise en œuvre :
          • Technologie utilisée: Réseau 5G privé pour connecter des capteurs intelligents et des systèmes de gestion avancés.
          • Application: Surveillance en temps réel des équipements pour anticiper les pannes via la maintenance prédictive.
          • Infrastructure: Combinaison de la 5G pour une faible latence et de la Fibre Optique pour une bande passante élevée, permettant le transfert rapide de grandes quantités de données vers des systèmes d'analyse.
        • Bénéfices :
          • Efficacité: Réduction des temps d'arrêt des machines grâce à la détection précoce des anomalies, diminuant les interruptions imprévues.
          • Productivité: Amélioration de 20 % de la disponibilité des équipements, permettant une production continue et optimisée.
          • Compétitivité: Réduction des coûts de maintenance et renforcement de la fiabilité, positionnant Schneider Electric comme un acteur de référence dans l'Industrie 4.0.
        E. Renault : Optimisation des chaînes d'approvisionnement avec la 5G
        • Contexte : Renault, constructeur automobile bien connu, a adopté la 5G pour améliorer la gestion de ses usines et de ses chaînes d'approvisionnement.
        • Mise en œuvre :
          • Technologie utilisée: Réseau 5G pour connecter les systèmes IoT (Internet des Objets) et les capteurs dans les usines.
          • Application: Gestion en temps réel des flux logistiques et suivi des pièces sur les lignes de production.
          • Infrastructure: La fibre optique soutient la 5G en offrant une connectivité stable et rapide pour le traitement des données massives générées par les capteurs.
        • Bénéfices :
          • Efficacité: Optimisation des flux logistiques, réduisant les délais d'approvisionnement de 15 %.
          • Productivité: Augmentation de la cadence de production grâce à une meilleure synchronisation des opérations, avec une réduction des erreurs de 10 %.
          • Compétitivité: Amélioration de la réactivité face aux demandes du marché, renforçant la position de Renault face à la concurrence mondiale.
        F. Dassault Systèmes : Réalité Virtuelle pour l'industrie aéronautique
        • Contexte : Dassault Systèmes, spécialiste des solutions logicielles, utilise la 5G pour développer des applications de Réalité Virtuelle (VR) destinées à l'industrie aéronautique.
        • Mise en œuvre :
          • Technologie utilisée: Réseau 5G pour transmettre des données volumineuses en temps réel, couplé à la fibre optique pour une connectivité fiable.
          • Application: Conception et simulation de produits en Réalité Virtuelle, permettant aux ingénieurs de collaborer à distance sur des modèles 3D complexes.
          • Infrastructure: La Fibre Optique garantit un débit symétrique pour les transferts de fichiers lourds, tandis que la 5G permet une faible latence pour les interactions en temps réel.
        • Bénéfices :
          • Efficacité: Réduction de 30 % du temps nécessaire pour les cycles de conception grâce à des simulations en temps réel.
          • Productivité: Collaboration fluide entre équipes distantes, augmentant la productivité des ingénieurs de 25 %.
          • Compétitivité: Accélération de l'innovation et réduction des coûts de prototypage, renforçant la position de leader de Dassault Systèmes dans l'Aéronautique.
        Les cas de Schneider Electric, Renault et Dassault Systèmes illustrent comment la Fibre Optique et la 5G catalysent la transformation vers l'Industrie 4.0. En combinant connectivité ultra-rapide, faible latence et stabilité, ces technologies permettent aux entreprises d'atteindre des niveaux d'efficacité et de productivité inégalés, tout en consolidant leur avantage concurrentiel. Les investissements dans ces infrastructures, bien que significatifs, offrent un retour sur investissement rapide grâce aux gains opérationnels et à l'innovation qu'elles permettent.

        G. Exemple typique des Véhicules Autonomes  (VA)

        Il existe, à travers le monde, plusieurs services de Véhicules Autonomes (VA), c'est-à-dire équipées d'un système de pilotage automatique leur permettant de se déplacer, sans intervention humaine, dans des conditions de circulation réelles. 

        Ces VA représentent l’illustration la plus aboutie de l’Industrie 4.0 car ils intègrent et combinent toutes ses technologies clés. Grâce aux capteurs IoT, ils collectent en temps réel d’innombrables données sur leur environnement, que l’Intelligence Artificielle analyse afin de prendre des décisions instantanées de conduite. Le Cloud et l'Edge Computing permettent de traiter ces informations avec rapidité et fiabilité, tandis que la connectivité 5G assure une communication continue avec les infrastructures et les autres véhicules. Pour garantir la sécurité et la confiance, la cybersécurité joue un rôle essentiel dans la protection des systèmes embarqués. 

        L’automatisation se traduit par une conduite sans intervention humaine, complétée par l’usage de la simulation numérique et de la réalité augmentée pour concevoir, tester et perfectionner ces technologies complexes. Enfin, les VA contribuent à une mobilité plus durable en optimisant les trajets et en réduisant les émissions. Ainsi, ils incarnent pleinement la convergence technologique et la transformation industrielle propre à l’Industrie 4.0.

        V. Les Défis et Perspectives

        L’Industrie 4.0, incarnant la quatrième révolution industrielle, suscite autant d’espoirs que de préoccupations dans les usines du XXIème siècle. Derrière la promesse d’une transformation digitale spectaculaire, les obstacles restent nombreux et multifactoriels.

        A. Des obstacles bien réels

        • Coût d’investissement :
          Parmi les défis majeurs, le coût d’investissement représente un frein important: déployer des capteurs connectés, des robots collaboratifs et des systèmes d’Intelligence Artificielle exige des moyens financiers considérables, inaccessibles pour une grande partie des PME. Le retour sur investissement se mesure rarement avant plusieurs années, ce qui accentue la prudence des dirigeants industriels.
        • Cybersécurité :
          Celle-ci s’impose comme une condition incontournable. La généralisation des équipements connectés multiplie les points d’entrée pour les cyberattaques, et de nombreuses entreprises gardent en mémoire les perturbations subies par l’industrie mondiale lors de l’attaque NotPetya, survenue le 27 juin 2017 (3)

          La protection des données et des infrastructures sensibles, encadrée par des réglementations strictes, requiert des solutions adaptées et une formation continue des équipes.
        • Dimension humaine :
          U
          n autre chantier, souvent sous-estimé, concerne la dimension humaine. Les métiers industriels évoluent rapidement, entraînant des inquiétudes sur la substitution des ouvriers par des machines intelligentes. Former aux nouvelles technologies et faire émerger des profils hybrides, capables de jongler entre ingénierie traditionnelle et maîtrise du numérique, demeure un enjeu crucial.

          En France, le déficit de compétences dans les domaines techniques, la robotique et la cybersécurité entrave le déploiement à grande échelle de l’industrie connectée.
        • Interopérabilité technique :
          A l'évidence, un véritable 
          "casse-tête". L’absence de standards contraint les entreprises à développer des interfaces sur mesure pour faire communiquer équipements de marques différentes, complexifiant la gestion et multipliant les coûts de maintenance.

        B. Un futur qui se dessine

        Malgré ces obstacles, le secteur avance grâce à l’innovation. Les Jumeaux Numériques Autonomes, boostés par l’Intelligence Artificielle, devraient bientôt optimiser la production sans intervention humaine. Des usines pionnières expérimentent déjà la "5G privée" pour connecter en temps réel des milliers de machines, robotiser la maintenance et piloter la logistique avec une précision inédite.

        Parallèlement, l’économie dite "de l’usage" ouvre de nouveaux modèles: des entreprises comme Michelin ou Rolls-Royce adoptent la facturation à la performance ou au kilomètre plutôt qu’à la vente de produits, grâce à la mesure fine permise par l’Internet des Objets.

        C. L'émergence de l'Industrie 5.0

        Face à la crainte d’une automatisation déshumanisante, le concept d’"Industrie 5.0" gagne du terrain. Plébiscité en Europe, il replace l’humain au centre des process: les robots deviennent des alliés pour améliorer le bien-être au travail et réduire la pénibilité, comme l’illustrent les expérimentations d’exosquelettes chez BMW (4).

        La véritable mutation industrielle ne sera pas uniquement technique. Elle suppose une évolution culturelle permettant de conjuguer efficacité, confiance dans la machine et responsabilité sociale. Les choix d’aujourd’hui façonneront la place de l’humain et la soutenabilité de l’industrie de demain.


        VI. Opportunités de carrières offertes en France

        La transformation numérique des usines en France génère des métiers nouveaux, très qualifiés et bien rémunérés, reflétant une profonde mutation du marché industriel. L’Industrie 4.0 ne détruit pas d’emplois; au contraire, elle ambitionne d'en créer environ 200 000 d’ici 2030, malgré une pénurie actuelle de 50 000 profils qualifiés. 

        A. Les métiers qui explosent 

        • L'Ingénieur JN (Jumeau Numérique) arrive en tête des profils recherchés. Il crée des répliques virtuelles d'équipements pour simuler et optimiser leur fonctionnement. Salaires: de 38 000 € en début de carrière à 95 000 € pour un profil senior. Airbus, Dassault Systèmes et Schneider Electric recrutent activement.
        • Le Data Scientist Industriel analyse les millions de données générées par les capteurs pour prédire les pannes et améliorer la production.
          Salaires: 40 000 € en junior, jusqu'à 110 000 € pour un expert. Renault Group, Saint-Gobain et Michelin chassent ces profils rares combinant expertise industrielle et maîtrise de l'IA.
        • L'Expert Cybersécurité OT/IT (5) protège les systèmes industriels connectés contre les cyberattaques, un enjeu critique depuis l'explosion de l'IoT. Avec des salaires pouvant atteindre 120 000 € pour les profils expérimentés, c'est l'un des métiers les mieux payés du secteur. EDF, Thales et Naval Group sont en quête permanente de tels spécialistes.
        • L'Ingénieur Cobotique programme et intègre des Robots Collaboratifs dans les lignes de production. Entre 35 000 € pour un débutant et 85 000 € pour un senior, ces profils sont courtisés par Stellantis, Valeo et Stäubli (Suisse).
        B. Les métiers traditionnels se réinventent

        La révolution numérique transforme aussi les emplois existants: 
        • Le Technicien de Maintenance 4.0 n'utilise plus seulement une clé à molette: il pilote des robots, analyse des données IoT et porte des lunettes de RA (Réalité Augmentée) pour diagnostiquer les pannes. Sa rémunération évolue de 24 000 € à 55 000 € selon l'expertise.
        • L'Opérateur de Production 4.0 collabore désormais avec des Cobots, utilise parfois un exosquelette pour les tâches physiques et supervise via des interfaces digitales. Les salaires passent de 22 000 € en début de carrière à 48 000 € pour un pilote d'îlot robotisé.
        C. Compétences recherchées et formations

        Les recruteurs cherchent des profils hybrides: solides compétences techniques (Python, IoT, Modélisation 3D) combinées à des "Soft skills" (gestion de projet agile, conduite du changement). La maîtrise de l'anglais technique est indispensable.

        Plusieurs Ecoles d'Ingénieurs (notamment Arts et Métiers, Centrale, INSA) proposent désormais des "Spécialisations Industrie 4.0". Les Masters en "Smart Manufacturing" et les certifications professionnelles (AWS IoT, Siemens Automation et autres) sont particulièrement valorisés.

        D. Géographie et perspectives

        L'Île-de-France concentre les postes R&D avec des salaires majorés de 25%. Mais l'Auvergne-Rhône-Alpes, les Hauts-de-France (automobile-aéronautique) et l'Occitanie (Airbus à Toulouse) offrent également de belles opportunités.

        La pénurie de talents tire les salaires vers le haut: +15 à 20% sur certains profils comme la Cybersécurité Industrielle ou la Data Science. Les évolutions de carrière sont rapides: +10-15% tous les trois ans avec montée en compétences, auxquels s'ajoutent des primes pouvant représenter 10 à 30% du salaire fixe.

        Le paradoxe de l'Industrie 4.0 française ? Les entreprises investissent massivement dans les technologies mais peinent à trouver les talents pour les exploiter. Une opportunité en or pour les profils en reconversion ou les jeunes diplômés prêts à se former aux métiers de demain.

        Conclusion : Une révolution en marche

        L’Industrie 4.0 s’impose comme la quatrième révolution industrielle, redéfinissant la production grâce à l’intégration simultanée des machines, des systèmes d’information et de l’Intelligence Artificielle. Au cœur de cette mutation, l’Internet des Objets permet de relier équipements, produits et opérateurs pour générer et exploiter des volumes massifs de données, tandis que les Jumeaux Numériques assurent un pilotage en temps réel des outils de production et des flux industriels.​

        L’Intelligence Artificielle, désormais embarquée dans les processus, anticipe les pannes, optimise la production et oriente les décisions stratégiques. La Robotique Collaborative, quant à elle, évolue vers de nouveaux modèles de coopération homme-machine où l’opérateur, secondé par des Cobots et des exosquelettes, voit son rôle transformé au lieu d’être remplacé. 

        Dans ce contexte, la "5G industrielle privée" agit comme un véritable catalyseur: sa capacité à connecter instantanément des millions de capteurs et d’équipements offre à des industriels comme BMW, Bosch ou Schneider Electric la possibilité de développer des usines souples et "hyperréactives", où la maintenance, le contrôle qualité et l’ajustement de la production sont orchestrés en temps réel.​

        Pour autant, déployer l’Industrie 4.0 à grande échelle implique des investissements conséquents, généralement amortis sur cinq à sept ans. La Cybersécurité constitue un enjeu central alors que l’interconnexion des machines augmente la surface d’exposition aux attaques. Sur le plan humain, attirer et former des profils capables de faire dialoguer monde industriel et monde numérique représente un défi de taille: la capacité des entreprises à accompagner ce changement conditionne la réussite de leur transition.​

        Afin de dépasser la critique d’une automatisation jugée déshumanisante, l’Europe promeut désormais une "Industrie 5.0" où la technologie se met au service du bien-être, de l’environnement et de la valorisation des compétences humaines. Les nouveaux modèles d’organisation qui en résultent cherchent à conjuguer performance et durabilité, repensant la valeur ajoutée à l’aune de l’impact sociétal.​

        Dans ce nouvel écosystème, le secteur industriel mondial devrait atteindre 500 milliards de dollars d’ici 2030, tandis qu’en France, la montée en puissance des Usines Intelligentes promet la création de 200 000 emplois qualifiés. L’Industrie 4.0 s’impose désormais comme un passage obligé pour qui souhaite rester compétitif, associant excellence opérationnelle et agilité numérique. À l’heure où la transformation s’accélère, l’enjeu n’est plus tant de suivre la révolution que de la conduire vers une industrie productive, responsable et profondément humaine.​



        Sources

        Objets Connectés et Internet des Objets

        Cliquer ICI

        Concernant le "Cloud"

        Cliquer ICI

        Le Big Data, quatrième "As" de la Révolution Numérique

        Cliquer ICI

        Comprendre le "Machine Learning" (ML)

        Cliquer ICI

        Concernant la 5G

        Cliquer ICI

        Industrie 4.0 – RV et RA : leurs applications industrielles

        Cliquer ICI

        Comprendre les Jumeaux Numériques

        Cliquer ICI

        Visualisation 3D - Le Trio Gagnant (RV- RA-NMA)

        Cliquer ICI

        Les Jumeaux Numériques dans le secteur manufacturier 

        Cliquer ICI

        Le quatuor "'IA/IoT/5G/Blockchain" au service des Véhicules Autonomes

        Cliquer ICI


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        (1) Le terme "Insight" fait référence à une compréhension profonde ou à une prise de conscience intuitive d'un problème ou d'une situation. Une compréhension qui va au-delà des connaissances superficielles et qui permet de voir le problème ou la situation sous un nouvel angle. Les "insights" peuvent être utilisés pour résoudre des problèmes, prendre des décisions éclairées ou simplement mieux comprendre le monde qui nous entoure.
        (2)
        : La "Blockchain" est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée et décentralisée. Elle fonctionne comme un grand registre numérique partagé entre plusieurs participants, où chaque transaction est enregistrée dans un "bloc" relié aux blocs précédents, formant ainsi une chaîne infalsifiable. Son principal atout réside dans la confiance qu’elle instaure sans avoir besoin d’un tiers de confiance centralisé, grâce à la cryptographie et à des mécanismes de validation collective appelés consensus. Cette technologie est largement utilisée pour les cryptomonnaies, mais aussi pour des applications variées telles que la traçabilité des chaînes d’approvisionnement, la gestion sécurisée des contrats ("Smart contracts"), les votes électroniques, et l’identification numérique. Dans l’Industrie, la "Blockchain" permet de garantir l’authenticité des pièces, d’assurer la transparence des processus ou d’optimiser les échanges entre partenaires de manière sécurisée, ouvrant la voie à des modèles d’affaires plus collaboratifs et résilients. (3) : Il s'agit là de l'une des cyberattaques les plus destructrices de l'Histoire moderne. Initialement perçue comme une variante du "Ransomware" Petya, elle s'est révélée être un "Wiper" (effaceur de données) déguisé, conçu non pas pour extorquer de l'argent, mais pour causer des dommages maximaux. Ce "Malware" a infecté des centaines de milliers d'ordinateurs dans plus de 60 pays, avec l'Ukraine comme cible principale (environ 80 % des infections), avant de se propager mondialement via des réseaux interconnectés.
        (4) : Les exosquelettes industriels sont des dispositifs portés par les opérateurs pour les assister dans la réalisation de tâches physiques exigeantes. Conçus pour réduire la fatigue, limiter les troubles musculosquelettiques et améliorer la performance, ils trouvent des applications variées dans l’Industrie 4.0 manutention de charges lourdes, assemblage, peinture, soudage ou logistique. (5) : OT/IT se réfèrent respectivement à l'OT (Operational Technology/Technologie Opérationnelle) et à l'IT (Information Technology/Technologie de l'Information). L'OT concerne le monde de la production et du terrain (en clair, les usines et les machines): systèmes contrôlant les équipements physiques (automates, capteurs, robots, machines industrielles, etc.). L'IT concerne le monde des données et de la bureautique: systèmes informatiques "classiques" (ordinateurs, serveurs, réseaux, logiciels de gestion, emails, ERP, etc.). Dans l'Industrie 4.0, ces deux mondes convergent: les machines industrielles (OT) sont maintenant connectées aux systèmes informatiques (IT) via Internet et le Cloud. Les cyberattaques qui visaient avant uniquement l'IT (vol de données) peuvent maintenant toucher l'OT et paralyser physiquement la production ou pire, causer des accidents. L'Expert Cybersécurité OT/IT doit donc maîtriser les deux univers pour protéger l'ensemble du système industriel connecté.