Il y a 150 ans aujourd'hui-même, le 9 janvier 1873, disparaissait celui qui fut le dernier monarque français: l'Empereur Napoléon III. Personnage énigmatique au destin hors du commun, neveu de Napoléon Ier, il accéda au pouvoir en 1848 en tant que Président de la République puis devint ensuite Empereur par la volonté du peuple. Homme visionnaire du XIXème siècle, il fut le promoteur de la modernisation économique, sociale, financière et urbanistique de la France. Hélas pour lui, son règne prit fin de façon dramatique (1870).
Qui était Louis-Napoléon Bonaparte ?
Charles Louis Napoléon Bonaparte, dit Louis-Napoléon Bonaparte, naquit le 20 avril 1808 à Paris. Il eut pour père Louis Bonaparte, frère de Napoléon Ier et Roi de Hollande, et pour mère Hortense de Beauharnais, fille de Joséphine de Beauharnais (première épouse de Napoléon Ier).
Après la chute de Napoléon Ier en 1814, Louis XVIII fit promulguer une loi (1816) bannissant tous les Bonaparte de France. Hortense et ses enfants s'exilèrent donc en Suisse, au château d'Arenenberg. Louis-Napoléon y passa l'essentiel de sa jeunesse, entretenu par sa mère dans le culte de l’Empereur et dans l’espoir de voir un jour la dynastie Bonaparte reprendre le pouvoir. Au cours de ses études à Rome, il y découvrit la politique aux côtés des libéraux italiens autour des thèmes de Liberté et de Nation. En 1830, il s’engagea avec son frère aîné Napoléon-Louis en faveur de l’unité italienne contre le Pape et l'Autriche. A la mort de son frère en 1831 (rougeole), Louis-Napoléon revint en Suisse et s'engagea dans l'armée où il atteindra le grade de capitaine (1).
Après la mort du Duc de Reichstadt (fils de Napoléon Ier), le 22 juillet 1832, Louis-Napoléon fut reconnu par les Bonapartistes comme l'héritier de la couronne impériale. Il songea alors à renverser le régime de Louis Philippe. Avec l'aide de ses partisans, il tenta un premier coup d'État (30 octobre 1836) qui se solda par un échec. Emprisonné puis condamné à l’exil, il fut envoyé aux Etats-Unis.
Revenu en Angleterre, il tenta un nouveau coup d'État (6 août 840) en débarquant à Boulogne-sur-Mer. Un nouvel échec lui valut d'être condamné à la prison à vie dans la forteresse de Ham (près d'Amiens). Il en profita pour se consacrer à l’étude de la question ouvrière et faire avancer sa cause dans l’opinion par l’écriture de brochures et d’articles dans les revues locales. C'est ainsi qu'il publia "Extinction du paupérisme" (1844), un ouvrage influencé par les idées saint-simoniennes et développant un moyen populiste pour accéder au pouvoir ("Aujourd'hui, le règne des castes est fini, on ne peut gouverner qu'avec les masses").
Le 25 mai 1846, après six années de captivité, il s'évada de sa prison en empruntant les vêtements et les papiers d'un plâtrier. Il se réfugia en Angleterre où il passera environ deux années. Une période durant laquelle il découvrit à quel point l'Angleterre était en avance sur la France (beauté de la ville de Londres, industrie, etc.).
La révolution de février 1848, qui renversa le Roi Louis-Philippe Ier (Monarchie de Juillet) proclama la IIème République. Cet événement fit naitre en lui un nouvel espoir. Il revint en France et se porta candidat à l'élection présidentielle de décembre 1848. Surfant sur la peur "rouge" engendrée par les émeutes de juin (2), soutenu par une coalition très conservatrice de royalistes légitimistes et orléanistes, bénéficiant de la faveur des catholiques et s'appuyant sur les souvenirs du Premier Empire de son oncle Napoléon Ier, Louis-Napoléon Bonaparte fut élu Président de la République le 10 décembre 1848 avec une très forte majorité (74% des suffrages).
Il devînt ainsi le premier Président de la République élu au suffrage universel et le premier à s'installer, le soir même de l'élection, au Palais de l'Élysée.
Président de la République 1848-1851)
En accédant à la Présidence, Louis-Napoléon Bonaparte s'estima doublement légitime : d'une part parce qu'il se considérait comme l'héritier de l'Empereur Napoléon Ier, et d'autre part parce qu'il était le premier élu du peuple tout entier, adoubé par le suffrage universel. Il croyait au progrès et pensait que l'État avait le devoir d'intervenir pour faire face au paupérisme. Il était donc décidé à mettre en œuvre, le plus vite possible, différentes réformes inspirées de ce qu'il avait découvert en Angleterre, un pays qu'il admirait tout particulièrement.
Il réalisa que cela demanderait un certain temps, or son mandat était d'une durée de quatre ans non renouvelable. De plus, la Constitution de 1848 limitait largement ses pouvoirs, dans la mesure où il était soumis soit à l'Assemblée soit au Conseil d'État. Parmi les décisions marquantes qui furent néanmoins prises sous sa présidence, citons tout particulièrement:
- L'écrasement (juin 1849) d'une tentative de soulèvement républicain mal préparée par Ledru-Rollin (à la grande satisfaction de l'électorat modéré).
- Intervention de l'armée française (juin-juillet 1849) pour chasser les républicains italiens de Rome et rétablir le Pape Pie IX sur le trône pontifical (à la grande satisfaction des catholiques français).
- Emission (à partir de 1849) des premiers timbres-poste français.
- Refus de nommer Victor Hugo à un poste ministériel, au grand dam de ce dernier (une décision qui sera très lourde de conséquences par la suite).
Afin de pouvoir se représenter en 1852, Louis-Napoléon Bonaparte comprit qu'il ne pouvait faire autrement que d'entamer une action à l'encontre de l'Assemblée (celle-ci refusant de modifier la Constitution).
Il commença par discréditer l'Assemblée aux yeux de l'électorat populaire et en particulier celui des ouvriers (qui ne pardonnaient pas aux royalistes d'avoir écrasé dans le sang, en juin 1848, les revendications populaires pour avoir du travail). Ensuite, a partir de l'été 1850, il fit de nombreux déplacements dans les départements français. Il s'y présenta comme le défenseur du suffrage universel (supprimé par l'Assemblée dès 1851) et de la démocratie, remettant en mémoire la gloire de la France sous Napoléon Ier. Il montra aussi combien il était sensible aux difficultés sociales, tout en se présentant comme le protecteur de la religion et de la propriété. Ces visites lui valurent un véritable triomphe. Lors de celle du camp militaire de Satory, en novembre 1850, il fut même acclamé aux cris de "Vive l'Empereur".
Encouragé par tout cela, il prit la décision de "franchir le Rubicon". Pendant la nuit du 1er au 2 décembre 1851, jour anniversaire du sacre de Napoléon Ier (1804) et de la victoire d'Austerlitz (1805), il fit un coup d'État en envoyant l'armée prendre le Palais-Bourbon (siège de l'Assemblée). Il déclara aussitôt la dissolution de l'Assemblée, rédigea une nouvelle Constitution et rétablit le suffrage universel.
Un plébiscite, organisé les 21 et 22 décembre 1851, vit le coup d'État approuvé à une très large majorité. Néanmoins, une voix particulièrement importante s'éleva contre: celle de Victor Hugo (en partie par rancune de ne pas avoir obtenu le poste de Ministre auquel il aspirait). Celui-ci lança un appel virulent à la résistance armée, qui fit un véritable 'flop'. Devant cet échec, Victor Hugo opta pour un exil qui allait durer vingt ans (d’abord Bruxelles, puis Jersey et enfin Guernesey). Il partit avec une haine monumentale, que rien n'apaisera, envers (selon lui) cet "usurpateur qui s’était emparé du pouvoir par la force des armes" (3).
La nouvelle Constitution fut promulguée le 14 janvier 1852. Douze mois plus tard, très exactement le 2 décembre 1852 (48 ans jour pour jour après son oncle), le Prince-Président Louis-Napoléon Bonaparte était acclamé Empereur sous le nom de Napoléon III. C'était le début officiel du Second Empire.
Empereur des Français (1852-1870)
Etant encore célibataire et sans héritier légitime, Napoléon III décida de régler sans tarder la question de la succession dynastique, ce qui passait par un mariage impérial. C'est ainsi qu'il porta son dévolu sur la jeune Comtesse de Teba, Eugénie de Montijo, dont il avait fait la connaissance en 1849 lors d'une réception à l'Elysée. Issue de la Haute Noblesse d'Espagne, celle-ci avait rejoint la France dès 1834 (fuyant les remous des guerres carlistes) et partageait sa vie entre Paris (éducation au Couvent du Sacré-Cœur, rue de Varenne) et la station balnéaire de Biarritz (4). Le mariage civil de Napoléon III avec Eugénie de Montijo eut lieu aux Tuileries, le 29 janvier 1853, et le mariage religieux le lendemain (30 janvier) à Notre-Dame. Leur fils unique, Eugène Louis Napoléon, naîtra le 16 mars 1856.
Napoléon III put alors consacrer toutes ses forces à relancer la croissance économique, moderniser les infrastructures, améliorer la qualité de vie des ouvriers et à renforcer la position et le prestige de la France dans le monde. Conscient qu'un tel programme impliquerait un certain nombre de "marches forcées", il exerça dès le départ un pouvoir personnel sans partage. Cette première partie de règne, qualifiée d'Empire autoritaire, dura de 1852 à 1860. Elle laissera ensuite la place à une seconde, dite de l'Empire libéral, qui s'étendra de 1860 à 1870.
Voici quelques-uns des faits les plus saillants (en positif ou en négatif) qui marquèrent son règne, tant sur le plan national qu'en politique étrangère:
- Plan national
- Parmi les actions positives
- Développement du système bancaire
Consolidation de banques familiales (Rothschild et autres) et création de nouvelles grandes banques de dépôt ou d'affaires concurrentes: Crédit Lyonnais (1863) et Société Générale (1864), véritable moteur de la croissance (drainage de l'épargne des Français et investissement de leurs fonds dans l'industrie et le commerce).
Familiarisation des Français avec l'utilisation des chèques bancaires et des billets de banques.
En moins de vingt ans, le pays aura rattrapé une partie de son retard sur le Royaume-Uni en matière d'infrastructures et de système financier bancaire. - Développement industriel
Fort développement de machines textiles rapides et de machines à vapeur.
Forte croissance (plus de 10 % certaines années) dans le bâtiment (villes, stations touristiques, chemins de fer, canaux), le bois (charpentes, tonnellerie), la mécanique, l'acier et le textile.
Relance des mines de charbon. - Développement des voies de communication
Construction d'un réseau ferroviaire permettant de desservir désormais toutes les grandes villes françaises (3 500 km de voies ferrées en 1851 et 23 300 en 1870). Création de six grandes compagnies de chemin de fer.
Création de grandes compagnies maritimes de navigation (Messageries Maritimes, Compagnie Générale Transatlantique, etc.). Modernisation de la flotte marchande et extension/création de grands ports (Marseille, Le Havre, Bordeaux, Marseille et Saint-Nazaire). Le tout favorisant l'essor du commerce maritime.
Liaison des villes les plus importantes par le télégraphe. - Métamorphose de la capitale
Volonté de faire de Paris, non seulement l'égale de Londres mais encore "la plus belle capitale du monde". La ville est réaménagée sous la direction du baron Georges Haussmann (1809-1881), alors Préfet de la Seine.
Mise en place d'un système d'éclairage au gaz (300 km de nouvelles voies éclairées), d'un réseau d'adduction d'eau potable et d'égouts (600 km).
Ouverture de larges avenues à travers les vieux quartiers, pour embellir la ville et améliorer la circulation (5).
Construction des Halles au centre de la ville (approvisionnement des Parisiens) et de grands magasins (Le Bon Marché en 1852, Le Printemps en 1865, le BHV en 1856 et La Samaritaine en 1870) pour concurrencer les petits commerces.
Construction de nombreux édifices et monuments publics: Opéra Garnier, nouveau Palais de Justice, nouvel Hôtel-Dieu, Théâtre du Châtelet, Halles de Baltard.
Aménagement de plus de 20 000 hectares de bois et jardins (600 000 arbres plantés). - Politique sociale
Autorisation du droit de grève et de certains syndicats (1864).
Mise en place des premiers systèmes de retraites et création d'une Caisse d’Assurance Décès et une Caisse d’Assurance contre les Accidents du Travail (1868). - Image de la France dans le monde
Expositions Universelles de 1855 (5 millions de visiteurs dont la Reine Victoria) et 1867 (10 millions de visiteurs dont la plupart des têtes couronnées d'Europe, l'apothéose du Second Empire), mettant en avant l'intérêt de la France pour les progrès techniques et économiques.
Paris était devenue "The Place To Be" (boutiques de luxe, restaurants fameux, tourbillon enivrant de divertissements et de bals).
Biarritz, résidence d’été de la Cour Impériale, où toutes les têtes couronnées défilaient (Rois de Belgique et du Portugal, Grands d'Espagne, Princes Russes et Polonais ...).
Compiègne (son Château), résidence d’automne de Napoléon III et Eugénie, où étaient conviées chaque semaine les élites du monde politique, artistique et scientifique (lors des fameuses "Séries"). - Aménagement de l'Aquitaine
Construction de grandes infrastructures (arrivée du chemin de fer sur la Côte Basque, jonction avec la ligne de Madrid, routes, quais de Bayonne, ports de Biarritz et de Capbreton, digues de Socoa et de Saint-Jean-de-Luz).
Ensemencement des dunes d’Anglet, assèchement des marais d’Orx et plantation de forêts de pins.
Mise en valeur des Landes avec la création du domaine agricole modèle de Solférino (7 000 hectares destinés à développer la forêt, l'agriculture et le progrès social). - Parmi les actions négatives
- Echec de la réforme de l'armée
Mauvaise préparation des troupes, piètre qualité des officiers et vétusté du matériel (à l'origine de la cuisante défaite de 1870). - Echec de la réforme scolaire
Impossibilité de mener à bien (manque de crédits et opposition des catholiques) une ambitieuse réforme de l'Education entreprise dès 1863 (Instruction primaire gratuite et obligatoire - Cours pour les adultes et les jeunes filles). - Mauvaise adhésion du monde paysan et ouvrier
Mauvaise intégration des populations rurales à leurs conditions de vie (difficulté de se soustraire aux questions bassement matérielles du quotidien). Les conditions de vie et de travail de la paysannerie française auront peu varié.
Détachement du monde ouvrier, principalement à cause de la brutalité du régime à s'opposer à tout trouble de l'ordre. - Politique extérieure
- Parmi les actions positives
- Campagne d'Italie
En faveur de l'Italie, pour favoriser son unification au détriment de l'Autriche. Victoire de l'armée française (commandée par l'Empereur en personne) sur les Autrichiens, lors des batailles de Magenta et Solférino (4 et 24 juin 1859). Ceci permit à la France d'annexer le Comté de Nice et la Savoie (1860). - Guerre de Crimée (1854-856)
Avec l'aide des Anglais, la France intervint victorieusement contre la Russie en Crimée, afin d'interdire l'accès de la Méditerranée aux Russes. Paix signée à Paris, le 30 mars 1856 (Traité de Paris). - Canal de Suez (1859-1869)
Percement réalisé sous la direction de Ferdinand de Lesseps, grâce à une levée de fonds géante à la Bourse de Paris avec l'appui de Napoléon III. - Parmi les actions négatives
- Un fiasco énorme: l'expédition militaire au Mexique (1862-1867)
Opération militaire décidée, en profitant de la Guerre de Sécession aux Etats-Unis et sous l'influence de l'Impératrice Eugénie, avec pour objectif de faire du Mexique une colonie française. L'armée française installa, à Mexico, l'Archiduc Maximilien de Habsbourg (frère de l'Empereur d'Autriche) sous le titre de "Maximilien Ier, Empereur du Mexique". Hélas, cette aventure militaire tourna vite au désastre. Tristement abandonné à son sort par Napoléon III, Maximilien fut capturé et fusillé le 19 juin 1867. Bilan de cette expédition militaire: 6 654 morts (17% du corps expéditionnaire), le tout pour absolument rien (6). - Une erreur fatale: la déclaration de guerre à l'Allemagne (1870)
Suite à un imbroglio diplomatique absolument abracadabrantesque (Dépêche d'Ems), Napoléon III déclara la guerre à l'Allemagne en août 1870. L'armée française, très mal préparée, très mal commandée et en infériorité numérique (deux fois mois de soldats que l'ennemi), fut rapidement submergée. Cela se solda par une véritable débâcle à Sedan (2 septembre 1870) avec 83 000 prisonniers du côté français, dont l'Empereur en personne. La défaite et la capture de Napoléon III, vécues comme un nouveau "Waterloo", marquèrent la fin de son règne et celle du Second Empire.
Chute du Second Empire
Les Français étaient stupéfaits et abasourdis. Pour eux commençait une période à la fois tragique et humiliante, dont voici quelques dates:
- Le 2 septembre 1870 (jour même de la capitulation), fut proclamée la IIIème République (Léon Gambetta, Jules Favre et Jules Ferry).
- Le 4 septembre 1870, face à une foule qui envahit le Palais-Bourbon aux cris de "Déchéance ! Vive la République !", Léon Gambetta lut un texte au nom de l’Assemblée Nationale, déclarant que "Louis-Napoléon Bonaparte et sa dynastie ont à jamais cessé de régner en France". C'était la fin officielle du Second Empire. L’impératrice Eugénie prit la fuite pour se réfugier en Angleterre.
- Le 15 septembre 1870, deux jours avant le début du siège de Paris, Victor Hugo (de retour de Guernesey dès le 5 septembre) lança un fougueux appel à la résistance: "Que toutes les communes se lèvent ! Que toutes les campagnes prennent feu ! Que toutes les forêts s'emplissent de voix tonnantes ! Tocsin, tocsin ! Que de chaque maison, il sorte un soldat ! (...) Faisons la guerre de jour et de nuit. Levez-vous ! Levez-vous !"
- Le 17 septembre 1870, commença le siège de Paris par l'ennemi. Il allait durer 4 mois. Coupée du reste du pays, la capitale subit rapidement les méfaits d’un hiver exceptionnellement rigoureux (jusqu'à −12°C en décembre). Les habitants étaient privés de bois, de charbon et de gaz. Dès la tombée de la nuit, les rues étaient plongées dans l'obscurité la plus totale.
Très vite surgit le problème de la faim. Les parisiens n'eurent pas d'autre choix que de se rabattre sur les rats (qui fort heureusement pullulaient dans la capitale), les chevaux de la cavalerie, ainsi que tous les animaux du Zoo de Vincennes. - Le 18 janvier 1871, Guillaume Ier était proclamé Empereur des Allemands dans la Galerie des Glaces du Château de Versailles.
- Le 10 mai 1871, le Traité de Francfort mettait fin à la guerre. La France perdait l'Alsace/Lorraine et était condamnée à payer une indemnité de guerre de 5 milliards de francs-or (environ 25 milliards d'euros actuels).
Napoléon III fut libéré par Bismarck, le 18 mars 1871. Il décida alors de rejoindre l'Angleterre, pour y retrouver son épouse et son fils, installés à Camden Place, une gentilhommière à une vingtaine de kilomètres de Londres.
Confronté à des problèmes de santé (calcul de 6 cm), il subit plusieurs opérations chirurgicales avant de décéder le 9 janvier 1873, à l'âge de 64 ans, dans sa résidence de Camden Place. Il fut inhumé le 15 janvier 1873 à Chislehurst, en présence de 60 000 personnes (parmi lesquelles 6 000 Français).
Il repose aujourd'hui, aux côtés de sa veuve Eugénie de Montijo et de leur fils unique, le Prince Impérial Louis Napoléon, dans un mausolée de l'Abbaye Saint-Michel (St Michael's Abbey) située à Farnborough, dans le sud de l'Angleterre (7).
Napoléon III et l'Histoire
L'oncle et le neveu perdirent, tous deux, leur empire suite à une sévère défaite militaire suivie d'une capitulation. Néanmoins, l'Histoire ne traite pas les deux de la même façon. L'oncle (Napoléon Ier) est entré dans la Légende alors que le neveu (Napoléon III) s'en est vu interdire l'accès. Cela s'explique de la façon suivante:
- Il y eut tout d'abord le profond ressentiment de la population française, qui avait été condamnée à endurer le terrible siège de la capitale et à subir l'humiliation des très sévères dommages de guerre imposés par les Allemands. Les Français ne comprirent pas que l'Empereur ait pu les conduire à cela et leur rancœur occultera, pendant très longtemps, tout le reste.
- Il y eut ensuite les interminables tirs à boulets à rouges d'écrivains de poids (Victor Hugo encore et toujours, Henri Rochefort, Maurice Joly, etc.) et les articles d'une partie de la presse politique contemporaine (Le Siècle, L'Opinion Nationale, etc.). Tout cela participa à l'élaboration de ce que de nombreux historiens qualifient de "Légende Noire" autour de Napoléon III et du Second Empire.
- Il y eut enfin l'attitude de la IIIème République qui s'efforcera pendant longtemps d'effacer l'image de ce chef d'Etat, homme visionnaire du XIXème siècle, en ignorant tout ce qu'il avait donné au pays pour le faire entrer dans le monde moderne (avec l'Angleterre comme référence).
Fort heureusement, les choses commencèrent à évoluer après la Seconde Guerre Mondiale. Les travaux de plusieurs historiens (notamment Adrien Dansette, Louis Girard et Marie-France) militent pour une réhabilitation de Napoléon III.
Impossible en effet de continuer à ignorer que celui-ci fut le premier chef d'État à se passionner vraiment pour les questions économiques et sociales. De même, inutile de passer sous silence que c'est lui qui dota la France d'une législation moderne et engagea des travaux d'infrastructure/urbanisation nécessaires au développement du pays.
Beaucoup de ces travaux concernèrent la ville de Paris, dont il voulut faire le phare du monde. A cet égard, le plus beau joyau dont il dota la capitale est, selon moi, l'Opéra de Paris. En 1860, il chargea en effet l'architecte Charles Garnier d'y construire le plus bel Opéra du monde. Les travaux durèrent de 1861 à 1875, aboutissant à un chef-d'œuvre architectural du XIXème siècle (cliquer ICI pour en savoir plus).
Sources | |
Napoléon III (1808-1873), un Empereur à la fibre sociale | |
Napoléon III : Biographie courte du Président et Empereur français | |
Napoléon III et la France épanouie | |
Napoléon III (1851-1870) | |
La France sous Napoléon III (Essor Economique et Evolution Sociale) | |
Napoléon III (Wikipédia) |
La Villa d’Eugénie est devenue l'Hôtel du Palais (cliquer ICI), un établissement de classe mondiale doté du label officiel "Distinction Palace" (son restaurant principal, La Rotonde, est réputée être "la plus belle salle à manger au monde"). C'est dans ce cadre somptueux et chargé d'Histoire que, du 24 au 26 août 2019, se réunirent les Chefs d'État du "Sommet du G7":
(7) : L'Impératrice Eugénie décéda à Madrid le 11 juillet 1920, à l'âge de 96 ans. Le Prince Impérial Louis Napoléon, enrôlé volontaire dans l'armée britannique, fut tué en Afrique du Sud (guerre entre l'Angleterre et les Zoulous) en juin 1879, à l'âge de 23 ans.